La remise en cause du mariage arrangé

Le mariage arrangé, aide ou entrave à l’amour ?

Hô Biêu Chanh a abordé de front le problème du mariage arrangé dans un roman assez curieux intitulé Le sentiment d’amour 419 paru en 1923. Un partisan de la modernité “à la française” et un défenseur des mœurs vietnamiennes discutaient sur les pratiques matrimoniales, l’un prétendant qu’il fallait s’aimer avant de se marier et l’autre préférant agir comme nos ancêtres l’avaient toujours fait : « L’amour ne peut venir que petit à petit après le mariage 420  ». Ce fut ce dernier qui eut gain de cause car sa femme, qu’il avait laissé sa mère choisir et qu’il avait épousée d’abord par piété filiale s’avéra non seulement une épouse consciente de ses devoirs mais aussi une femme aimante et fidèle. Ce que Hô Biêu Chanh critiquait, ce n’était pas le mariage libre, mais plutôt un rejet trop hâtif des pratiques traditionnelles et une adoptation non moins hâtive et inappropriée des mœurs occidentales. La critique, illustrée par un récit assez peu réaliste, semblait marquée par le tâtonnement et les hésitations des premiers ouvrages de l’auteur, il n’en exprimait pas moins une remise en question des pratiques ancestrales; et en même temps, une des premières expressions de sa conviction que le « sentiment d’amour » était essentiel, qu’il fût compatible ou non avec ces pratiques.

A peu près au même moment, en 1922, l’étudiant de l’Ecole supérieure de pédagogie Hoang Ngoc Phach a écrit Tô Tâm (Orchidée au cœur pur) 421 , qualifié par lui-même de roman psychologique. Selon le témoignage rétrospectif de l’auteur 422 , son intention était d’écrire « quelque chose qui bouleverserait nos pensées et mœurs traditionnelles » et c’était pour échapper à la censure qu’il s’exprimait sous cette forme littéraire 423 . Les deux personnages de ce roman d’amour, un écrivain et une jeune fille de bonne famille, tous les deux formés à l’école moderne, ne s’étaient pas moins soumis à la volonté parentale et ne se résignèrent pas moins au mariage arrangé au point où la jeune fille en paya de sa vie. Jusqu’à la fin de ses jours – Phach est décédé en 1973 à 77 ans – l’auteur a résisté à l’insistance des amis comme de ses proches et n’a jamais livré ses secrets : on n’a pas su identifier la jeune fille qui aurait servi de modèle à Tô Tâm, si ce n’étaient des conjectures sur une belle Hanoïenne 424 . Mais tout le monde est unanime à reconnaître Dam Thuy son amant dans Hoang Ngoc Phach. Et plus d’une génération mais surtout la sienne s’est reconnue dans ce début de prise de conscience par les jeunes formés à l’occidentale du conflit entre l’amour libre qu’ils venaient de découvrir et l’attachement aux coutumes qui les obligeait à respecter l’arrangement parental de leur relation matrimoniale. Le choix de Phach dans sa vie comme dans son œuvre a été de concilier les deux influences contraires par une soumission de fait aux coutumes, ou plus précisément à la famille traditionnelle. Mais, comme ils l’avaient pressenti et s’en étaient inquiétés, et malgré les réserves moralisatrices exprimées par l’auteur et son préfacier – un ami d’école de son âge – le roman est allé bien plus loin qu’ils ne l’auraient souhaité eux-mêmes. « Après la parution de Tô Tâm, les jeunes gens et les jeunes filles, et encore plus particulièrement les adolescentes, pleurent abondamment, versent des larmes discrètes ou sanglotent, une atmosphère pessimiste, dégoûtée de la vie, tentée par le suicide enveloppe le monde sentimental des jeunes des deux sexes. » 425 Le plus remarquable, c’est que les critiques contre l’auteur – pour avoir incité les jeunes à de pareilles tendances pernicieuses, ont été bien moins vives que celles qui visaient la famille et la morale traditionnelle, notamment la notion de piété filiale qui obligeait les jeunes à s’incliner devant l’arrangement parental.

