Les enjeux autour de la fondation

La constitution somme toutes assez rapide de la structure Annecy Action Culturelle s’est opérée dans une série de débats de principes qui ont mobilisé les acteurs dans des configurations très variables selon les périodes.

La première opposition que nous avons déjà signalée est celle du Ciné-club et de son président Georges Gondran, sur une question d’indépendance par rapport à la mairie, lorsque celle-ci, dans l’été, 70 propose à AAC d’être logée dans un immeuble du Clos Bonlieu récemment acquis par la municipalité. Il est probable que le rejet par la municipalité de plusieurs projets de développement du cinéma à Annecy ait exacerbé cette opposition. Entre autres, le projet d’installation à Annecy d’une annexe de la Cinémathèque nationale présenté à la commission des affaires culturelles depuis 1966345 pouvait paraître inopportun à un moment où le limogeage de son fondateur et animateur, Henri Langlois, suscitait de vives manifestations.

La seconde opposition porte sur l’objet réel d’AAC : agence technique ou centre d’action culturelle ? Sur ce point les réticences viennent du conseil municipal, les associations fondatrices d’AAC étant d’accord pour que la structure ait un rôle de développement, comme en témoigne un compte rendu de la commission “ structures ” réunie le 8 octobre 1970346, qui définit les quatre grandes fonctions prévues : agence technique culturelle, animations culturelles, formation et recherche. L’argument avancé par le conseil municipal est d’ordre financier, le budget de la commune ne permettant pas de supporter un tel projet. Il est à noter que la commission des affaires culturelles n’est pas saisie de cette question, débattue directement devant la commission municipale réunissant les adjoints autour du maire. Toutefois sur ce point subsiste la question de l’engagement du Ministère : ce dernier ne contribuera à un projet à Annecy qu’en raison seulement de l’engagement de la ville, et une défection de cette dernière signifierait un retrait irrévocable de la rue de Valois.

La troisième raison de conflit porte directement sur la question des statuts : pour quelques fondateurs, et l’AJA en particulier, la forme d’AAC doit en faire un parlement des associations, avec une structure de type autogestionnaire, en tout cas dégagée de l’emprise du pouvoir municipal. La Fédération des Œuvres Laïques, au cours d’une table ronde organisée le 30 janvier 1971347, fait valoir également son souci de conserver l’indépendance d’AAC par rapport à la municipalité, et son refus d’une cogestion combattue par la Ligue de l’Enseignement ; la FOL craint qu’AAC ne devienne une “ super association ” qui exercerait une sorte de “ régence culturelle ”348. Daniel Sonzini exprime clairement son choix de la cogestion et sa démarche pour aller plus loin qu’une simple agence technique au service des associations, alors que le conseil municipal est réticent à voir AAC s’engager dans l’animation culturelle. Dans une lettre en réponse à la CGT qui reprend les critiques formulées par la FOL, il précise :  “ Nous sommes partisans de la cogestion, c’est à dire qu’AAC doit être cogérée par tous ceux qui, à un degré ou à un autre, ont ou devraient avoir la charge de promouvoir une action culturelle, c'est à dire l'Etat, le département, l’agglomération, la ville d’Annecy, les syndicats, les parents d’élèves. 349. Les premiers statuts comportent déjà une forte connotation de cogestion, avec une participation au conseil d’action culturelle de 5 membres de droit (mairie, conseil général, ministères des affaires culturelles, de l’éducation et de la jeunesse et des sports), de 15 membres associés (conseillers municipaux, syndicat intercommunal, syndicats, comités d’entreprises, associations de parents d’élèves), de 21 membres élus par l’assemblée générale et de 6 membres élus par le comité d’animation350. Ces statuts soulèvent d’emblée des oppositions : la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) se retire après avoir présenté un contre-projet de Conseil local de développement culturel et social, directement inspiré par le programme de la Ligue de l’Enseignement élaboré lors de ses journées d’études de Marly le Roi en décembre 1970351. De plus, un double souci anime ce contre-projet, dans le droit fil d’une opposition à la cogestion que nous avons souligné plus haut : garder une indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics, en attendant le grand service public de l’éducation et de la culture qui fait le fond des revendications de la Ligue de l’Enseignement, et prévenir toute ingérence de groupements non-laïcs. En effet la montée en puissance de la CFDT déconfessionnalisée dans les grandes entreprises annéciennes, surtout dans certains comités d’entreprises comme celui de la société Gillette, comporte deux risques aux yeux de la FOL : le premier lié à l’incertitude quant à sa laïcité réelle352, le deuxième lié à un recul relatif de la CGT, alliée traditionnelle de la FOL. Le retrait de la FOL d’AAC coïncide également avec la montée en puissance dans le dispositif d’animation socioculturelle à Annecy, de la Fédération des MJC, que nous avons retracée dans la partie précédente, fédération avec laquelle la concurrence au niveau national est vive. Un autre argument, de nature plus politique, est avancé par ceux qui dénoncent la cohabitation, au sein d’AAC, avec des représentants d’un pouvoir de droite, du Ministère comme de la mairie d’Annecy, alors qu’ils veulent faire de l’action culturelle un combat politique. Le président de Peuple et Culture, Georges Hermann353, quitte AAC sur ce différent, mais désavoué par son comité directeur, il démissionne de ses fonctions à la tête de l’association historique de la ville. Lui succède à la présidence de PEC, Jean Claude Praster, un des éducateurs du Logis, qui sont présents en nombre dans l’association depuis le milieu des années 60. Pour autant, les oppositions de nature très directement politique, telles que celles de la FOL ou de Georges Hermann, ne poussent pas les autres représentants des organismes associés, à relayer cette opposition : le débat reste cantonné sur le modèle de gestion de l’action culturelle, et la place des dits organismes, mais ne débouche pas, à ce moment sur une prise de position des partis politiques.De même, aucun représentant associé, hormis Hermann, ne quitte pources raisons sa place au sein d’AAC. Le schéma de cogestion, en dépit des critiques dont il est l’objet lors de la création d’AAC reste toujours un facteur d’intégration politique, y compris, et peut-être surtout, des opposants.

