La personne qui offre le cadeau accomplit un acte tout d’abord non-verbal qui est à la fois un acte menaçant pour son territoire et un acte positif pour sa face.
Le fait d’offrir un cadeau apparaît comme un FTA pour le territoire de l’offreur. En effet, l’offreur est matériellement lésé d’une partie de son territoire puisqu’il se sépare d’un bien. En effectuant cet acte, le territoire de l’offreur se réduit, ce qui est donc une « menace », le terme de « menace » étant à prendre ici au sens de « qui nuit à ».
Certaines réactions que nous avons pu observer montrent que, dans certains cas, le fait de se séparer de l’objet offert apparaît comme un acte effectivement menaçant pour le territoire de l’offreur. Nous avons pu entendre certaines remarques effectuées en dehors de la présence du receveur telles que : « je le trouve super beau, je l’aurais bien gardé pour moi »26. Ces remarques soulignent le fait que se séparer du bien à offrir demande parfois à l’offreur un certain effort qui pèse sur son territoire.
Faire un cadeau c’est aussi un « sacrifice » de temps et d’argent, donc un FTA pour le territoire de l’offreur. Pour choisir le cadeau, l’offreur prend du temps pour réfléchir à ce qui ferait plaisir au receveur et le cadeau à aussi un coût financier. Ces efforts représentent des FTAs pour le territoire de celui qui offre le cadeau
L’acte d’offrir un cadeau représente aussi un FFA pour la face de l’offreur. Cela lui permet de mettre en valeur sa générosité et sa gentillesse, ce qui est positif pour son narcissisme. La face de l’offreur est valorisée lorsqu’il offre un cadeau, il apparaît comme un être bon et généreux aux yeux du receveur. Faire un cadeau permet à l’offreur de donner une bonne image de lui-même et de se montrer attentionné vis-à-vis des autres. La face de l’offreur est donc « flattée ». Lorsqu’on offre un cadeau, on sait que l’on effectue un acte positif et ce geste a un effet valorisant pour notre face.
Mais nous allons voir que l’offreur développe toute une série de stratégies de politesse afin de maintenir cet effet valorisant pour sa face. La réaction du receveur au moment de l’offre peut être menaçante. C’est ce que nous verrons à travers l’analyse linguistique dans la deuxième partie.
Il existe sur ce thème un livre pour enfant dans lequel un petit âne a du mal à se séparer du cadeau d’anniversaire qu’il a choisi pour son ami. « Quel magnifique cerf-volant ! Petit âne regrette que ce ne soit pas pour lui… C’est vraiment dommage de devoir le donner … ». KROMHOUT Rindert, Petit âne offre un cadeau, Mijade, 2001.