‘’ ‘« Si la morale ne respecte pas les lois psychologiques, si par piété filiale (la jeune fille) obéit à sa mère, et lui obéit jusqu’à en mourir, combien cette morale est rigoureuse. Si toujours par piété filiale (le jeune homme) n’ose pas contredire son père, renoncer à épouser une fiancée pour qui il n’éprouve aucun sentiment et se résigne à perdre un trésor aussi précieux que Tô Tâm, quelle dureté de la part d’une telle morale ! 426  »’

Il est à noter que le personnage féminin Tô Tâm céda non pas aux coutumes ou à la morale mais seulement par compassion pour sa mère mourante. Avant cette situation tragique, même si elle savait son amour désespéré car son amant était déjà promis par la famille à un autre parti, elle avait elle-même résisté à toute tentative de sa mère à la marier et avait persévéré dans cette position, ne tenant aucun compte des conseils moralisateurs et défaitistes de son amant. Beaucoup d’autres personnages féminins des auteurs de l’époque agissaient selon la même raison du cœur, notamment l’institutrice Minh dans le roman du même nom de Nguyên Công Hoan. Dans Minh, l’institutrice 427 , Nguyên Công Hoan a décrit avec un réalisme saisissant une variante tragique du mariage arrangé, le mariage accompli juste avant – ou, dans plus d’un cas comme celui de Minh, juste après – le décès d’un des parents, dénommé “mariage pour échapper au deuil” (cuoi chay tang). Puisque le deuil de trois ans qu’on devait porter pour ses parents était incompatible avec la célébration des noces, il était – et il est toujours – de coutume d’accomplir les rites du mariage quand l’un des parents était mourant ou, quand il était déjà décédé, avant d’annoncer officiellement le décès (phat tang). Nguyên Công Hoan a dénoncé toute l’hypocrisie tragi-comique de ce compromis dans un roman pourtant écrit dans l’intention affichée de concilier la modernité et les traditions. Le personnage Minh, une jeune fille moderne, le vécut comme un kidnappage le plus inhumain qui fût.

Partisane de l’amour libre et authentique, la littérature moderne remet également en question le rôle des entremeteurs/teuses. Renoncer au mariage 428 de Hô Biêu Chanh met en scène un personnage assez typique de “ femme nouvelle ” au mauvais sens du terme.

‘’ ‘Câm Huong, enseignante d’origine modeste, était parvenue aux classes supérieures en devenant directrice d’une école professionnelle 429 de jeunes filles et était elle-même concubine 430 d’un riche propriétaire terrien. Elle arrangea pour Tât Dac, qui venait du même village qu’elle 431 , un mariage dont l’objectif était d’exercer “la profession mari 432 ”. Il s’agissait néanmoins d’un service payant : Cam Huong faisait signer à Tât Dac un papier par lequel il s’engageait à lui payer 2 000 dong une fois le mariage consommé. Tât Dac, fils d’une famille naguère nantie, était parti en France mais n’avait pas terminé ses études et menait une vie fainéante de chômeur. L’entremetteuse en fit un ingénieur des mines qui allait être embauché par une société française pour aller chercher des gisements d’argent au Laos. Ils réussirent tous les deux à conquérir une riche veuve et sa fille unique. La veuve était prête à le laisser épouser 433 sa fille à la seule condition qu’il abandonnât ce projet, car elle ne voulait pas que sa fille s’engageât dans un voyage aussi lointain 434 . Tât Dac renonça au mariage à la dernière minute car il s’était épris de sa fiancée et éprouvait un vrai respect pour l’honnêteté et la sollicitude de sa future belle-mère. Cependant, les deux femmes l’avaient apprécié pour ce qu’il était – sa personnalité, son humour intelligente et son originalité – et non pas à cause des titres et valeurs mensongers vantés par l’entremetteuse. Son départ définitif laissa sa fiancée désespérée.’

