1.3.3. La relation entre les personnages

Cette règle du savoir-vivre qui consiste à offrir un cadeau selon la relation qui unit les participants était bien respectée dans le corpus authentique. Mais dans le corpus fictionnel, certaines scènes transgressent cette règle.

Par exemple dans 7 ans de mariage, le client offre un cadeau à sa banquière qui se trouve très mal à l’aise. D’autant plus que le cadeau est un peu particulier et pas du tout adapté à leur relation puisque c’est un vibromasseur.

Dans Le placard, Santini offre un pull à son collègue François alors qu’ils n’étaient pas proches du tout puisque jusque-là Santini se moquer régulièrement de François. D’où l’étonnement de celui-ci lorsqu’il reçoit ce cadeau pour la fête des Saints patrons.

Dans Le rôle de sa vie (1), c’est un cas particulier qui est présenté puisque c’est la qualité d’offreur qui est remise en cause.

(Claire prend un cadeau dans le placard de l’entrée et le donne discrètement à Elisabeth)

C : (en chuchotant) c’est un petit cadeau pour Luis c’est son anniversaire tiens

E : (en chuchotant) mais t’aurais dû m’ le dire

C : (en chuchotant) non non mais ça va tout va bien je voulais pas t’embêter avec ça (.) alors laisse moi te présenter Fred l’ami de Luis

(…)

E : bonjour enchanté ben tenez (elle lui tend le paquet)

L : ah merci beaucoup il fallait pas c’est déjà tellement gentil d’être venu

E : (elle fait un petit signe de tête gêné)

Dans cette scène, le problème soulevé est d’être « l’auteur » du cadeau. Offrir un cadeau qu’on n’a pas choisi à quelqu’un qu’on ne connaît pas crée une grosse gêne pour le faux-offreur. Ici, toute l’ambiguïté de ce geste se traduit dans le « ben tenez », le fait que la parole d’accompagnement du don « tenez » soit précédée de « ben » dénote toute la gêne et le malaise du faux-offreur. Pour respecter la règle qui consiste à offrir un cadeau à une personne dont c’est l’anniversaire, on transgresse une règle de base, qui n’est même pas édictée, qui est d’être l’auteur de l’offre. On n’offre pas un cadeau qu’on ne connaît pas à une personne qu’on ne connaît pas, cela perd tout son sens. Et on peut voir d’ailleurs que le faux-offreur est aussi gêné pour accepter le remerciement. Ici les rôles des participants ne sont pas respectés, le cinéaste nous montre qu’on ne créé pas une « fausse » relation à travers l’offre d’un cadeau.