B) La culture et l’animation, de nouveaux modèles de politiques publiques

Nous reprendrons les termes du sous-titre du livre que Vincent Dubois a consacré à la politique culturelle²⁰⁹ pour examiner la mise en place d’un nouveau cadre de références au niveau national concernant la culture et l’animation socioculturelle. En effet, si l’avènement et le développement de la Ve République introduisent une modification profonde des institutions et des règles du jeu politique, ils marquent également un engagement fort de l’Etat dans de nouveaux champs d’action, ainsi que le renforcement de son intervention dans les secteurs traditionnels, avec en particulier la relance de la planification à partir du IVe Plan (1962- 65).

La politique des équipements va devenir une pierre angulaire des programmes ministériels, en même temps qu’un des enjeux des relations avec les collectivités locales autour des questions de définition et de financement, et enfin le support majeur du débat relatif à la naissance des professions et à l’émergence d’une expertise nouvelle, celle de la direction de ces équipements et de la conduite locale des politiques. Claude Gilbert et Guy Saez ont pu dire que  “ la création des lieux supposés de la culture est l’acte fondamental de la politique culturelle, ce qui permet de signifier et de matérialiser cette culture dans un espace urbain particulier ”²¹⁰, déterminant ainsi ce qu’ils appellent la “ phase topique ” de ce champ de politique, succédant à une “ phase épique ” qui, au lendemain de la Libération avait construit la légitimation sur les “ épopées ” fondatrices (le Front Populaire, la Résistance). Désormais, l’équipement est à la fois le lieu de mise en œuvre des politiques, l’enjeu même de ces politiques, et l’élément fort de leur légitimation autour de la question majeure du public et de son accès à la culture, et secondairement, si l’on peut dire, de sa participation à la définition et à la mise en place des actions qui le concernent.