Le roman a fait voir comment la fonction d’entremetteuse qui avait toujours été d’une première importance dans le mariage traditionnel, pouvait revêtir d’autres formes dans la nouvelle « société d’argent (xa hôi kim tiên) ». En filigrane, l’auteur valorisait l’authentique vibration du cœur qui rendit les deux jeunes Tât Dac et Bach Yên amoureux l’un de l’autre. L’entremetteuse était allée bien plus loin que son rôle prévu, elle avait été auprès de Tât Dac un metteur en scène pour lui inventer la fable à raconter, le scénario à jouer ; elle avait encouragée Bach Yên à se montrer « jeune fille moderne » 435 . Mais en fait, elle ne comprenait rien au “mécanisme amoureux” qui s’était déclenché dans le cœur de chacun d’eux. Un autre entremetteur, Tê Thê dans Se réveiller d’un rêve 436 , masqua son intérêt le plus bassement matériel sous des propos hypocrites et grandiloquents quand il persuada un collègue à épouser une jeune fille enceinte. La coutume, fréquente avant 1945 dans les familles riches du Sud, consistait à trouver, pour sauver l’honneur familial, un homme de condition modeste qui acceptait d’épouser une jeune fille déjà enceinte pour servir de père à son enfant naturel. L’acte – d’épouser, parfois en mariage blanc – était désigné par nôm en vietnamien. L’idée de cette alliance d’intention intéressée était “vendue” enveloppée de prétextes tels que : « En le faisant, non seulement vous servirez votre intérêt, mais vous protégerez en même temps l’honneur d’une jeune fille de bonne famille, et vous aiderez également à la carrière d’un camarade formé à l’école moderne. » 437 L’hypocrisie de la coutume était dépeinte sous des couleurs encore plus répugnantes avec le niveau intellectuel des jeunes gens instruits qui s’en faisaient complices.

Les entremeteur-ses moins “modernes” que Câm Huong ou Tê Thê étaient dénigrés avec une ironie plus amère et une haine plus virulente. « Elles ont causé la perte de beaucoup de jeunes filles », note le journaliste, porte-parole de Hoang Ngoc Phach dans Tô Tâm. L’entremetteur était payé, dans la plupart des cas par la famille du marié pour l’aider à demander la main de la mariée, il arrivait aussi qu’il le fît pour un intérêt autre que financier, c’était souvent le cas des subordonnés qui voulaient faire plaisir à leur supérieur hiérarchique.

Un autre facteur que les deux familles et les entremetteurs pouvait intervenir contre le bonheur des jeunes, c’était la croyance au destin (sô mênh). Les familles consultaient les diseurs de bonne aventure – proclamés “maîtres (thây)” au même titre que les professeurs, les médecins et les “géographes (thây dia ly, spécialistes du fung-shui)”. Après avoir analysé les années (lunaires) de naissance du jeune homme et de la jeune fille, ces “maîtres” devaient se prononcer sur la concordance des deux destins. Fondé ou non, leur verdict pouvait être fatal aux jeunes couples, il était souvent encore plus irréversible que les préférences des parents, car ceux-ci s’y conformaient toujours pieusement.

L’affection et le respect dûs aux parents, la sagesse présumée de ceux-ci (dans une culture qui privilégiait la hiérarchie, l’âge et l’expérience) ; le talent nourri par l’intérêt et aussi l’expérience des entremetteurs (souvent de véritables experts en communication qui savaient vendre n’importe quoi à n’importe qui !) et le don (ou le leurre) qui conférait aux prophètes le pouvoir de détenir le secret de l’avenir dans un choix difficile où personne n’aurait su se prétendre infaillible ; telles sont à notre avis les raisons essentielles qui s’ajoutent au poids des coutumes pour assurer une longue vie au mariage arrangé. Notons que, avec des nuances moins rigides, la pratique en est toujours vivace de nos jours, y compris dans les grandes villes où le niveau d’instruction est plus élevé ; même les Vietnamiens résidents à l’étranger en arrivent à lui re-trouver toutes les vertus et à le regretter, au moins pour son aspect sécurisant : bien d’autres acteurs que les amoureux eux-mêmes partagent la responsabilité de l’échec éventuel de l’union conjugale ; et le Ciel a bon dos !

L’enjeu est cependant important, l’amour et la quête du bonheur étant des expériences vécues par les humains depuis tout temps. Les Vietnamiens n’ont pas attendu la modernité pour protester et s’insurger contre le mariage arrangé. « On pressure le lard pour (avoir) de la graisse ou une graine pour de l’huile, mais comment avoir le cœur d’imposer (à sa fille) un mariage contre son gré » 438 , dit le proverbe. Les ca dao abondaient dans le même sens. Dans La butte cô Mit 439 , la jeune paysanne mariée contre son gré resta silencieuse comme l’avait été son amour pour le jeune voisin, mais s’enfuit le jour du mariage. On retrouva les amoureux à côté l’une de l’autre, qui s’étaient enivrés avant de se tuer avec les débris de la bouteille cassée. Ils étaient habillés comme des mariés et s’étaient offert un repas de noce à leur manière. Ils avaient laissé une lettre pour exprimer leur dernier vœu d’être enterrés ensemble en haut d’une butte, pour accomplir leur serment… Aussi bien le mandarin (en fait un fonctionnaire des autorités coloniales) que les notables du village le leur accordèrent ; mademoiselle Mit donna ainsi son nom à cette butte que les villageois contribuaient à agrandir en y jetant une poignée de terre chaque fois qu’ils passaient devant, on ne savait si c’était par crainte ou par respect. Le récit est certes fictif, mais vraisemblable. Depuis tout temps, comme en atteste la littérature orale populaire, et encore davantage depuis Truyên Kiêu de Nguyên Du, les jeunes amoureux se sont prêté des serments. La pratique – de se prêter des serments – est courante dans bien d’autres relations interpersonnelles que le rapport amoureux. Les Vietnamiens, comme d’autres populations asiatiques, sont convaincus que les serments se doivent d’être honorés, ce qui confère une puissance particulière aux serments des amoureux – pourtant prêtés en cachette et souvent par opposition aux décisions parentales. Le serment des amoureux contient dans la plupart des cas ce message invariable : s’il ne nous est pas donné, étant vivants d’être dans le même lit, que nous soyons, une fois morts, enterrés dans le même cercueil.

