Annexe 1 : Glossaire

Ca dao  : chansons populaires

Chi em : grande sœur et petite sœur, femmes au pluriel, pas seulement vous-mêmes mais aussi d’autres femmes, « les femmes (au pluriel) » ou « nous, les femmes », ou « vous autres femmes »

Chiu cuc : exceller/être habituée à accepter/endurer le dur labeur, le travail exténuant, souvent sur la longue durée

Chung thuy: fidélité conjugale

Dam dang: terme sino-vietnamien dont le sens étymologique est dam=assumer, dang=faire face. Dans le langage courant, dam dang désigne la qualité souvent considérée comme « essentialiste » des femmes vietnamiennes et sert à qualifier une personne 1727 laborieuse, endurante, adroite et débrouillarde, capable d’assumer et de réussir plusieurs tâches à la fois, qui gère avec efficacité de multiples responsabilités, qui s’oublie pour se dévouer aux siens sans jamais rien en attendre au retour. Dam dang englobe ainsi des qualités inculquées/admises par la plupart des femmes elles-mêmes avec une certaine fierté – et une fierté certaine– comme étant “féminines” : courage dans le travail 1728 , endurance et patience, économie 1729 (réussir avec le maximum d’efforts et le minimum de moyens), ingéniosité et débrouillardise 1730 , disponibilité à faire l’impossible pour le bien de ceux qu’elle aime ou pour accomplir les devoirs qu’elle s’est elle-même assignés, le faire souvent et très simplement, sans en faire une montagne.

Di noi : littéralement « venir pour parler ». L’un des premiers rites matrimoniaux qui consiste, de la part de la famille du jeune homme à venir chez la jeune fille, souvent en présence d’un entremetteur pour exprimer son intention de solliciter sa main. Les rites ont été critiqués pour leur complexité, leur hypocrisie et le dommage causé à l’amour libre ; ils sont néanmoins une des marques de considération pour la jeune fille quand elle s’est mariée « avec tous les rites requis ».

Duyên: grâce, ou lien matrimonial prédestiné.

Han Viêt : Le sino-vietnamien (Han Viêt) est un concept créé par les Vietnamiens pour désigner à la fois l’écriture (chinoise, Han) – que les Vietnamiens (prétendent qu’ils) prononcent d’une façon qui leur est propre (Viêt) – et les termes empruntés du chinois et intégrés à la langue vietnamienne. Les termes sino-vietnamiens l’ont ainsi beaucoup enrichie, en même temps qu’ils ont contribué à modeler la pensée et le système de valeurs des Vietnamiens qui utilisent cette langue pour s’exprimer. Pour une raison de survie et de préservation de leur culture nationale, les Vietnamiens ont depuis des siècles tenu avec raison – mais avec un succès plus ou moins évident – à se démarquer de la culture chinoise et à se libérer de son emprise sur d’autres plans. Les termes sino-vietnamiens sont classés comme tels par rapport aux termes (purement) vietnamiens, dits nôm (voir ce mot). Quand il y a deux termes équivalents, le terme sino-vietnamien est considéré comme appartenant à un registre plus soutenu, un langage plus recherché. Les classes sociales supérieures et les Vietnamiens instruits (ayant reçu une éducation classique) se servent du sino-vietnamien beaucoup plus que les autres (dans le choix des tên, dans le langage parlé comme écrit), ce qui indiquerait dans la plupart des cas une influence chinoise bien plus approfondie dans leur mentalité que dans celle des classes populaires.

Ho : nom de famille

Lay : s’agenouiller (s’abaisser devant l’interlocuteur debout ou assis sur un siège plus élevé), les mains jointes, et à se prosterner jusqu’à ce qu’on soit face contre terre.

Liêm : intégrité, c’est-à-dire ne jamais accepter de cadeau qui puisse exercer sur soi une pression pour s’écarter de la droiture dans sa conduite.

Liêm si:avoir le sens de la dignité, du respect de soi.

Liêt nu: fille de bien, parallèlement à l’homme de bien (quân tu).

Liêt nu vô nhi gia : la jeune fille de bien ne se marie pas deux fois.

Luc bat : couple de vers dont le premier a 6 pieds et le deuxième 8. La rime se situe au 6ème pied du premier et du second vers. C’est la versification préférée des ca dao et des truyên (récit romanesque en vers) en nôm.

Luc tinh tân van (Gazette cochinchinoise) : initiée dans la foulée du mouvement Minh tân (nom du mouvement du Renouveau dans le Sud). Comptait des journalistes et romanciers de talent comme Nguyên Chanh Sat, Lê Hoang Muu, Diêp Van Ky. Avait une influence forte et durable sur les intellectuels et la population du Sud, dont la portée mérite d’être étudiée de plus près.

Môn dang hô dôi : convenance des portes

Nam nu tho tho bât tuong thân (principe de la non-touchabilité) : quand l’un remet et que l’autre reçoit quelque chose [de la main du premier], un (jeune) homme et une (jeune) fille/femme ne doivent pas se toucher.

