Chapitre IV : Des représentations et perceptions plus sexuées

Comme nous l’avons évoqué au chapitre II, les femmes du petit peuple, et les femmes toutes catégories sociales confondues mais dans la réalité de la vie quotidienne ne commençaient à apparaître dans la littérature qu’à l’époque moderne, avec les romans et les nouvelles qui en faisaient leurs personnages. Nous allons analyser ces représentations de femmes depuis leur apparition discrète dans les premiers romans et nouvelles jusqu’à l’époque florissante de ces genres littéraires avec des courants reflétant les divergences de région, de génération, d’école et bien évidemment de choix personnel des auteurs. Nous nous devons de privilégier les « grands auteurs », ceux qui ont marqué l’époque, soit par le volume de leur production – et aussi de leur public lecteur – comme Hô Biêu Chanh dans le Sud, soit par la radicalité et la cohérence de leur prise de position qui leur ont gagné l’adhésion fervente de plus d’une génération. Nous ne négligerons pas cependant les auteurs moins connus mais qui se sont montrés perspicaces ou innovants dans l’identification et la description de personnalités féminines différentes des stéréotypes ; car notre souci est bien moins littéraire qu’informatif. Nous serons amenée à faire de larges citations, car les ouvrages de référence ne sont pas encore traduits en français. Même pour le public vietnamien, une partie importante des romans et nouvelles cités est restée peu connue, car ce sont des ouvrages qui ne sont pas – ou sont très peu – enseignés dans le secondaire ou même dans l’enseignement supérieur ; soit à cause des préjugés politiques sur leurs auteurs – dans le cas par exemple du groupe Tu luc ; soit parce que les auteurs sont encore méconnus ou non estimés à leur juste valeur – comme dans le cas de Hô Biêu Chanh – à la fois pour leur contribution littéraire et leur témoignage sur les réalités socioculturelles en général et sur les femmes en particulier.