Lorsque le conseil municipal vote le principe et les modalités d’une convention avec Annecy Action Culturelle le 15 mai 1971, la situation d’origine a bien évolué : des trois fondateurs ne reste que Daniel Sonzini, après le départ de Jean-Pierre Laurent à Grenoble et le retrait de Georges Gondran ; de plus, la mise en route de la nouvelle structure est loin de faire l’unanimité parmi les associations et autres acteurs engagés dans l’action culturelle.

Enfin la municipalité a une position bien exprimée dans la délibération du 15 mai 1971 : “ Mais le Conseil Municipal a toujours refusé d’imposer une solution, de faire des sommations, affirmant qu’il n’y a pas de culture sans liberté, et pas de liberté sans pluralisme et tensions fécondes ” et plus loin “ La Ville et le Ministère des Affaires Culturelles ont suivi avec une neutralité bienveillante cette maturation ”354. En réalité, les élus dans leur grande majorité voient d’un œil soupçonneux cette initiative qui présente le double inconvénient d’être dispendieuse d’une part, et d’autre part potentiellement porteuse de désordre. Sur ces points, il faut remarquer que nous ne disposons d’aucun compte rendu de commission, seulement de la délibération finale. André Fumex, alors premier adjoint, nous avait confirmé, dans l’entretien qu’il nous avait accordé le 16 février 2001, le fait que ces questions ne concernaient en réalité qu’un petit nombre d’élus. Réunions, rencontres et négociations informelles355 aboutissent à l’assemblée générale constitutive du 3 avril 1971 et à la décision municipale du 15 mai.

L’assemblée générale constitutive, tenue le 3 avril 1971, a donné lieu à un compte rendu356 qui souligne quelques points essentiels. Tout d’abord il inscrit la création d’AAC dans le droit fil de l’action de Peuple et Culture et du travail théâtral mené par Gaby Monnet dans les années 45-50, du Ciné-club et des JICA, et des travaux de Dumazedier. Cet ancrage dans l’histoire d’Annecy doit être noté. Ensuite il fait état de l’attention que porte Catherine Tasca, chef du bureau des maisons de la culture au Ministère, à la création d’AAC et son souhait de voir rapidement s’établir une convention tripartite entre AAC, la ville et le Ministère. Après un rappel des démarches engagées autour de la MJC de Novel et de son journal, le projet de statuts est examiné. Le débat qui s’ensuit met en évidence les réticences de la CGT devant la présence des comités d’entreprises dans le comité d’action culturelle : si leur présence est justifiée par les fondateurs d’AAC en raison du travail de diffusion culturelle amorcé avec eux en direction des ouvriers, par contre la CGT doute de leur représentativité par rapport aux syndicats eux-mêmes. Il est certain que la conquête de certains comités d’entreprises par la jeune CFDT, entre autres celui de Gillette, avive les craintes de la CGT quant à sa position dans la ville. Cette opposition est doublée d’une interrogation quant à la laïcité de la CFDT, soulevée par la FOL et les parents d’élèves. Enfin, l’intervention du ministère sur la nomination du directeur, prévue par les statuts, suscite des critiques au nom de l’indépendance de l’association.

