4.5. La surprise

La règle implicite qui consiste à faire un cadeau « surprise » n’est pas toujours respectée. Mais seulement 3 interactions sont des situations où l’offreur connaît le cadeau. Cette « non surprise » amène des remarques du type : « a :::h tu l’as trouvé » (séquence 30) ou des échanges comme celui de la séquence (9) :

Cet échange montre toute la difficulté et toute l’ambiguïté qui existe autour du cadeau-surprise. Il semble que c’est une règle que tout le monde souhaiterait respecter, ici l’offreur et le receveur ont l’air de déplorer la situation, mais en même temps cela semble arranger tout le monde car le plaisir du receveur est assuré.

Il n'est pas rare que le receveur émette un souhait quant au cadeau qu'il désire à certaines occasions rituelles comme Noël ou un anniversaire. Mais l'offreur peut aussi demander au futur receveur ce qu'il désire, ce qui lui ferait plaisir ou ce dont il a besoin, parce qu'il n'a pas d'idées ou parce qu'il a peur d'offrir un cadeau qui ne corresponde pas aux goûts du receveur. Dans l’extrait de roman suivant, l’auteur exprime toute la problématique autour de cette notion :

‘A propos, Bruno, on s’approche de ton anniversaire je crois (…) tu n’oublieras pas la petite liste, n’est-ce pas ?
 Tu sais, je ne suis pas contre les surprises.
Oui, oui, elle préfère quand même une petite liste, on perd moins de temps et puis surtout on est certain de faire plaisir.
(Gaudens, Bruxelles, Bruno et les cadeaux, Nicolas Philippe, 2002 : 93)’

La surprise s’efface derrière la peur de se tromper et de ne pas faire plaisir. La prise de risque est limitée. On peut constater que l’offre du cadeau évolue de plus en plus dans ce sens.