Attitude, mimique :

Toujours dans Le père Noël est une ordure, on peut voir tout au long de la scène une certaine exagération au niveau des mimiques. Les deux personnages présentent un état de gêne permanent, il semble qu'ils ne soient pas très à l'aise. D'abord, lors de la parole d’accompagnement du don, Thérèse présente un embarras que l'on interprète comme de la modestie mais qui est tout de même un peu fort par rapport à la situation :

Ensuite, lorsqu'ils essayent de se faire la bise, la maladresse dans leur attitude est ici un peu excessive :

(T et P essayent maladroitement de se faire la bise et en même temps Pierre prend le paquet)

T :(rires)

P :(bise) pardon (bise) voilà (bise) voilà (.) oh: écoutez

On devine dans cet exemple le caractère comique que va prendre la scène et donc le style parodique qui s'effectue avec des exagérations. L’auteur a insisté fortement sur l'embarras des personnages. Le spectateur reconnaît l'embarras qui peut exister en situation d'offre réelle, il peut s'identifier, mais il reconnaît aussi « l'abus » et c'est cela qui le fait rire.

Dans un autre extrait de film, Un air de famille, on trouve un autre genre d'exagération par rapport à l'attitude. Dans cette scène, Y, qui est la receveuse, présente une attitude qui ne convient pas à une situation d'offre. Le cadeau ne lui plaît pas et elle se met dans un état excessif puisqu’elle se met à pleurer. Elle pleure parce qu'on lui a dit que cette race de chiens devient paralysée en vieillissant :

Y : oh pauv’ bête (elle commence à pleurer)

M : oh ben dis donc qu'est-ce qu'elle est sensible cette petite

Or, comme le rappelle Montant, « il est contraire aux convenances d'avoir les larmes à l'œil, sinon de gratitude, lorsque l'on reçoit un cadeau. » (1998 : 452). Ici, non seulement Y montre sa déception, mais en plus elle la pousse à l’extrême puisqu'elle pleure.

Pour le dernier cadeau, Y continue d'adopter une attitude exagérée par rapport à la situation et une tension s'installe. On peut voir qu'elle continue de pleurer avant même d'ouvrir le dernier cadeau et qu'elle exprime clairement son désarroi :

Y : oh ça va pas (elle pleure)

P : non arrête de pleurer c'est d' là sensiblerie maint'nant (ton énervé)

Y : j' suis désolée (elle se mouche) oh j'ai j'ai trop bu j'ai pas l'habitude

Y essaye tout de même de sauver la face et celle de son mari en montrant qu'elle est désolée et en présentant l'excuse de l'alcool pour expliquer son attitude excessive.

Mais on peut voir ensuite que son attitude la mène même à se tromper par rapport au cadeau lui-même :

Elle se sent encore plus décontenancée qu'avant et sauver la face devient un acte très difficile. Dans l'élan de sa déception, elle a cru que c'était encore un cadeau en relation avec le chien. Mais une telle erreur de jugement la pousse à vexer définitivement son mari.

Ici, Y n'adopte pas une réaction « préférée » pour une situation d'offre. On assiste à une scène « dramatico-comique ». C'est « dramatique » dans le sens où Y montre une très forte déception par rapport au cadeau et une tension s'installe. C'est une caricature de la réalité et le spectateur est amené à rire de la situation.

Cette scène insiste aussi sur le fait que l'on doit rester poli et montrer sa joie lorsqu'on reçoit un cadeau malgré le déplaisir qu'on peut ressentir. Ici, Y essaye de faire tout ce qu'elle peut pour appliquer tout de même les règles de politesse, elle arrive à remercier mais avec la voix tremblante et les larmes aux yeux. Le conflit entre politesse et sincérité est très souligné par l’auteur dans cet extrait. Nous reparlerons de cette scène dans la quatrième partie à propos du contrôle des émotions.