Injustement méconnue, la nouvelle La butte cô Mit, que Hoang Ngoc Phach a préféré signer d’un autre nom de plume, après les remous soulevés à propos de son trop célèbre premier ouvrage, a montré avec plus de sobriété de style mais une force saisissante, qu’il n’y avait pas besoin d’être instruit ni d’être imprégné de la littérature romantique française pour s’insurger contre le mariage arrangé. Sans compter quelques récits de chasse – car la chasse était sa distraction habituelle – Hoang Ngoc Phach n’a écrit que quatre œuvres littéraires, dont trois abordent un seul et même thème : l’attitude des jeunes face au mariage arrangé. Dans ces trois œuvres – un roman et deux nouvelles – la jeune fille a pris l’initiative de l’amour et de la mort, son amant ne l’a suivie que dans un seul cas, il s’agit du paysan de La butte cô Mit. Dans les deux autres récits fictifs, l’amant, de formation moderne, restait hésitant, réticent à prendre la décision ultime dans le conflit, que Hoang Ngoc Phach a identifié de façon très traditionnaliste de conflit entre le cœur et la raison, entre l’amour et le devoir, ou entre les générations, bien plus qu’il ne fût entre les traditions et la modernité.

Notes
419.

HÔ BIÊU CHANH Môt chu tinh (Le sentiment d’amour), Tông hop Tiên Giang, 1988, 120p.

420.

Le sentiment d’amour, op. cit., p. 12.

421.

Tô Tâm, rédigé par Hoang Ngoc Phach pendant les vacances scolaires de 1922, n’a circulé au début que parmi les étudiants de l’Ecole supérieure de pédagogie grâce au Bulletin de l’Amicale de l’Ecole. La première édition de 1925 est suivie de trois autres jusqu’en 1937. En 1990, l’ouvrage en est à sa 24ème édition. Notre étude utilise la version reproduite dans NGUYÊN HUÊ CHI, Hoang Ngoc Phach, duong doi va duong van (Hoang Ngoc Phach, sa vie et son œuvre), éd. Van hoc, 1996, 764 p., p. 171-286.

422.

HOANG NGOC PHACH, « Chuyên truong Cao dang su pham (Récit sur l’Ecole supérieure de pédagogie) », rédigé le 10/10/1968, édité dans Tuyên tâp Hoang Ngoc Phach (Œuvres choisies de Hoang Ngoc Phach), 1989, reproduit dans Hoang Ngoc Phach, sa vie et son œuvre, op. cit., p. 425-429.

423.

Toujours d’après l’auteur, il a rédigé auparavant un mémoire de fin d’études intitulé « La famille annamite et son influence morale » où il a voulu soutenir un point de vue très critique vis-à-vis de la moralité traditionnelle mais en a été dissuadé par la professeure française qui dirigeait ce travail. Voir « Récit sur l’Ecole supérieure … », op. cit., p. 391.

424.

