1.1.2. Les remerciements

Comme pour les séquences authentiques nous distinguerons ici les remerciements explicites et les remerciements implicites.

En ce qui concerne les remerciements directs, nous pouvons constater que leur présence est bien moindre dans les scènes de cinéma. Nous avions noté que 75 % des séquences authentiques comprenaient des remerciements directs du type « merci » ou « je vous remercie » or seulement 41 % des scènes de cinéma contiennent des remerciements explicites. Nous pouvons tenter d’expliquer cela par le fait que le cinéma nous présente certaines situations d’offre beaucoup plus « silencieuses » que dans le corpus authentique. Le rituel d’offre est représenté de manière condensée par principe d’économie.

Et nous pouvons aussi penser que nous avons là un exemple de la difficulté pour un auteur de restituer les « habitus » langagiers de ses contemporains. En effet, dans les échanges authentiques nous avons pu remarquer que le remerciement direct apparaît très souvent mais est aussi répété de nombreuses fois lors de l’échange : avant l’ouverture, après l’ouverture, en fin de séquence pour clôturer. Cette différence peut nous amener à penser qu’il est difficile de se rendre compte de notre façon de parler si on ne procède pas à une transcription de nos dialogues. La rapidité de nos échanges quotidiens ne nous permet pas de noter ces comportements si on ne s’intéresse pas de près à une version écrite et transcrite de ces paroles. Il est difficile de retrouver dans les dialogues de cinéma la richesse du discours authentique qui se répète, hésite, et improvise, nous en reparlerons juste après.

En ce qui concerne les remerciements implicites, nous pouvons constater qu’ils apparaissent dans 59 % des cas dans le corpus fictionnel contre 100 % dans le corpus authentique. Ces remerciements apparaissent essentiellement sous deux formes : un remerciement focalisé sur le cadeau, exemples : « il est superbe » (scène 7), « oh c’est magnifique » (scène 21) ; ou un remerciement focalisé sur l’offreur, exemples : « quelle bonne idée » (scène 1), « c’est gentil ça » (scène 15). Là aussi on peut imputer cette baisse d’utilisation de remerciements implicites à la diversité du corpus fictionnel qui amène des scènes où le receveur ne répond rien, ou dit que le cadeau ne lui plait pas. Mais dans les scènes d’offres qui représentent le déroulement classique d’une offre, on peut retrouver l’échange confirmatif parole d’accompagnement du don – remerciements (exemples : scène 1 La vie est un long fleuve tranquille, scène 7 Le grand bleu, scène 8 Le père Noël est une ordure).