II. L'art de l'excès.

L'hyperbole, le climax et l'énumération sont trois stratagèmes possibles dont les deux auteurs se servent pour traduire la surabondance dans leurs poèmes aussi bien que dans leurs œuvres en prose. Cependant, si l'hyperbole et le climax introduisent l'exagération au niveau sémantique, l'énumération serait plutôt sa représentation formelle. L'hyperbole se définit en tant que figure à base référentielle car elle naît d'un écart entre langage et réalité. Le climax est, en revanche, une figure à base syntaxique car elle concerne la combinaison des mots dans un texte. Lui aussi traduit la profusion toujours au niveau sémantique mais par une suite d'éléments de même nature disposés selon un ordre progressif ascendant ou descendant. Enfin, l'énumération qui, sur la base de ce qu'on vient d'affirmer, pourrait être considérée comme un cas particulier de climax dépourvu de progression d’intensité. En effet, elle n'est qu'une simple liste plus ou moins longue de mots qui ne doivent pas forcément appartenir au même champ sémantique. Il faut dire tout d'abord que cette tendance à la surcharge est typique des écrivains maghrébins francophones, toujours préoccupés de garantir au lecteur la compréhension totale de leurs textes. Tout y est sous le signe de la surcharge et de la profusion car l'auteur maghrébin exagère et soulève le trouble par la différence qu'il affirme. Et son originalité, d'après Madelain, vient justement du fait qu'il a réussi à faire de la littérature l'instrument signifiant de sa condition existentielle191. Saïd a bien exprimé tout le dépaysement qu'entraîne une condition pareille par ces vers voilés de désespoir et de résignation:

‘dans les silences affûtés
à la solitude de nos paysages
cherchons l'exigence qu'il y a
à traduire les noms
qui n'ont plus de prophète
et les racines d'une terre
qui a enfoui les âmes
dans une ronde de ténèbres
(SF, p. 63)’

En tant qu'écrivains maghrébins, Saïd et Nadir participent de cette tendance à la profusion; c’est là un trait, d'ailleurs, qui fait partie de nombreux moyens visant à la production d'une œuvre vue comme espace de l'intertextualité et de l'interculturalité, ainsi que lieu privilégié de leur “enracinerrance”192.

Les trois figures de l'excès abondent donc chez les deux auteurs dans les recueils de poèmes aussi bien que dans les contes et les fables, avec des fonctions différentes que nous allons analyser.

D'abord, il est curieux de remarquer que l'hyperbole, surtout chez Saïd, se rattache très souvent à une partie du corps du sujet poétique comme s'il était le seul point de référence et comme si tout ce qui l'entoure dépendait forcément de lui. Ces vers expriment bien notre affirmation193:

‘un vol d'oiseaux muets
poursuit le jour
dans mes veines

une flamme errante
habite ma paupière creuse
(UA, p. 58) ’

L'hyperbole peut aussi constituer le squelette d'un poème comme il arrive dans les strophes suivantes, extraites, justement, d'un poème entièrement structuré autour de cette figure :

‘dans ma main droite
la vie du jour
une ode aux moineaux
avril dans les arbres
et un ange égaré

dans ma main gauche
quelqu'un marche
(NA, p. 49)’

On aboutit à une énumération d'hyperboles qui frise l'absurde, l'inconcevable. C’est peut-être la raison pour laquelle l'hyperbole apparaît très souvent dans les rêves ou bien dans les visions; il s’agit d’un univers où l'imagination, enfin libérée de toute contrainte, peut aller facilement au-delà des limites du possible pour enfanter des images paradoxales, telles les suivantes194:

‘le même cavalier blanc traverse nos rêves
emportant la nuit sur sa jument
et le vieillard au bord du grand fleuve
qui noie le temps sous le pied des chevaux
(DS, p. 54)’

On peut ajouter l’image que présentent ces vers renvoyant à une légende très répandue dans le bassin méditerranéen, à savoir celle des sept dormants d'Ephèse195:

‘les dormants assoupis
dans la caverne du monde

fracassent
lunes et soleils
entre leurs mains sanglantes
(UA, p. 48)’

Nous avons affirmé plus haut que la caractéristique principale sur laquelle repose l'hyperbole est l'absurdité des images qu'elle engendre. Nadir aussi, lorsqu'il veut faire tout passer dans ses textes, recourt à cette figure de l'excès en la situant dans une atmosphère irréelle, comme le montre bien ce passage:

‘Puis, il eut des visions...Deux Atlantes, seins nus, chevelure dénouée, se croisèrent sur fond de ciel cramoisi. A quelle divinité stellaire destinaient-elles les offrandes: pampres, fruits, poissons scintillants, qu'elles portaient sur des plateaux plus larges que la circonférence des planètes? L'image démesurée disparut. (LP, p. 127)’

