III. Des contes et des fables...

L'un des points en commun entre les deux auteurs est le choix des deux genres littéraires principaux de la culture arabe, à savoir la poésie et le conte qui se rattachent à sa tradition orale206. Ce véritable culte de l'oralité, dans cette civilisation, révèle son penchant presque naturel pour une littérature vivante, toujours en métamorphose dont Nadir et Saïd sont, à juste titre, deux représentants originaux. En effet, déjà le choix de ces deux genres témoigne de cette volonté de créer une œuvre inachevée. Rien dans leurs textes n'aboutit à une conclusion, et si parfois on en trouve, il s'agit toujours d'une conclusion apparente. L'image qui pourrait mieux les représenter est celle d'un cercle éternel où l'on ne parvient plus à distinguer le commencement de sa fin. D'ailleurs cette figure apparaît à plusieurs reprises dans les œuvres des deux auteurs. En effet, elle est suggérée parfois par la structure même d'un poème qui est justement circulaire lorsque l'auteur choisit de conclure sa poésie en répétant un mot qui était présent au début. Cependant, l'image du cercle peut s'exprimer aussi bien au niveau sémantique par la reprise, toujours en conclusion, d'un concept précédemment développé. Il faut ajouter, en outre, que le mot “vers” renferme dans sa définition l'idée d'un cercle car, “tout vers est «versus», c'est-à-dire retour. Par opposition à la prose («prorsus»), qui avance linéairement, le vers revient toujours sur lui-même”207. Pas de progression donc, mais, plutôt, retour éternel. Ainsi, les poésies se renferment sur elles-mêmes en devenant des coffrets d'images et des sensations. Dans la tradition islamique le cercle est symbole de perfection et d'absolu par excellence. Et, justement, là résiderait le but des deux écrivains qui ne cessent de remanier leurs écrits à la recherche presque obsédante du mot exact. Ce travail constant de perfectionnement est beaucoup plus évident chez Nadir dont plusieurs poèmes reviennent souvent dans ses différentes œuvres. Comme l'a bien souligné Jegham,

‘«il ne s'agit pas là d'une simple citation, mais d'une réécriture qui s'inscrit poétique dans la prose et procure à celle-ci une perspective autrement éclairée.
En effet à comparer les deux textes, l'on se trouve face au même texte de nouveau élaboré selon un autre souffle. C'est d'un approfondissement qu'il s'agit, inscrivant l'ancien dans l'élan naissant du texte nouveau»208. ’

Si l'inspiration nadirienne apparaît calculée, maîtrisée par la raison, chez Saïd l'on assiste, en revanche, à un phénomène plus spontané comme s'il s'agissait d'une force intérieure qui éclate tout à coup et que le poète ne réussit pas à contrôler. À ce propos, l'auteur lui-même affirme:

‘«la poésie s'écrit dans le jaillissement, dans l'instant – quand le poème le veut bien. [...] Qu'importent le calendrier des hommes, les dates, quand poème après poème les moments forts s'inscrivent malgré tout, malgré le temps, sur la page? Quand la vie intérieure se dévoile parfois à son insu, par éclairs, entre le noir des mots et le blanc des silences?[...] le poème, lui, est riche de toutes les surprises, de toutes les découvertes, sa naissance même étant parfois inattendue»209. ’

Saïd aussi bien que Nadir ont publié, dans l'ordre, la première, deux livres de contes, tandis que le deuxième est plutôt l'auteur de deux recueils de récits poétiques puisqu'on y trouve un genre hybride à mi-chemin entre prose et poésie.

