La relation conjugale était privilégiée dans les traditions vietnamiennes, presque autant que la relation maternelle que nous avons analysée au chapitre I. Hô Biêu Chanh a fait dire à l’un de ses personnages : « Dans la vie, aussi bien entre le père et l’enfant, entre la femme et le mari qu’entre frères et sœurs il y a le sentiment et le devoir (tinh nghia). Mais c’est entre mari et femme que le sentiment et le devoir sont le plus chaleureux et contraignant, il arrive qu’on en meurt facilement. » 472 Les ca dao et dictons chantaient l’harmonie, la solidarité dans le dur labeur et dans l’adversité, la fidélité contre vents et marées, en même temps qu’ils déploraient l’infidélité masculine, ce qui comporte implicitement une revendication égalitaire. Dans l’éthique confucéenne par contre la hiérarchie s’imposait, puisque la famille devait être à l’image de l’autorité politique qui était la monarchie absolue. Aussi bien le troisième des trois liens masculins que les trois dépendances et les quatre vertus féminines 473 visaient à consolider la dépendance et la soumission de l’épouse à son conjoint et à la belle-famille, et encore davantage les épouses secondaires, les nièmes femmes à plusieurs échelons au-dessous de leur maître et seigneur. Comment ces deux tendances populaire et érudite, du petit peuple et des classes supérieures se sont-elles confrontées, comment ont-elles accentué ou réduit la divergence ou la convergence sous les nouvelles influences de l’occidentalisation ?
HÔ BIÊU CHANH, Thiêt gia, gia thiêt (Vrai et faux), 1ère éd. 1935, Tông hop Tiên Giang, 1988, 180 p., p. 37.
Voir supra, chapitre I.