Le refus du statut de victime

Les femmes qui comme la sœur de ce narrateur supportaient l’injustice sans s’en indigner devaient être encore nombreuses. Il n’en reste pas moins remarquable que les héroïnes des ouvrages que nous avons cités ainsi que tant d’héroïnes d’autres ouvrages apparaissaient comme des femmes qui, d’une façon ou d’une autre, ont cherché à se rendre maîtresses de leur destinée, ou du moins, ne se sont pas résignées à un statut de victimes passives et soumises. Cela était d’autant plus difficile dans un contexte idéologique où les trois philosophies bouddhiste, confucianiste et taoïste dans leur version popularisée enseignaient plus ou moins la résignation, l’acceptation du sort que la vie avait réservé à chacun et à chacune. Il était aussi communément admis que « douloureuse était la destinée des femmes », comme se plaignait Nguyên Du et comme l’exprimaient des images stéréotypées de « joues roses au destin infortuné (ma hông phân bac) », de « fleur flottante au gré des eaux (beo dat hoa trôi) », etc. Sur quoi s’appuyaient donc les femmes des représentations littéraires pour dépasser ces contraintes et pour émerger ?