‘«Si le genre lyrique est par définition plus figuré que les autres, et s'il cherche sa signifiance dans la métaphorisation et le symbolisme au sens général, au contraire, la prose lisible vise la transitivité. Elle fait plutôt appel à la figuration dont le vocabulaire concret et la comparaison sont les procédés dominants»210. ’

Chez les deux écrivains le recours fréquent au style figuré montrerait aussi une tentative de recherche de l'oralité dans l'écriture car les histoires racontées sont presque toujours tirées du fonds légendaire et populaire maghrébin. Tous les deux, encore, avouent un certain culte pour leur patrimoine culturel aussi bien que pour leur tradition littéraire, mais ils ne dédaignent pas la reprise de certains modèles occidentaux. En particulier, en lisant le recueil de fables tunisiennes Demi-coq et compagnie de Saïd, le renvoi aux contes d'Esope et de Phèdre ou, plus récemment, de La Fontaine, est immédiat. Cependant, dans les fables de ces auteurs la société des hommes était entièrement remplacée par celle des animaux; cela permettait à La Fontaine, par exemple, de se moquer indirectement des institutions de son époque et de l'autorité des puissants. Même dans les fables saïdiennes les animaux sont organisés en une société semblable à celle des hommes avec laquelle ils interagissent. Chez Saïd on aboutit à un enchevêtrement de rôles où les animaux sont traités comme des hommes ou vice-versa. Ainsi, les bêtes parlent, portent des vêtements, forment des familles et constituent autour du roi, le lion, une société hiérarchisée. Il faut remarquer la présence de prénoms arabes, qui souligne une volonté de se détacher du modèle occidental pour donner une connotation maghrébine aux contes. En outre, comme l'a bien souligné Michel-Mansour, le fait de «Choisir un nom arabe pour désigner un personnage [...] est une occasion propice de la signification. Le signe anthroponymique occupe une place privilégiée puisqu'il sert à “désigner”, même à “signifier” le personnage»211. Les animaux des fables saïdiennes ont tous donc des prénoms arabes, tels Thâleb le Renard, Dhib le Chacal, Gorgor le Crapaud, Ganfoud le Hérisson, etc., qui apparaissent d'un conte à l'autre en donnant vie à un jeu d'échos et de renvois aux fables précédentes212; cela suggère aussi une idée de continuité comme dans une saga.

L'attachement de l'auteur à ses racines est témoigné aussi par sa vénération pour sa grand-mère, figure-clé de son enfance. En effet, dans un interview, l'auteur avoue avoir écrit ces deux recueils poussée par la nostalgie du pays natal. Car ce sont des fables de Tunisie qu'elle entendait dans son enfance, racontées par sa grand-mère à laquelle elle a voulu ainsi rendre hommage213. D'après Bachelard, le conte serait «une image qui raisonne»214 en mettant l'accent sur son aspect spectaculaire. En effet, chez Saïd, chaque fable est comparable à une petite pièce de théâtre avec une mise en scène soigneusement construite: il y a d'abord une courte présentation du personnage principal suivie d'une exposition de la situation. Le protagoniste s'engage donc dans une action se terminant par un dénouement avec une morale pas toujours explicite. La conclusion est soit heureuse soit ironique mais aussi parfois dramatique où l'on parvient à la mort même des personnages; souvent l'on y trouve l'explication de l'origine d'une expression, ce qui permet au lecteur d'apprendre des aspects de la culture tunisienne215. Les contes sont racontés par une voix narrant qui, bien qu'anonyme tout au long du texte, se révèle quand même en laissant transparaître par-ci par-là un jugement sur certains personnages ou bien un commentaire sur les histoires racontées216. Les descriptions du paysage aussi bien que des personnages sont réduites à l'essentiel pour laisser plus d'espace aux dialogues ayant la fonction de développer l'action. Enfin, dans ce recueil on trouve tous les ingrédients de la fable, tels l'humour, les comparaisons, les hyperboles, l'humanisation de la nature et des objets, l'alternance des temps verbaux au présent et à l'imparfait; et naturellement, une morale qui, depuis Esope, est une lois indispensable du genre, ainsi que la répétition d'une formule introductive217. Chaque détail contribue à plonger le lecteur dans un univers magique où il peut reconnaître dans les animaux un peu de lui-même tout en se laissant séduire par une autre culture.