Les statuts eux-mêmes présentent plusieurs caractéristiques : tout d’abord, ils laissent une place importante aux associations et à leurs membres en premier lieu, à des membres associés (syndicats, comités d’entreprises) en second lieu, conformément au modèle cogestionnaire en vigueur dans le domaine socioculturel. Ce point provoque une divergence avec le ministère des affaires culturelles qui souhaite alors se démarquer fortement de ce modèle ; même si la période n’est plus aux maisons de la culture357, mais plutôt aux centres d’action culturelle (les CAC) avec une ambition plus modeste, la rue de Valois garde une position cardinale, constante depuis Malraux, à savoir la prépondérance du directeur agréé par l’administration centrale dans l’élaboration et la conduite des projets culturels, le rejet de ce que le Ministère considérait comme des particularismes exprimés par les associations locales revendiquant une partie du pouvoir de décision, à l’encontre de la vision universaliste qui fondait la doctrine ministérielle. En ce sens, Annecy représente une entorse tolérée, puis justifiée, à la doctrine, comme le rappelle Philippe Urfalino dans son étude “ les maisons de la culture : la fin de l’exemplarité 358. Quelques années plus tard, Jean-Pierre Würtz, chargé de mission à la Direction du Développement culturel, livrant un rapport d’évaluation sur l’association Annecy Action Culturelle, rappellera que la première phase d’AAC fut “ socioculturelle”359.

On le voit, autour de la composition de l’association et de ses instances de décision, se noue un ensemble complexe  d’oppositions : du coté associatif local, il y a une revendication de représentativité, de démocratie, presque exclusive de la participation des pouvoirs publics locaux ou nationaux dans certains cas ; pour la municipalité, la volonté de contrôler le développement du projet s’appuie sur une pluralité de composantes susceptibles de neutraliser les éléments les plus activistes ; quant au Ministère, il est soucieux de maintenir une certaine orthodoxie dans les projets qu’il soutient, afin de préserver les conditions qu’il estime nécessaires à la qualité de l’action culturelle : le directeur est celui qui garantit cette qualité. A l’évidence, la situation annécienne sort quelque peu du cadre défini à Paris. Mais surtout, l’enjeu autour des nouveaux statuts rompt l’équilibre instituionnel trouvé dans la phase précédente, qui garantissait une relative stabilité politique..

Cependant au sein des associations et autres institutions associées à ce mouvement, les positions sont loin d’être communes. Les facteurs de différenciation tiennent d’une part à la professionnalisation de certaines, très marquée dans les MJC et au Logis, d’autre part à la force d’un projet culturel spécifique, comme c’est le cas de l’AJA, du Ciné-club, toujours représentatif malgré son désaccord. Par ailleurs les prises de position plus politiques de la FOL, des syndicats, et de la CGT en particulier, forment un contrepoint que les élections municipales de 1971 renforcent. Quant aux comités d’entreprises, certains se situent plus en demandeurs de services culturels360 que comme promoteurs, tout en assurant à la constitution d’AAC un caractère populaire et ouvrier qui fait consensus : revendiqué par beaucoup (période post-soixante huit oblige), il semble garantir la dimension démocratique de l’entreprise ; pour les professionnels elle représente l’accès potentiel au “ non-public ” tant recherché ; elle garantit aussi le pluralisme auquel la mairie tient fort. Il faut donc noter à ce moment une dissociation nette entre les associations très professionnalisées, engagées dans une action de quasi-service public, et les deux associations fonctionnant sur le bénévolat et porteuses de projets culturels très spécifiés