L'hyperbole est utilisée aussi pour mieux exprimer un sentiment, une condition comme dans cette strophe où Nadir se sert de ce procédé stylistique pour suggérer la volonté et l'impatience du sujet poétique tout occupé à atteindre son but, en l'espèce celui d'entrer dans une ville sacrée:

‘Pour atteindre tes remparts, Bethléem
Patrie du pain et du miel
La terre qui me sépare de toi
Toute la terre inféconde, je l'avalerai
Et la mer, toute la mer de salpêtre et d'exil
Je la boirai
(LA, p. 90)’

Saïd aussi attribue cette autre fonction éclairante à l'hyperbole grâce à laquelle l'auteure réussit à avouer plus aisément ses pensées les plus intimes. Les vers suivants appartiennent à un poème d'amour et l'hyperbole y apparaît pour exprimer la présence devenue désormais indispensable de l'être aimé196:

‘il est en moi un pays
où ta présence demeure
(PM, p. 67)’

La relation amoureuse, chez Saïd, est bien suggérée aussi par une autre figure de l'excès, à savoir le climax197. Il y est plus rare par rapport aux deux autres procédés stylistiques abordés et il est presque toujours ascendant198. Dans les vers qui suivent, non seulement apparaissent deux gradations liées à la thématique amoureuse mais l'on trouve aussi les deux autres figures de la surcharge, à savoir l’hyperbole et l’énumération. Tout concourt à exprimer d'une manière la plus claire possible ce sentiment très fort que ressent le sujet poétique pour quelqu'un à qui il s'adresse avec insistance par le biais du verbe “être” à l'impératif et du pronom possessif:

‘sois ma réalité ma fiction
ma source et mon aboutissement
mon île mon pays mon continent mon poème
sois l'horizon au fond de mes yeux
sois mon cri le témoin de mon cri
ma parole mes mots mon langage
mon acceptation et mon refus
mon éternité et mon recommencement
mon espace ma mémoire ma chance mon cyclone
ma promesse de vie ma nudité ma délivrance
la demeure de ma vérité ma révélation
ma solitude et mon devenir
mon vertige mon testament mes pollens
(PM, p. 54)’

Le seul climax descendant qu'on a trouvé contribue à enrichir une énumération et apparaît coupé par le vers:

‘à toi seul ressemblant avec le corps
le visage les mains l'ombre les pèlerinages
les abandons les passions d'un homme entier
(Ibid., p. 69)’

Enfin, il nous reste à analyser la troisième et dernière figure de l'excès, c’est-à-dire l’énumération qui est la plus utilisée par les deux auteurs. Ils s'en servent pour combler de détails leurs descriptions et, dans ce cas, l'énumération obéirait à des exigences de clarté, comme le montrent bien les deux passages suivants199. Dans le premier, l'énumération suggère la rapidité du personnage qui est tout occupé à meubler un palais, tandis que, dans le deuxième, l'énumération exprime bien l'abondance et la richesse d'un repas:

‘En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tables basses et sièges marquetés de nacre et d'écaille, banquettes peintes et lits à baldaquin, alcôves et miroirs profonds, vases de prix, aspersoirs et brûle-parfums en argent repoussé, coffres à cloûtage de cuivre ou en noyer sculpté et paravents de bois artistement travaillés emplirent les nombreuses pièces. (LS, p. 109)’ ‘Après un repas aussi somptueux que raffiné, où défilèrent cailles au safran, brochettes d'étourneaux, épaules de mouton farcies, grondins frits au cumin, pagres à la chair tendre et gâteaux aux pistaches et au miel, on leur apporta du thé. (Ibid., p.157)’

Parfois, dans sa volonté de tout décrire, l'auteur aboutit à une juxtaposition de procédés stylistiques. Tout concourt à surprendre le lecteur en le séduisant par le pouvoir incantatoire des mots. Dans le passage suivant l'auteur finit par entremêler l'énumération à l'hyperbole en donnant vie à une confusion recherchée:

‘«Voici ma boîte. La Boîte aux Merveilles. Je l'ai promenée sur toutes les routes du monde. Avec elle, j'ai vu ce qu'aucun œil n'a pu voir: des déserts indigo, des montagnes empanachées, des jardins suspendus, des floraisons sous le givre, d'aveuglantes lueurs dans les abîmes, des temples sous les mers. J'ai vu des serpents à plumes, des taureaux ailés, des gazelles unicornes, des chats bottés, des hommes-singes et des singes-hommes. J'ai vu des forêts qui marchent et des sources pétrifiées. J'ai vu des navires échoués dans les arbres et des îles vivantes en dérive. J'ai vu le soleil à minuit et l'inversion de la boussole. J'ai vu des perroquets amnésiques et des clepsydres douées de la parole[...]» (LP, p. 138)’

