1.2.1. Les stratégies de politesse facultatives de l’offreur

En situation authentique, l’offreur utilise principalement trois stratégies de politesse facultatives : minimiser son offre, demander confirmation et expliquer son choix. Nous allons voir comment se présentent ces stratégies et avec quelle fréquence elles apparaissent par rapport au corpus authentique.

Fréquence des stratégies de politesse facultatives de l’offreur
Stratégies Corpus authentique Corpus fictionnel
Minimiser son offre 40 % 27 %
Demander confirmation 33 % 22 %
Expliquer son choix 60 % 59 %

Nous pouvons constater dans un premier temps que les stratégies minimiser son offre et demander confirmation sont un peu moins présentes. En revanche la stratégie expliquer son choix apparaît avec la même fréquence dans les deux corpus. Nous allons préciser de quelle manière chaque stratégie est représentée.

Minimiser son offre n’apparaît pas beaucoup dans ce corpus fictionnel (27 %) mais on peut retrouver les trois possibilités évoquées auparavant c’est-à-dire que la loi de modestie est initiée par l’offreur, elle apparaît après un remerciement ou après une protestation du receveur. Il y a donc une bonne représentation de cette stratégie. On peut penser que celle-ci permet à l’auteur de présenter le personnage qui offre le cadeau comme quelqu’un de généreux et modeste.

  • L’offreur prend l’initiative de minimiser son offre :

(Scène 16) :

M : tiens (il prend dans sa poche un cadeau) un p’tit cadeau

  • Minimiser son offre après un remerciement :

(Scène 6) :

P : c'est gentil merci Didier

D : de rien de rien

  • Minimiser son offre après une protestation du receveur :

(Scène 22) :

C : c’est pas la question c’est impossible c’est tout

H : moi je te dis que c’est très possible

(Claire soupire, agacée)

H : toi tu trouves ça énorme mais c’est très relatif pour moi c’est rien

Demander confirmation est une stratégie qui est peu employée dans notre corpus fictionnel puisqu’il n’y a que 22 % des scènes qui la représentent.

Dans notre corpus authentique, on pouvait voir deux types de demandes : des demandes initiées par l’offreur et des demandes qui apparaissaient après un remerciement. Dans notre corpus fictionnel, seule la demande initiée par l’offreur apparaît :

Ce que l’on peut voir apparaître dans le corpus fictionnel qui n’existait pas dans le corpus authentique c’est une demande de confirmation en réponse à une réaction négative du receveur. Exemples :

Ici la présence de ces demandes de confirmation particulières est un indice de la frontière entre la réalité et la fiction, on a bien la demande de confirmation mais elle apparaît suite à une réaction non-préférée du receveur qui montre son mécontentement. Ces deux scènes seront présentées plus loin dans le cas des scènes « transgressives ». Elles apparaissent comme non conformes car nous n’en avons pas de semblables dans notre corpus authentique mais pour autant, elles ne paraissent pas totalement invraisemblables.

La stratégie expliquer son choix est représentée de manière importante puisque 59 % des scènes d’offre comportent cette stratégie et c’est le même chiffre pour le corpus authentique. Il faut croire que le choix du cadeau nécessite une explication ou que c’est une manière de créer le dialogue et de permettre à d’autres stratégies de prendre place comme la demande de confirmation. On pourrait presque dire que le fait d’expliquer son choix est une demande de confirmation indirecte.

Les façons d’expliquer son choix apparaissent sous une forme similaire à celle du corpus authentique.

(Scène 6) : « et en plus c'est d' la nacre pa'ce que comme c'est bientôt vos noces de nacre vous voyez le (rires) »

(Scène 8) : « j’avais pensé à un joli camaïeu d’ bleu marine comme j’ sais qu’ vous aimez bien (.) puis j’ me suis dit dans ces tons-là ça changera »

(Scène 12) : « j’ai pensé que la couleur te plairait »

La différence que l’on peut remarquer c’est que dans le corpus authentique les explications peuvent être parfois très longues alors que dans les dialogues de cinéma elles sont généralement assez courtes. Comme le rappelle Samouillan :

‘Une séquence de cinéma ne dure que quelques minutes, alors qu’une conversation authentique d’un « petit quart d’heure » est généralement considérée comme courte. (…) On ne garde qu’un « extrait » de la conversation, la quintessence, dans lequel sont « concentrés » tous les éléments nécessaires. (2004 : 126)’