Ngu thuong : les cinq qualités permanentes de l’homme, à savoir le sentiment humain (nhân), le sens du devoir (nghia), le respect des rites (lê), l’intelligence (tri) et la loyauté (tin)

Nhân : sens d’humanité

Nghia : sens du devoir

Nôm : écriture démotique, formée à base de caractère chinois, pour transcrire la langue parlée vietnamienne

Nông cô min dam (Causerie sur l’agriculture et le commerce) : Le premier numéro de Nông cô min dama paru le 11/8/1901 et le dernier numéro le 4/11/1924. Son Directeur est le Français Canavaggio, son premier rédacteur en chef Luong Khac Ninh, qui après plusieurs successeurs a été définitivement remplacé par Nguyên Chanh Sat. Celui-ci remplace aussi Canavaggio à sa mort en 1922.

Nu trung quân tu : homme de bien parmi les femmes

Phân : destin

Phu nu: femme; phu nu est le terme sino-vietnamien; se dit aussi (en nôm) dan ba, ou dan ba con gai (femmes et filles)

Quân tu : homme de bien, digne d’être homme, capable et enthousiaste d’assumer son devoir d’homme.

Quôc ngu :écriture romanisée

Si : sens de la honte, avoir honte d’une situation indigne, de la faute commise ou d’un manquement au devoir moral, même si en apparence « personne ne le sait », personne ne vous le reproche sens de la honte, avoir honte d’une situation indigne, de la faute commise ou d’un manquement au devoir moral, même si en apparence « personne ne le sait », personne ne vous le reproche.

Tam cuong : trois liens, à savoir ceux qui subordonnent le sujet au souverain, le fils au père et la femme à son mari. Autrement dit, l’époux représente le lien qui régule la vie de sa conjointe, de la même façon que le souverain représente ce lien pour son sujet et le père pour son fils.

Tam tong/tung : les trois dépendances/soumissions/obédiences/obéissances féminines qui sont la triple soumission au père quand la fille est encore chez ses parents (tai gia tong phu), au mari une fois mariée (xuât gia tong phu) et au fils aîné après le décès du mari (phu tu tong tu).

tân nu luu : femmes nouvelles

Tân tao ou tao tân : étymologiquement, c’est le nom de deux espèces de légumes que les Chinoises allaient cueillir pour le repas quotidien ; le sens dérivé est : laborieuse, endurante

Tên : nom individuel

Tiên dâm hâu thu : avoir des relations sexuelles avant le mariage. Pour obtenir le pardon le couple devait se soumettre à des amendes en argent et/ou en nature et à des punitions corporelles humiliantes.

Tiêt hanh : synonyme de hanh, trinh, trinh tiêt ; chasteté, vertu féminine par excellence ; n’évoque pas seulement l’idée de s’abstenir des plaisirs charnels mais surtout le devoir de préserver sa virginité et l’exclusivité de son corps à son unique maître et seigneur et de lui rester inconditionnellement fidèle à vie, même et surtout en l’absence et après le décès de l’époux.

Tiêt hanh kha phong :femme vertueuse/chaste digne d’être honorée ; titre décerné aux veuves qui ne se remariaient pas, voire qui se suicidaient à la mort de leur époux.

Tiêt phu : veuves vertueuses.

Thanh niên : jeunesse. Comme nom propre, c’est soit l’abrégé de Viêt Nam Thanh niên cach mang/mênh dông chi hôi, Association de la jeunesse révolutionnaire du Viêt Nam, organisation fondée par Nguyên Ai Quôc en 1925 à Canton, soit le périodique, organe de propagande de cette Association.

Thân :corps, mais aussi destin.

thân phân : destin, statut social.

Trung hiêu : fidélité et loyauté envers le souverain et piété filiale.

Tu duc : les quatre vertus féminines, à savoir l’habileté au travail ménager (công), le sérieux du visage (dung), la politesse et la soumission exprimées dans la parole (ngôn) et la vertu féminine par excellence, la chasteté (hanh, ou trinh/trinh tiêt/tiêt hanh).

Tuc ngu: proverbes

Ung : agréer (à une demande en mariage, par exemple)

Viêt Minh : abréviation de Viêt Nam Dôc Lâp Dông Minh Hôi, Alliance pour l’indépendance du Viêt Nam, créée par le Parti communiste vietnamien en 1941 afin de rallier les différentes couches sociales à la cause patriotique et révolutionnaire.

Y lai : s’appuyer passivement et exclusivement sur autrui

Notes
1727.

de sexe féminin, car on n’utilise pas dam dang pour un homme si ce n’est avec ironie.

1728.

Cela s’exprime en vietnamien non par le courage (ne pas avoir peur du travail et des difficultés) mais par des termes comme chiu thuong chiu kho (accepter/endurer ce qui fait pitié/ce qu’on fait par amour et accepter/endurer les difficultés), gioi/quen chiu cuc/chiu khô (exceller/être habituée à accepter/endurer le dur labeur, le travail exténuant/les souffrances), chiu dung (endurante).

1729.

En vietnamien cân kiêm, qui se décline en cân cu (laborieuse, continuellement et longuement, de façon permanente) et tiêt kiêm (économe, usant de peu de moyens).

1730.

En vietnamien thao vat, autre “synonyme” de dam dang, moins sexué cependant, car on peut l’utiliser aussi pour un homme et il est alors proche de “bricoleur” en français. Beaucoup d’observateurs reconnaîtront combien les Vietnamiens le sont, pour le meilleur et pour le pire !