C’est en 1970 qu’un écrivain du Nord émigré au Sud après 1954, Vu Bang parle pour la première fois de cette belle Hanoïenne qui vivait au numéro 52, rue Hang Ngang et en qui les contemporains de Hoang Ngoc Phach ont cru reconnaître Tô Tâm. Dans le roman, la jeune fille habite au 58 d’une rue que l’auteur n’a pas nommée. Voir Vu Bang, « Song An Hoang Ngoc Phach, nguoi cua môt cuôn sach (Song An Hoang Ngoc Phach, l’homme d’un livre unique) », Van hoc (Littérature), n° 113, numéro spécial sur Hoang Ngoc Phach, Sai Gon, 1/10/1970, reproduit dans Hoang Ngoc Phach, sa vie…, op. cit., p. 599-612. C’est également dans cet article que Vu Bang dévoile que Hoang Ngoc Phach qui n’a signé qu’un unique ouvrage littéraire Tô Tâm, a écrit Go cô Mit (La butte cô Mit) en utilisant un autre pseudonyme.

425.

VU BANG, op. cit., p. 605.

426.

THIÊU SON, « Loi phê binh cua môt dôc gia (Critique d’un lecteur) » in Xuân Nhâm Thân (Printemps de l’Année du Singe), éd. Thoi Vo, Sai Gon, 1932, reproduit sous le titre « Tô Tâm » in Phê binh va cao luân (Critique et essais), éd. Nam Ky, Ha Nôi, 1933, puis dans la 4ème éd. de Tô Tâm, éd. Nam Ky, Ha Nôi, 1937, p. 126-134, reproduit in Hoang Ngoc Phach, sa vie…, op. cit., p. 515-521.

427.

NGUYÊN CÔNG HOAN, Cô giao Minh (Minh, l’institutrice), 1ère éd. 1935. Nous utilisons la version reproduite dans Nguyên Công Hoan, Buoc duong cung, Cô giao Minh, La ngoc canh vang (L’impasse, Minh, l’institutrice, Feuille de jade, branche d’or), éd. Thanh Niên, Ha Nôi, 2003, 652 p.

428.

HÔ BIÊU CHANH, Tu hôn (Renoncer au mariage), 1ère éd. 1937, rééd. Tông hop Tiên Giang, 1988, 120 p.

429.

Le nom de l’école est “Ecole de jeunes filles” et enseigne les travaux ménagers (cuisine, pâtisserie, couture, broderie).

430.

“Chatte (meo)” est le terme usuel à connotation péjorative pour concubine au sens moderne, c’est-à-dire non plus une épouse secondaire acceptée par la grande famille mais une liaison irrégulière cachée à la famille.

431.

Cette relation (dông huong=du même village) était et demeure une relation forte car autrefois, chaque village n’était composé que d’un petit nombre de familles ou était l’extension d’une grande famille.

432.

C’est-à-dire de devenir le gendre d’une famille riche. Ce fut le projet de plus d’un étudiant (vrai ou faux) de l’époque, ce qui a fait naître de nouveaux proverbes (Phi cao dang bât thanh phu phu, Sans diplôme nous ne serons pas mari et femme) ou de nouvelles métaphores (ingénieur des mines, la mine à exploiter étant l’héritage de la mariée). Mais le phénomène ne date pas de l’époque moderne. Une locution proverbiale l’a déjà stigmatisé avec l’image « d’une souris tombée dans une jarre de riz gluant ».

433.

En vietnamien il y a deux verbes différents : cuoi pour (un homme et/ou sa famille qui épouse/accepte le mariage avec) une jeune fille et ga pour la famille d’une jeune fille qui la marie.

434.

Cela s’appelle “ga bat rê” et est souvent pratiqué par les familles aisées qui exigent que le jeune couple vive chez la mariée et non pas chez le mari comme d’habitude. Encore un vestige persistant de la matrilocalité antique ?

435.

Bach Yên ne voulait pas s’asseoir à table le premier jour où le prétendant est venu la “regarder (coi mat)”, l’entremetteuse a insisté pour qu’elle reste, en face du prétendant. Elle a arrangé maintes occasion pour qu’ils aient des entretiens face à face ; y compris un entretien chez elle pour que Bach Yên persuade son fiancé à renoncer au projet d’aller au Laos. Tout cela est très différent des pratiques traditionnelles.

436.

HÔ BIÊU CHANH, Tinh mông (Se réveiller d’un rêve), 1ère éd. 1923, rééd. Tiên giang, 1988, 142 p.

437.

Se réveiller d’un rêve, op. cit., p. 72.

438.

En vietnamien, le même terme ep s’emploie pour “pressurer” et “imposer” : « ep dâu ep mo, ai no ep duyên ».

439.

Go cô Mit, 1ère éd. 1941 in Dâu la chân ly (Où est la vérité), reproduit dans Hoang Ngoc Phach, sa vie…, op. cit., p. 287-296.