1.3.2. La fonction de régulation de la communication

Du point de vue de la communication, la politesse a un rôle de facilitation et de régulation. On parle de la politesse comme de « l’huile dans les rouages » dans les relations humaines.
(Montandon, 1997 : 9)

Qu’ils soient figés ou souples, les rituels rythment les actions sociales et jouent en quelque sorte un rôle d’« amortisseur » entre les locuteurs. Les rituels permettent d’avoir des échanges harmonieux, le risque de conflit est diminué par ces cadres que sont les rites. Comme le rappellent Marc et Picard, « la fonction du rituel est de faciliter le rapprochement avec le minimum de risques pour la face des interactants ». (1989 : 125)

Les rituels canalisent tout ce qui peut apparaître comme agressif aux yeux des autres. Les rituels de politesse rassurent les participants et leur permettent de savoir quoi faire et quoi dire dans beaucoup de situations. Par exemple, on sait que quand on rencontre quelqu’un on doit lui dire « bonjour » et qu’on présente ses condoléances à une personne en deuil. Ils facilitent et adoucissent les relations, ils donnent un certain équilibre à des échanges et rassurent ainsi les participants de manière implicite.

‘Dans notre culture, les rituels sont quelquefois décriés au nom d’une idéologie du naturel ou de l’authenticité. Pourtant, l’idée d’une communication spontanée, sans code, est une idée naïve. (Marc et Picard, 1989 : 136)’

Les différences de culture permettent de se rendre compte de l’importance de ces rituels et de leur rôle de régulateur. Si on se retrouve dans un pays étranger et qu’on ne connaît pas les rituels qui régissent le quotidien des autochtones, on risque de froisser les personnes en agissant de manière décalée. On peut aussi imaginer que l’on va se trouver dans une situation gênante pour faire des actes simples comme remercier, s’excuser, se présenter, car on ne connaît pas les règles. C’est là qu’on se rend compte de l’importance de ses rituels et de leur fonction.

Les rituels, et surtout les rituels langagiers, permettent d’éviter le plus possible les problèmes de communication ou les malentendus.

‘Ce sont en quelque sorte des solutions toutes faites que la langue met à disposition des sujets pour leur permettre de résoudre au mieux les problèmes communicatifs qu'ils rencontrent tout au long de leur vie quotidienne. (Kerbrat-Orecchioni, 2002 : 511)’

Les rituels de politesse permettent d’éviter d’être angoissé. En effet, leur présence atténue le stress face à une situation car on sait ce que l’on a à dire ou faire. Comme dans beaucoup de domaines, l’inconnu fait peur, alors les rituels apportent une façon connue de gérer la situation et permettent ainsi aux locuteurs d’aborder les actions ou les échanges de façon plus tranquille et d’être rassurés.

Les rituels sont aussi un moyen de canaliser les émotions, qui, dans certaines situations, pourraient être excessives. Par exemple, la situation de deuil, en France, nécessite un rituel pour atténuer des émotions trop fortes qui pourraient amener les interactants à agir de manière inhabituelle et non-conforme.16

Il existe donc des règles qui s’appliquent selon la situation et déterminent le déroulement rituel des actes. Ils régulent et cadrent les actions des hommes afin qu’il n’y ait pas trop de « débordement », le rituel est une sorte de « garde-fous » .

‘Il n’y a pas d’interaction sociale sans un minimum de ritualité ; (…) celle-ci joue un rôle fondamental de codification de la communication, de régulation des échanges et de conciliation d’exigences contradictoires, inhérentes à la vie sociale. (Marc/Picard, 1989 : 136)’

Les rituels de politesse régulent les relations et la communication. On ne se rend pas toujours compte de cette fonction essentielle mais, à propos de la politesse, Picard nous rappelle que « c’est parce qu’elle assume des fonctions essentielles de facilitation et de régulation des interactions sociales qu’elle entraîne l’adhésion et qu’elle est fortement intériorisée. » (1998 : 98)

Notes
16.

Nous reparlerons plus en détail de la gestion des émotions dans la quatrième partie.