Et les femmes modernes « en apparence »

De 1904 à 1909, le mouvement moderniste promouvait d’une part les valeurs nouvelles comme la compétition économique et commerciale, les connaissances scientifiques et techniques et d’autre part les apparences modernes comme la coiffure (masculine) et l’habillement à l’occidental. Les jeunes révolutionnaires des collèges – dont le jeune Nguyên Tât Thanh, alias Hô Chi Minh – s’en allaient couper le chignon des lettrés pour les inciter à se débarrasser des anciennes coutumes et valeurs obsolètes. Phan Châu Trinh n’apparaissait en public qu’en costume occidental. Mais à partir des années 1920, les modernistes et plus particulièrement les féministes ne cessaient d’insister sur la nécessité de se moderniser du dedans, dans ce qui était essentiel à la libération du peuple comme à l’émancipation personnelle, et non pas seulement de l’extérieur, en apparence. Ils insistaient souvent sur l’opposition entre la modernisation authentique, responsable et bénéfique au pays – celle de l’esprit, qui apportait sa contribution à l’évolution sociale – et les changements externes, jugés superficiels, frivoles, voire néfastes ; cela concernait surtout la coiffure, la dentition, l’habillement, le comportement féminins. Comment harmoniser cependant entre un esprit moderne, libre et une apparence immuable, respectueuse des conventions ? Nous verrons quelques stratégies différentes qui se sont déployées dans cet art difficile de l’équilibre et du juste milieu, toujours valorisé dans la première moitié du 20ème siècle, comme encore de nos jours au Viêt Nam.