Mais le recours à l'énumération témoignerait aussi de l'attachement du poète à un paysage, comme le montrent bien ces vers où la description nostalgique d'un lieu aimé par le sujet poétique s'appuie justement sur cette figure du discours:

‘1
vers vous je suis venue le cœur vide et plein
de ce qui en moi tant espère
des infinis visages de notre terre
son soleil vertical le matin sur la mer
ses hommes ses femmes ses lourdes pierres
ses îles noires ses sources ses jardins vivants déserts
ses pistes ocres qui n'en finissent pas
ses fleuves où se mirent les chevaux
leur palpitation d'artère leurs pirogues
courbes lyres sur le front des eaux
amis vers nous vous êtes venus
nous ne l'oublierons pas... 200
(DS, p. 63) ’

Chez Saïd l'on trouve le plus souvent des énumérations qui se composent de trois éléments201. Le chaos que normalement entraîne cette figure, chez elle, est plus forte, à cause de l'absence de la ponctuation. Il s'agit d'un choix stylistique presque inconscient en tant que trace indélébile de la langue arabe202. En effet l'arabe est présent, comme souterrainement, dans ses poèmes où il ne cesse de tisser avec le français un réseau de correspondances203.

Comme nous l’avons déjà vu avec l'hyperbole, même l'énumération finit par déterminer parfois la structure d'un poème. C'est le cas de ces vers extraits d'un poème qu'on pourrait définir, à juste titre, le poème de l'énumération, celle-ci étant le procédé stylistique sur lequel il est entièrement construit. En outre, l'énumération y ressort davantage grâce à l'ellipse verbale:

‘à la nuit devant nous
presque tout

la respiration de l'enfant
le chien gris l'arbre le poème

la marche vers la lumière

l'absolu de l'instant

l'éblouissement de la présence
l'espace ailé de la page
le lieu mental
le fou dans le jardin
la lampe et le veilleur
la maison où ils se tiennent
(MT, p. 90-91)’

Dans les œuvres analysées l'on trouve aussi par-ci par-là des énumérations verbales dont la strophe qui suit constitue un exemple très suggestif204:

‘un vide grandit
au cercle de la pupille
te fixe te dépouille
t'attire navette
tendue dans l'extrême silence
l'espace attractile
rêvant les gouffres
(MI, p. 54)’

Parmi les nombreuses fonctions que les deux écrivains attribuent à l'énumération se détache capacité de cette figure à traduire des concepts comme dans l'exemple suivant où le poète, pour donner l'idée de la routine d'une vie qu'on n’a pas choisi de mener, recourt non seulement à l'énumération mais aussi à une exclamation appartenant au langage parlé, qui pourtant exprime bien tout son dégoût:

‘judas
ignoble vendue
tu nous a trahis: tes refus, tes blasphêmes, mes extases
et mon martyr...
bientôt tu iras vers ta destinée de dimanches familiaux,
de patatipatata départementaux, de péroraisons, de préchi-précha,
de torchons, de divans, de cocktails, de vêtements
décents, et de devoirs conjugaux noblement acquités afin
que survive l'espèce.
pouah!
(SS, p. 60)’

Les vers suivants, toujours par le biais de l'énumération, exprimeraient plutôt les nombreuses raisons qui ont poussé le sujet poétique à prendre la plume:

‘j'écris pour traduire émerveillement stupeur
émotion détresse fascination sérénité
colère doute indignation tendresse
et parce que écrire est irrépressible
(GL, p. 15)’

Si Saïd n'utilise presque jamais la ponctuation grammaticale, celle-ci toutefois assume un rôle important dans ses poèmes grâce aux espaces blancs, comme on peut le remarquer dans l'exemple précédent, où cette caractéristique ne fait que mettre en évidence davantage l'énumération et chaque mot qui la compose. «Ces blancs sont aussi la respiration du poème, ils sont autant de pauses. Indiquant une ponctuation autre que grammaticale, ils agissent avec précision non seulement sur les sens, mais sur la mélodie, le rythme, l'intonation»205. Avec toutes ces précisions sur l'art poétique, l'auteure semble proposer au lecteur un véritable guide de lecture pour qu'il puisse déchiffrer ses textes. En effet, elle abandonne souvent son lecteur et puis, au moment où il s'y attend le moins, elle lui tend sa main pour l'aider à débrouiller l'écheveau de symboles qui composent ses poèmes.

Après cette analyse minutieuse des figures du discours les plus fréquentes chez les deux auteurs, dans les prochains paragraphes nous allons focaliser notre attention surtout sur leurs écrits en prose. Nous allons analyser donc toutes leurs caractéristiques sans oublier les raisons du choix du conte, de la fable ou bien du récit; ensuite, nous allons nous occuper du rapport typiquement arabe entre écriture et oralité aussi bien que de la présence essentielle du merveilleux avec ses différentes fonctions.

Notes
191.