Un autre aspect caractérise cette phase, à savoir une forme de nationalisation du débat. Cette nationalisation tient à plusieurs éléments. Tout d’abord les contacts suivis avec le Ministère, en particulier Catherine Tasca alors en charge du bureau des maisons de la culture361, inscrivent la création d’AAC dans une perspective de Centre d’Action Culturelle, les CAC nouvellement mis en place par le ministre Duhamel, avec toutes les implications de cette inscription : subventions nationales bien entendu, mais en contrepartie nécessité de développer une action multiple, aussi bien dans le domaine de la diffusion que de la création, essentiellement théâtrale à ce moment. Il est certain que les contacts établis avec les milieux de la création par Daniel Sonzini avant son arrivée à Annecy, puis lors de son action à Novel et lors de ses rencontres avec les représentants du Ministère contribuent à ouvrir très fortement les perspectives dans ce domaine. Un autre élément réside dans la proximité de Grenoble qui fait alors figure de ville pionnière en matière de culture et de démocratie locale. Jean-Pierre Laurent, l’ancien conservateur du musée-château, alors en poste au Musée dauphinois à Grenoble, organise une journée de découverte à Grenoble pour les élus annéciens qui visitent à cette occasion la maison de la culture, les centres sociaux, les musées et la bibliothèque. Le compte-rendu de cette journée de juin 1971 figure dans les travaux de la commission municipale des affaires culturelles362. On ne peut pas dire que les élus formulent des résolutions fermes à la suite de cette rencontre ; cependant la volonté de l’équipe grenobloise de mener une politique culturelle globale est soulignée, de même que la concertation entre tous les responsables lors d’un “ concile ” annuel. Cependant, le coût de cette politique est mis en exergue : “ En 6 ans Grenoble a investi dans le domaine culturel un peu plus de 5 milliards d’anciens francs, le budget culturel a été multiplié par 3 ; 200 postes ont été créés pour l’action culturelle, dont 70 postes d’animateurs ”.

A la suite également de cette journée grenobloise, Daniel Sonzini, le directeur d’AAC, est sollicité par l’équipe grenobloise pour jumeler, à la demande du Ministère, les initiatives annéciennes à celle de Grenoble dans le cadre du tout nouveau Fonds d’intervention culturelle (FIC), demande qu’il présente à la commission du 8 février 1972. Enfin Guy Brajot, le Directeur du Théâtre, des Maisons de la Culture et des Lettres au Ministère, rend visite à Annecy les 16 et 17 décembre 1971 afin de se rendre compte de l’avancement du projet culturel porté par AAC : à cette occasion, il s’engage à reconnaître AAC comme un centre d’action culturelle et à le financer en tant que tel sur le budget 1973. Il souligne également la nécessité de construire une salle de théâtre de 1 000 places, dont le financement à 50 % serait couvert par le ministère, à la condition expresse que la gestion en fût confiée à AAC363. Il revient également sur le projet de Conservatoire du cinéma d’animation, qu’il pourrait soutenir financièrement si les activités de diffusion et de création y étaient assurées.

Le lancement officiel d’Annecy Action Culturelle au début de l’année 1971 provoque donc à la fois une accélération de son entrée dans les dispositifs mis en place par le ministère des affaires culturelles, ainsi qu’une implication obligée de la ville d’Annecy dans ces politiques, au risque de remettre en cause ce qu’elle a accordé par sa convention avec AAC. Il s’agit là d’un processus en rupture avec ce qui avait été la position municipale jusqu’alors, faite à la fois de réticences à arrêter des choix précis en matière d’activités culturelles, de prudence pour prendre des engagements clairs sur le plan budgétaire en ce domaine. La liberté qu’elle souhaitait laisser aux acteurs pour définir eux-mêmes leur action, tout en restant en retrait, ne suffit plus. Il lui faut entrer désormais dans un schéma nouveau, qui tend à s’institutionnaliser fortement, avec des règles de financements croisés qu’elle ne maîtrise plus totalement, avec des obligations en matière d’activités qu’elle ne peut plus différer au motif de la taille de la ville, avec un jeu d’acteurs forcément plus complexe, et surtout incontournable au travers d’AAC et des relations avec le ministère des Affaires Culturelles. Enfin, l’impulsion donnée à l’action culturelle par la naissance d’AAC et la perspective de la reconnaissance ministérielle, et les moyens attendus, vont permettre à de nombreuses attentes de s’exprimer, parmi les associations, parmi les professionnels, avec une conflictualité rendue inévitable en raison des différences que nous soulignions plus haut.

Il s’agit donc d’une rupture de l’équilibre que la municipalité avait réussi à établir, et qui assurait un ordre relatif au plan local : équilibre dans un système de cogestion qui donnait sa cohérence à l’action municipale ; équilibre d’un autre côté avec les politiques nationales dans le jeu paradoxal que nous avions souligné. L’évitement par la municipalité de l’inscription de sa politique dans une dimension nationale ne tient plus. Le dispositif local de gouvernement de la culture, fondé sur une intégration des acteurs dans un agencement institutionnel bien maîtrisé, et reconduit à l’ouverture de chaque nouvel équipement, avait jusqu’alors permis de contourner la question des valeurs en faisant du mode de fonctionnement la valeur elle-même.

