Chapitre I. Espaces et thématiques

‘«Le désert, ce n'est encore ni le temps, ni l'espace, mais un espace sans lieu et un temps sans engendrement. Là, on peut seulement errer, et le temps qui passe ne laisse rien derrière soi, est un temps sans passé, sans présent, temps d'une promesse qui n'est réelle que dans le vide du ciel et la stérilité d'une terre nue où l'homme n'est jamais là, mais toujours au-dehors. Le désert, c'est ce dehors, où l'on ne peut demeurer, puisque y être c'est être toujours déjà au-dehors» (M. Blanchot, Le livre à venir, Paris, Gallimard, 1987, p. 111)’

Notre analyse commence par une présentation comparée des deux auteurs dans la tentative de révéler la présence souterraine de l'esthétique de l'hybridation au niveau thématique, où se tisse le réseau de symboles et de figures les plus représentatifs dans les œuvres étudiées. Cette première partie vise aussi à rapprocher deux écrivains très différents entre eux et à nous familiariser avec leurs choix thématiques mais surtout elle introduit ce qu'est le sujet principal de notre travail, que nous allons développer dans les étapes successives de notre étude. Nous allons voir, entre autres, comment la thématique de l'errance renvoie directement à l'espace artificiel de l'entre-deux, un sujet que les travaux universitaires et les ouvrages critiques ont largement traité. Dans notre travail il apparaîtra surtout en tant que berceau privilégié de tout être hybride, au point d'influencer sa perception de la réalité. D'où la forte présence de symboles et de figures de l'entre-deux dans les œuvres analysées.