Dans Le secret 218 l'auteur focalise son attention sur l'art et le plaisir de conter en choisissant et en adaptant des histoires que lui racontait sa grand-mère pendant son enfance. Cette œuvre, plus que les autres, révèle un attachement très fort de l'auteur à ses racines ainsi que la volonté de remonter jusqu'aux sources de son patrimoine culturel. À ce propos Saïd affirme qu'écrire des contes

‘«C'est aussi, à mes yeux, le moyen d'attirer l'attention sur la richesse de notre patrimoine dans ce domaine, car les contes font partie intégrante de la culture de notre pays, de celle du monde arabe et, partant, du patrimoine mondial. Le merveilleux, dans les contes, stimule l'imaginaire. La structure initiatique qu'ils proposent offre un moyen d'appréhender le monde. Ils reflètent différentes facettes de la réalité et témoignent d'une société.»219.’

Elle puise, en particulier, de la tradition orale pour transcrire et souvent traduire en français des histoires très différentes les unes des autres. Cela vient de la variété des sources consultées. Bien que chaque histoire ait une structure spécifique il y a des thèmes qui reviennent dont, entre autres, la faim, la richesse et la pauvreté, le rapport entre homme et femme, la ruse permettant au héros de s'en sortir toujours. La frontière entre réalité et magie y est labile. La présence des génies, des ogres, des monstres et des animaux parlants dans ces histoires renvoie directement aux caractéristiques du conte merveilleux. En outre il ne manque pas l'ironie entre les lignes, les énumérations, les métaphores, les comparaisons, l'humanisation de la nature et la participation du narrateur aux histoires racontées par le biais d'un adjectif jugeant le personnage220. Les références à la culture et à l'histoire arabo-musulmane y abondent car, comme l'affirme l'auteur dans la préface de ce recueil,

‘«Les contes sont, fondamentalement, l'expression d'une culture. En explorant le réel et l'imaginaire, en restituant des pans entiers de la société dont ils émanent, ils prennent valeur de témoignage, révélant un système de pensée, des normes, mais aussi une éthique et une vision du monde» (p. 11).’

Certains contes peuvent rentrer dans le schéma de Propp, car ils présentent un héros ou une héroïne, victime d'un malheur ou d'un méfait, qui doit traverser plusieurs épreuves et péripéties. Ces imprévus mettent souvent en cause le statut ou la vie du protagoniste pour arriver à une nouvelle situation de stabilité et d'équilibre. En effet, dans ce recueil, nombreux sont les contes qui on un dénouement heureux soit grâce à un mariage soit grâce à l'établissement d'une nouvelle vie.

D'autres contes sont structurés, par contre, autour du procédé typiquement oriental de l'enchâssement, où plusieurs histoires sont, à leur tour, contenues dans un conte “récipient”. Le modèle par excellence de ce procédé est représenté par Les Mille et Une Nuits. D'ailleurs, les deux auteurs étudiés rendent souvent hommage à ce chef-d'œuvre littéraire par des références précises à ses personnages ou à ses contes. Le passage suivant montre bien ce qu'on vient d'affirmer; en plus il s'adresse forcément à un lecteur sans aucun doute bien renseigné sur la tradition littéraire maghrébine et arabe221:

‘Il se rendit ensuite dans le quartier de Halfaouine à la recherche des conteurs les plus réputés. Il trouva le premier narrant le conte de Tawaddud,, d'après Les Milles et Une Nuits, à un cercle d'hommes captivés. L'auditoire dispersé, Faouzi interrogea le fdawi sur l'histoire de l'homme aux amandes. L'autre hocha négativement la tête. Il l'adressa néanmoins à un confrère qui avait en mémoire quelques milliers de vers de l'épopée de Antar, ce chevalier, fils d'une esclave noire de l'ancienne Arabie. Questionné, celui-ci lui indiqua à son tour un compère qui opérait au Marché aux Chevaux.
Faouzi arriva au moment où, dans la bouche du fdawi, Bou Zid, afin de venger son fils, s'emparait de Allam et l'étendait raide mort. Le jeune homme se mêla au public, subjugué par cet épisode de la geste des Béni Hilal. Il n'eut cependant pas plus de chance qu'avec les précédents. (LS, p. 23)’