Madelain J, op. cit., “Préface”, p. XIII (trad. it.).

192.

Dans la troisième section de notre étude nous verrons comment les deux auteurs atteignent justement le même but bien que leurs chemins soient très différents.

193.

À ce propos voilà d'autres exemples éclairants: “au bout de nos bras / l'horizon chavire / comme des ailes de sable” (SF, p. 30); “nos doubles nous ont suivis pas à pas / ignorant l'horizon rivé à nos phalanges” (Ibid., p. 76); “dans nos mains un arc-en-ciel” (NA, p. 53); “sous chaque paupière / un astre en déroute” (UA, p. 95); “trois continents dérivent / dans mes veines” (GL, p. 71); “nos mains pour accueillir le ciel / coupe tendre comme taillée / dans la chair des roses” (DM, p. 58); “aux jardins enchaînés à mes paumes” (PM, p. 11); “c'est que deux mains unies / auront rallumé / authentique / un ciel sous les ongles” (MI, p. 115).

194.

En voilà d'autres hyperboles enrichissant soit un rêve soit une vision: “belle vision d'un homme assis / mangeant des nuages” (PM, p. 78); “un enfant se balançait / entre lunes et soleils” (GL, p. 111); “La profusion des contes [...] peupla leurs nuits d'images étranges et obsédantes: [...], un oiseau majestueux qui emportait la nuit sous le manteau de ses ailes...” (AM, p. 23).

195.

Nous allons traiter les mythes et les légendes les plus fréquents chez les deux auteurs dans un paragraphe spécifique.

196.

Voilà d'autres hyperboles, éclairant un sentiment ou bien une idée, extraites des œuvres des deux auteurs. Dans la suivante Saïd recourt à l'hyperbole pour mieux souligner la peur qu'inspire le roi de la forêt aux autres animaux. En effet, lorsqu'il les convoque, ils n'hésitent à accourir: “Les uns arrivent par la voie des airs, les autres par les mers et les rivières, les derniers par tous les chemins de la Terre.” (DC, p. 49). Nadir aussi se sert souvent de l'hyperbole dans ses récits. Dans le passage suivant cette figure traduit bien la nécessité de protéger le souverain par tous les moyens possibles: “L'ordre public devait, coûte que coûte, être maintenu et l'autorité du khalife devait être préservée, fût-ce contre Satan lui-même.” (LP, p. 131).

197.

Voilà une autre gradation rattachée au thème amoureux: “abandonnée au mensonge des étoiles / je vais par les rues froides / comptant les heures les jours les mois / qui me séparent de toi” (DS, p. 38).

198.

Étant donnée l'absence presque totale de cette figure du discours chez Nadir, voilà donc deux autres exemples de climax extraits des œuvres saïdiennes: “sur une parois noms dates initiales / des êtres enfermés ici / comptent les jours les mois / les années” (MT, p. 33); “Bou Akrak est ramené triomphalement. Son exploit fait le tour de la ville, puis celui du pays, bientôt, il franchit les frontières.” (LS, p. 104).

199.

En voilà deux autres exemples tirés du même recueil de contes: “Il descendit de cheval, cassa une branche de taille imposante, et les coups se mirent à pleuvoir. Le dos, les bras, les côtes, les jambes, les épaules, les reins, le crâne..., rien ne fut épargné.” (LS, p. 41); “Il parvint finalement au pays de ses rêves. De très loin, l'éclat des rubis, des topazes, des saphirs, des lapis-lazulis, des opales, des émeraudes et autres diamants l'éblouit.” (Ibid., p. 87).

200.

C'est l'auteur qui souligne.

201.

En voilà quelques exemple: “je nomme à chaud les lèvres / les paupières les blessures / pudiques gravées là et là incuses” (PN, p. 14); “les ganses bleues de mer profonde / pour ouvrir aux hasards du vent l'île / à une journée de voyage entre les sueurs / les cris la déchirure” (Ibid., p. 40); “les couleurs banales / des nuages des vies / des cris” (MI, p. 127); “l'eau avivait les puits / les femmes leurs miroirs” (SF, p. 34); “alors naissent les choses / les mots le monde” (DS, p. 97).

202.

En effet dans la langue arabe il n'y a ni ponctuation grammaticale ni majuscules.

203.

Saïd A., Poésie entre deux rives, intervention à l'Université de St. Andrews, Ecosse, sept. 2000.

204.

En voilà quelques autres exemples: “combien de fois aimer partir tomber se relever / mourir renaître oublier l'avant l'après” (PM, p. 80); “nous avons marché parlé rêvé” (DS, p. 44); “je dois marcher longtemps encore / naître vivre mourir revivre / chaque instant de ma naissance” (Ibid., p. 45).

205.

Saïd A., Poésie entre deux rives, intervention à l'Université de St. Andrews, Ecosse, sept. 2000.