Les compagnes des « modernistes », des réalités éloquentes

Comme la remise en question du rapport homme-femme devait défier un ordre hiérarchique bien ancré, il est légitime de se poser la question : dans quelle mesure les hommes et femmes de la première moitié du 20ème siècle vivaient au quotidien leurs idées réformatrices ou révolutionnaires, plus particulièrement dans les relations entre conjoints ?

Le clivage semblait assez net entre les écrivains et poètes d’une part, les hommes politiques de l’autre. Les premiers – dont la conjointe était dans la plupart des cas d’un niveau intellectuel inférieur – considéraient souvent la création littéraire comme un domaine privilégié qui leur appartenait exclusivement et ne se souciaient pas beaucoup de le vivre en partage. Les derniers au contraire, même dans les longues périodes de leur vie où ils vivaient séparés de la famille, restaient souvent conscients et reconnaissants des sacrifices consentis, des angoisses et souffrances vécues ensemble. Et dans plus d’un cas, des valeurs idéologiques partagées ou plus ou moins divergentes.