Les renvois à Les Mille et Une Nuits chez les deux auteurs apparaissent souvent dans les comparaisons. Ce choix curieux témoigne de leur volonté de rivaliser avec la tradition tout en reconnaissant sa supériorité indiscutable. Cette confrontation entre l'art de conter ancien et moderne est mise en relief par ce passage où le narrateur s'adresse à l'héroïne par excellence de ce recueil magistral de contes:

‘Ô Shéhérazade, pardonne notre iconoclaste liberté. Tu avais doté le roi de trois fils et d'une fille qui réussissait à ramener l'Oiseau-Conteur, détenteur du secret. Ton temps était celui de l'enchantement et des fifres de splendeur. Le nôtre est celui des couteaux et du cri rauque. Mais tandis que nous réinventons ce conte, au fond de notre prunelle, danse ton reflet mémorable. Et la vague lèche tes pieds de tendresse... (AM, pp. 29-30)’

La comparaison avec ce chef-d'œuvre transparaît aussi dans le passage suivant, bien qu'elle soit moins explicite que dans l'exemple précédent:

‘Ils parcoururent des étendues désolées, escaladèrent des cimes enneigées, sillonnèrent des déserts ensilencés, traversèrent des mers inconnues des cartographes de l'époque, mirent entre la ville et eux plus de détours que n'en comptent les récits des Mille et Une Nuits! (Ibid., p. 140)’

Parmi les nombreux personnages qui peuplent Les Mille et Une Nuits il y en a un qui retient surtout l'attention des deux auteurs: Sindabad222. Ils l'associent à la thématique de l'errance et, en particulier, Nadir lui consacre un poème entier d'où est tiré le passage suivant en prose:

‘Visage buriné de vieil homme face à la mer. Dans les yeux fertiles du navigateur, voici que se déroule, avec application, l'écho des périples. Précédé de sa légende, précédant son mythe, Sindabad était parti, par un matin incertain, du cœur sablonneux du Hedjaz. Il passa par Taïef et Wadil-Qura. Et ce furent ensuite Damas omeyyade, Jérusalem, Alep, Antioche et ses palais sous la lune, la limoneuse Mésopotamie, Babylone et son énigmatique cosmogonie, Koufa repliée, Baghdad tentaculaire et Bassora, grand emporium ouvert sur les mers d'Asie. Et encore, le rivage des Syrtes et les fleurs de l'oubli dans l'île des Lotophages. Les routes maritimes s'offrent, cabossées d'incertitude et de tourbillons ivres, hérissées de banquises ostentatoires. (SS, p. 29)’

Ce qui frappe d'abord dans les recueils de contes nadiriens est l'extrême variété stylistique et thématique. Senghor dans sa préface à L'astrolabe de la mer met l'accent sur sa spécificité par les mots suivants:

‘«Voici donc un recueil de textes originaux sous l'apparence orientale, et l'on ne sait pas toujours quand s'arrête le conte et quand commence le poème, où l'ancien et le moderne, juxtaposés, loin de se confronter, vivent en symbiose, s'éclairant, se confortant l'un l'autre» (p. 7). ’

