Pistes de recherche

Les travaux économiques sur la ségrégation spatiale se sont pendant longtemps focalisés sur la seule question du spatial mismatch et l’accès à l’emploi. Dans ce travail, nous avons proposé un cadre d’analyse plus général à travers lequel nous avons effectué une analyse empirique de l’influence de la forme urbaine sur la ségrégation spatiale, en lien avec les dynamiques métropolitaines. Nous avons apporté des éléments de réponse permettant d’éclairer cette question nouvelle, mais ce travail soulève lui-même de nouvelles questions. Au-delà des possibilités d’améliorations sur le plan méthodologique déjà soulignées, il nous semble important de mettre en avant quelques éléments prospectifs en termes de recherche.

L’analyse bibliographique du chapitre 1 sur les conséquences de la ségrégation pose la question du coût de la ségrégation et de la nécessité de mesurer les effets de quartier et leur impact à l’échelle locale mais aussi à l’échelle des villes. Cette étape est indispensable pour comprendre les différentes dimensions et les enjeux de la ségrégation spatiale en France.

Le travail effectué dans le chapitre 3 nous a permis de souligner l’importance des échelles spatiales dans l’analyse de la ségrégation. Si l’échelle du quartier et l’échelle communale ont été relativement bien analysées, l’échelle de l’espace de vie mériterait être étudiée et précisée davantage. La comparaison des niveaux de ségrégation à l’échelle des bassins de vie sur Lyon, Lille et Marseille montre des aires urbaines plutot moins ségréguées. L’analyse de cette hypothèse sur plusieurs villes à l’échelle des espaces de vie, identifiés à partir des pratiques de mobilité domicile-travail et domicile-étude, permettrait d’apporter de nouvelles réponses.

Concernant la compréhension du lien entre polycentrisme et ségrégation, les modèles théoriques et de simulation peuvent être d’une grande utilité. Notre modèle présenté en Annexe 14 nous a permis de mettre en évidence l’importance de la prise en compte du revenu dans une politique de renforcement de la densité et de la mixité d’un pôle périphérique dont le but est de réduire la ségrégation spatiale de la ville. La décision de renforcer le centre historique ou un pôle périphérique dépend d’une manière complexe du revenu de ce dernier. Ce travail nécessite d’être affiné. D’autres types de simulations intégrant la dynamique des préférences individuelles de type Schelling dans un modèle de localisation de ménages d’une ville monocentrique et duocentrique permettraient de comparer le processus ségrégatif entre les deux villes.

Enfin, la compréhension et la prise en compte des préférences individuelles sont nécessaires pour analyser la ségrégation spatiale et l’étalement urbain. Les migrations résidentielles permettent d’analyser les stratégies de localisation des ménages et leurs comportements et de comprendre le processus ségrégatif dans les villes.