Notes
345.

AMA, 2 mi 391.

346.

AMA, archives AAC, boite n° 1.

347.

AMA, archives AAC, compte-rendu de la table ronde du 30 janvier 1971, boite 7.

348.

Ibid.

349.

AMA, archives AAC, boite 6.

350.

Voir en annexe le tableau comparatif des instances d’AAC de 1972 à 1974 (AMA, archives d’AAC, boite 17).

351.

Eléments tirés des archives de la Fédération des Œuvres Laïques de la Haute Savoie, mises à ma disposition : conseil fédéral du 23 janvier 1971.

352.

La FOL a de longs débats sur l’admission ou non au sein du Comité départemental d’Action Laïque de la CFDT et du PSU, soupçonnés de faiblesses possibles en la matière. Bureau fédéral du 19 février 1971, archives de la FOL.

353.

Georges Hermann tient dans cette histoire une place singulière en raison de son parcours : ingénieur chimiste dans une entreprise annécienne, il est également peintre, engagé dans les mouvements de recherche picturale des années 50 et 60, avec une notoriété certaine dans les milieux d’avant-garde. Militant pour une “ culture prolétarienne ” et non pas pour une démocratisation culturelle, il plaide pour une indépendance du mouvement annécien à l’égard de la bourgeoisie locale, comme en témoigne un texte de janvier 1971 :  “ Je dis ‘non’ sans formuler de griefs contre personne. Je constate simplement que la bourgeoisie s’organise au niveau culturel. Les travailleurs n’ont rien à voir dans cette aventure. Pour ma part, pour les camarades absents ou présents qui partagent ces opinions, nous disons ‘non’ à AAC (…). Et si le groupe inter-comités d’entreprises est ‘pour’, il ne nous reste qu’à prendre le maquis culturel dans l’attente de futurs évènements de mai. ” dans Georges Hermann, brochure de Peuple et Culture, sans date. Georges Hermann, démissionnaire de PEC en janvier 1971, décède le 29 juillet de la même année.

354.

Registre des délibérations du Conseil Municipal d’Annecy, AMA, cote 11 W 16.

355.

Entre Charles Bosson, Pierre Jacquier, Georges Grandchamp, Daniel Sonzini et Pierre Patel, comme nous l’a précisé Daniel Sonzini (entretien en registré du 15 janvier 2003).

356.

AMA, archives AAC, boite 7.

357.

Rappelons la formule de Jacques Duhamel, rapportée par Philippe Urfalino, qui indique suffisamment cette ambition revue à la baisse :  “ Je me permettrai une comparaison qui précise ma pensée : à coté des cathédrales, il faut des églises ; de même, s’il est vrai que la maison de la culture a fait ses preuves, elle n’épuise pas tous les niveaux de l’animation, qui doit être aussi, de nos jours, plus diffuse et somme toute plus modeste. ”, Les affaires culturelles au temps de Jacques Duhamel, 1971-73, La Documentation française, Paris, 1995. p. 305

358.

Les affaires culturelles au temps de Jacques Duhamel, op. cit., p.327.

359.

Jean Pierre Würtz, rapport de mission d’évaluation : Annecy Action Culturelle, Centre d’Action Culturelle de la région annécienne du 21 au 26 février 1983. (archives d’AAC, archives municipales d’Annecy, boite 35)

360.

Ceci ressort très nettement du compte-rendu de l’une des réunions de préparation des structures d’AAC :  “ Il ressort que les comités d’entreprises sont surtout intéressés par les réalisations futures d’AAC, surtout au point de vue formation des jeunes, et se sentent, à regret, vocation de consommateurs ” . Projet de compte-rendu de la commission ‘structures’ tenue à Annecy Action Culturelle le 8 octobre 1970. AMA, archives AAC, boite 1.

361.

Daniel Sonzini nous avait précisé qu’à ce moment là “ AAC ne se serait pas fait sans le ministère de la Culture ” (entretien enregistré du 15 janvier 2003).

362.

AMA, 2 mi 390, séance du 1er septembre 1971.

363.

AMA, commission des affaires culturelles, 2 Mi 233, séance du 8 février 1972