Cependant on pourrait étendre cette affirmation même au deuxième recueil qui se présente comme la suite du premier, les deux étant rattachés par le leitmotiv marin. Les contes nadiriens jaillissent de la tradition orale et écrite arabe, des événements historiques ou tout simplement de la reprise de légendes anciennes. Chaque récit est bien structuré même dans ses détails, comme si l'auteur était obsédé par un désir d'exhaustivité. La mer avec ses secrets est la protagoniste indiscutable de ces deux œuvres où, plus que dans les autres textes nadiriens, elle est le symbole de l'errance (d'une culture à l'autre) et de l'universalisme. En choisissant la mer comme fil conducteur des histoires, Nadir lance un message d'unité dans la pluralité culturelle enrichissante, car ce paysage errant, par sa nature même, n'aurait pas de patrie ou plutôt il en aurait une infinité. Nous avons déjà remarqué la présence de la poésie dans ces récits car, tel que le souligne toujours Senghor, «Le plan, c'est-à-dire la progression du récit, n'est pas dramatique, mais rythmique, avec des ruptures et des répétitions, comme dans un poème, une chanson» (AM, p. 8). Ainsi le récit devient tout à coup un poème ou vice-versa en aboutissant à une hybridation des genres. Les contes, enveloppés dans le “linceul liquide”, se déroulent l'un après l'autre, introduits généralement par une épigraphe tirée des sources littéraires les plus disparates223. Dans Les Portiques de la mer cette caractéristique est plus évidente car chaque récit porte en exergue deux citations souvent opposées pour ce qui concerne l'auteur. En effet, Nadir aime rapprocher souvent deux figures représentatives de la culture occidentale et orientale, ou bien, des auteurs anciens avec des auteurs modernes. Cependant cette association ne vient pas de sa volonté de faire ressortir leur diversité mais pour montrer plutôt leur ressemblance par delà l'époque et le pays d'origine. Ainsi une citation de Sénèque est placée à côté d'une d'Al-Idrissi, des mots de Djalal Al-Dine Rumi précèdent ceux de Goethe, ou encore, une affirmation de Barthes suit celle de Pythagore, dans un jeu constant de renvois aux titres des contes aussi bien qu'à leur contenu. Comme Saïd, Nadir puise dans son patrimoine arabe pour “tamiser” la matière de ses contes mais, pour ce faire, il se sert de la lentille de la modernité. Ainsi les récits nadiriens sont souvent des allégories d'un mal présent car l'auteur utilise ce genre littéraire bref pour exprimer tout son dégoût et son amertume vis-à-vis de son temps. Alors il se réfugie dans son imagination bouillonnante même pour surprendre et séduire son lecteur. Les personnages sont toujours à la recherche de quelque chose de mystérieux qui les poursuit mais que finalement ils arrivent à atteindre, parfois en sacrifiant leur vie. Il n'y a pas de dénouements heureux dans les récits nadiriens; à la fin d'une histoire le lecteur éprouve un sentiment amer d'impuissance face à une volonté supérieure qui engloutit les héros. Le final tragique ne trouve sa réponse que dans le silence de la mer, gardienne privilégiée du Mystère dont les recueils nadiriens sont la mise en scène. En effet, chaque récit représente l'une des nombreuses facettes du mystère ainsi qu'une tentative vaine de sa résolution. Tout plonge dans le brouillard du silence et cette atmosphère vague, bien exprimée par le recours obsédant aux points de suspension, ne fait que dépayser le lecteur naïf. Parfois le désarroi de ce dernier est provoqué par le seul choix du titre qui ainsi n'est pas «le seuil du texte»224 mais plutôt sa tentation et donc son ouverture.

On vient d'analyser deux façons différentes de traiter le patrimoine littéraire arabe. Si Saïd choisit de rester plus fidèle à ses traditions, cela peut indiquer qu'elle est peut-être poussée par une quête identitaire très forte; en revanche Nadir, tout en respectant son passé culturel, réussit habilement à le rendre actuel en le récupérant pour dire le présent.

Notes
206.

Il faut dire que de l'ère de la Jahiliyya ou l'ère pré-islamique jusqu'à la fin du XVIIIème siècle les Arabes ont développé al-Chi'r (poésie en arabe). Donc il s'agit, à juste titre, du genre le plus caractéristique de la civilisation arabe.

207.

Cohen J., Structure du langage poétique, Paris, Flammarion, 1966, p. 35.

208.

Jegham N., «Chams Nadir. Le conteur célébrant», dans Lectures tunisiennes, cit., p. 42.

209.

