2.2. Occasions

Les guides de savoir-vivre expliquent toujours à quelle occasion il faut faire un cadeau. Les occasions pour offrir un cadeau ne manquent pas, elles sont nombreuses et très diverses20. Elles se distinguent selon le caractère plus ou moins rituel de la situation.

En effet, les guides distinguent souvent les cadeaux que l'on offre pour une cérémonie ou une fête dont le déroulement est assez ritualisé et de l'autre des cadeaux que l'on offre de façon plus spontanée et qui ont un caractère imprévisible et moins obligatoire. C’est ce que précise Denuelle dans son guide :

‘Certaines dates, certaines occasions réclament qu’on se fasse des cadeaux : on n’échappe guère à ce genre d’usages, au moins dans les milieux traditionalistes. Mais le cadeau improvisé, donné sans motif, est toujours la meilleure des surprises et il exprime une attention particulière. (2002 :306)’

Le premier type d’occasion est le plus décrit dans les différents guides. Comme le souligne Lemaire, « dans la majorité des cas familiaux le cadeau n'est pas une surprise. Il arrive à un moment rituellement marqué (...) ». (1990 : 4)

C’est pourquoi les traités de savoir-vivre citent généralement un par un les grands événements pour lesquels on offre des cadeaux. Ils expliquent qu’on offre un cadeau pour des fêtes rituelles comme les mariages, les naissances, les baptêmes, Noël, les anniversaires ou encore pour des fêtes plus récentes comme la fête des mères, la fête des pères, la Saint-Valentin, voire récemment pour la fête des grand-mères ou des secrétaires.

Les guides de savoir-vivre expliquent aussi que l’on peut faire des cadeaux à l’occasion d’un dîner, lors d’une visite à un malade, pour remercier d’un service,etc.

Mais les guides de savoir-vive prônent aussi le cadeau « sans raison ». Desmarais nous dit à ce propos que :

‘Les cadeaux spontanés sont souvent les plus beaux car ils viennent du cœur et sont la manifestation la plus complète de votre amitié et de votre délicatesse. (1995 : 135)’

Gandouin résume ainsi la situation :

‘Y a de multiples occasions de faire des cadeaux, trop, au gré de certains : à l'occasion des cérémonies familiales (...) ; trouvant la liste incomplète, les fleuristes, les chemisiers et les parfumeurs ont inventé la fête des mères, la fête des pères, la Saint-Valentin (...). On apporte un cadeau à l'ami hospitalisé (...), à la maîtresse de maison qui nous reçoit à déjeuner ou à dîner (...). Mais ce qui est encore plus agréable, c'est d'offrir ou de recevoir des cadeaux sans motifs précis (...) qui seront le témoignage matériel et le souvenir réel d'une pensée affectueuse. (1984 : 54)’

Les occasions pour offrir un cadeau sont donc nombreuses et diverses mais la manière de l’offrir et le choix du cadeau sont des suggestions aussi développées dans les guides de savoir-vivre, c’est ce que nous allons voir maintenant.

Notes
20.

Nous noterons une occasion particulière évoquée par le Gros Coco dans De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll :  C’est une cravate, mon enfant, et une très belle cravate, comme tu l’as fait remarquer toi-même. C’est un cadeau du roi blanc et de la reine blanche. Que pense-tu de ça ?  Vraiment dit Alice ? tout heureuse de voir qu’elle avait choisi un bon sujet de conversation.  Ils me l’ont donnée, continua le Gros Coco d’un ton pensif, en croisant les jambes et en prenant un de ses genoux à deux mains, comme cadeau de non-anniversaire.  Je vous demande pardon ? dit Alice, très intriguée.

 Tu ne m’as pas offensé, répondit le Gros Coco.  Je veux dire : qu’est-ce que c’est un cadeau de non-anniversaire ?  C’est un cadeau qu’on vous donne quand ce n’est pas votre anniversaire. Alice réfléchit un moment.  Je préfère les cadeaux d’anniversaire, déclara-t-elle enfin.  Tu ne sais pas ce que tu dis ! s’écria le Gros Coco. Combien de jours y a-t-il dans l’année ?  Trois cent soixante cinq.  Et combien d’anniversaire as-tu ?  Un seul.  Et si tu ôtes un de trois cent soixante cinq que reste-t-il ?  Trois cent soixante quatre, naturellement. (…)  (…) et ça te montre qu’il pourrait y avoir trois cent soixante quatre jours où tu pourrais recevoir des cadeaux de non-anniversaire…  Bien sûr.  Et un seul jour pour les cadeaux d’anniversaires. Voilà de la gloire pour toi ! (2007 (1e publication 1871), Folio junior, p. 107-108)