Parmi les quatre vertus féminines préconisées par la moralité confucéenne, la quatrième citée (hanh, ou tiêt hanh) était, et est restée de loin la plus importante ; elle est souvent identifiée à la vertu féminine dans son ensemble, voire à une féminité prétendue immuable. Beaucoup de filles de familles lettrées comme paysannes étaient nommées par des tên qui s’y rattachaient de près ou de loin : Hanh – ou Nu Hanh (vertu féminine), Duc Hanh, Tiêt Hanh qui faisaient plus recherchés – Trinh, ou Trinh Tiêt (Virginité), Bach (Blanche, on dit aussi Trinh Bach pour virginité), Tuyêt (Neige) ou Bach Tuyêt (Blanche Neige), Thanh (Pureté) ou Bang Thanh 547 (Pureté de neige, bang, c’est la glace), etc. Dans la représentation collective, c’était et c’est toujours comme si le souci de préserver sa virginité/chasteté faisait partie de la “nature féminine vietnamienne” depuis des temps immémoriaux et de façon immuable. Ce fut en fait à la fin du 13ème siècle que, sous la dynastie Trân, on décerna pour la première fois sur le modèle chinois une décoration intitulée « Tiêt hanh kha phong (Vertu/Chasteté honorable) » aux veuves qui ne se remariaient pas et qui consacrait le reste de leur vie au culte de l’époux décédé. Sous les dynasties confucéennes Lê et Nguyên, les veuves devaient selon la loi observer un deuil de trois ans pour leurs maris. Mais déjà les ca dao protestaient :
‘« Le vent souffle et le sommet du bambou se plie agenouillé sous le vent’ ‘Si je dois garder la chasteté pendant trois ans, que restera-t-il de mon printemps ? »’Nu Hanh est le nom de la fille aînée de Nguyên Van Huyên, ethnologue vietnamien membre de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO). Trân Thi Bang Thanh est le nom d’une professeure de littérature vietnamienne connue, née dans les années 1930.