Saïd A., «Pourquoi je ne tiens pas de journal intime», Littera, n° 3, Gap, nov. 2002, p. 4.

210.

Abassi A., Littératures tunisiennes. Vers le renouvellement, Paris, L'Harmattan, 2006, p. 118.

211.

Michel-Mansour T., op. cit., p. 152.

212.

“― Et tu crois que je vais être assez idiot pour te faire confiance? S'inquiéta le berger. Autant confier le fromage au corbeau! Ou le beignet au chat!” (DC, p. 69).

213.

«La poésie est le lieu où je me sens moi-même», (entretien de Tanella Boni), cit..

214.

Bachelard G., La poétique de l'espace, Paris, PUF, 1970, p. 152.

215.

Voilà quelques exemples: “ C'est depuis ce temps-là que les corbeaux ne sont plus blancs mais de la couleur du charbon. «N'avoir pas tenu sa promesse a noirci la figure du corbeau», dit le proverbe” (DC, p. 17); “C'est depuis ce temps-là qu'on appelle la période la plus glaciale de janvier «le froid de la chèvre.»”. (Ibid., p. 33); “Les blessures comme celle-ci finissent toujours par cicatriser. Mais celle que provoque une mauvaise parole ne guérit jamais...” (Ibid., p. 73).

216.

En voilà quelques exemples: “Ils ordonnèrent au malheureux de les suivre jusqu'au palais” (DC, p. 9); “Il admira la mignonne d'un air connaisseur” (Ibid., p. 37); “la pauvre chevrette se met à claquer des dents” (Ibid., p. 32); “Les deux aimables oiseaux mirent plusieurs fois en garde leur amie” (Ibid., p. 47).

217.

Il s'agit des mots suivants qui reviennent au début de chaque fable: “Il était une fois...Quoi qu'il arrive, c'est Dieu qui l'a voulu! De la soie chez nous, du lin chez les voisins, chez l'ennemi, des rats et des souris!...

218.

Le titre du recueil est tiré de l'un des contes y inclus qui curieusement ne se trouve ni au début ni à la fin du livre. Peut -être il s'agit tout simplement de l'histoire préférée par l'auteur.

219.

«Les gisements de lumière de Amina», (entretien réalisé par Nizar Ben Saâd), cit..

220.

En voilà quelques exemples: “― Un mouton? s'étonna la canaille.” (LS, p. 15); “la pauvre femme se décida à agir” (Ibid., p. 22); “le malheureux voleur mû par une force supérieure jaillit de l'énorme jarre” (Ibid.,p. 57).

221.

En voilà quelques exemples extraits des œuvres en vers aussi bien que de celles en prose: “Parfumé, chaussé, drapé et enturbanné comme un prince des Mille et Une Nuits” (LS, p. 32); “le djinn apprécia beaucoup ce conte qui lui avait semblé aussi étrange que les précédents. Il fit don du dernier tiers de vie et le bûcheron fut épargné” (Ibid., p. 83). Le clin d'œil à Les Mille et Une Nuits se traduit aussi par la reprise du nombre mille un comme le montrent bien les exemples suivants: “ les pierres les plus précieuses scintillaient de mille et un feux” (Ibid., p. 83); “ainsi il y a mille ans et un jour / tu m'apparus dans un temple” (PM, p. 48); “passé les sept portes et les mille et une épreuves” (DS, p. 107).

222.

En voilà d'autres exemples ayant comme protagoniste ce personnage légendaire: “Il était content de quitter ces rivages désolés et d'entreprendre, tel un Sindbad nouveau, la traversée de l'océan Indien” (LP, p. 164); “dans la caverne / incertaine de son corps / il retrouva ses fils leurs épouses / et le marin sindbad / la main crispé sur sa boussole (MT, p. 80).

223.

Il faut dire que même Saïd utilise ce stratagème dans se recueils de poèmes pour affirmer le statut égalitaire de toute culture.

224.

Abassi A., op. cit., p. 114.