Les générations de féministes

A l’exception de certaines militantes nationalistes et communistes – sans doute minoritaires – les femmes modernes ou féministes étaient toutes des femmes instruites et, dans la plupart des cas, issues de milieux pas trop défavorisés socialement. Indépendamment de leur origine sociale, de leur niveau d’études et de leur choix politique ou professionnel, nous pensons cependant qu’il est légitime de considérer comme plus ou moins féministes les femmes qui ont, par leur discours, leur comportement, leur écriture et surtout leurs actions, défendu les droits et les intérêts des femmes, œuvré et lutté pour une meilleure reconnaissance de la femme en tant que personne, pour de nouvelles manières d’être femmes et d’être Vietnamiennes. Comme nous allons traiter ultérieurement des points de vue des hommes, nous n’évoquons ici que ceux des femmes féministes. Comme nous avons également dans le chapitre précédent esquissé des portraits et relaté des parcours de femmes – dont des féministes et/ou femmes modernes – nous n’insistons ici que sur les idées, prises de position – différentes et parfois controversées – et sur des convictions ou comportements féministes qui ont intéressé, émerveillé, influencé ou, au contraire intrigué, voire choqué les contemporains. Entre 1918 et 1945, si l’on tient compte d’une sorte de solidarité de genre entre mères et filles, aînées et cadettes, nous croyons pouvoir discerner au moins trois générations de femmes plus ou moins préoccupées de souci émancipateur.