B) La difficile stabilisation d’AAC : une épreuve politique pour la municipalité

Si la municipalité s’engage dans le projet Bonlieu et s’associe à la création d’AAC, c’est bien dans la forme qui a été convenue avec le ministère des affaires culturelles : les assurances financières du ministère et la recherche de formes de gestion acceptables permettent de vaincre les réticences de la majorité des conseillers municipaux quant au développement d’un équipement culturel. Il reste cependant que cette animation culturelle apparaît comme une agitation, et une contestation des pouvoirs établis, en premier lieu du conseil municipal. Le Théâtre Eclaté pose un problème particulier en ce sens qu’il est la troupe retenue par les instances d’AAC pour assurer le volet création du projet d’ensemble, en accord avec le ministère et le soutien des associations et institutions parties prenantes du projet ; le Théâtre Eclaté est en quelque sorte dans AAC, dans l’institution en cours de gestation. Il y a là pour la municipalité, et pour les élus, un problème aigu à résoudre, un véritable dilemme. Comme souvent en la matière, la municipalité va user de la temporisation comme moyen d’action sur les évènements.

D’autre part, la mise en route d’AAC avait recueilli un large assentiment des associations locales ; mais nous avons vu ci-dessus comment le processus d’institutionnalisation d’AAC provoque des ruptures et des oppositions au sein même des associations, sur la question centrale de la place du pouvoir municipal dans la structure, sur la place laissée aux associations fondatrices. La question posée par PEC quant au fait que les moyens venant des pouvoirs publics iront prioritairement à AAC, pose le problème de la liberté de création et d’action, de l’indépendance vis à vis du pouvoir politique. Si la formalisation d’AAC en 1972 peut apparaître comme une solution acceptable pour la municipalité, elle devient rapidement problématique en raison des oppositions qu’elle soulève. La légitimation d’AAC doit s’appuyer sur des arguments qui doivent dépasser les clivages en cours de formation.

Cependant, dans cette période fortement marquée par le débat politique autour de la culture et de la mise en place d’une politique culturelle, un changement majeur au plan local intervient lorsque Charles Bosson maire élu et réélu depuis 1954 annonce sa démission, pour raison de santé d’une part, et pour honorer l’engagement qu’il avait pris de ne pas aller au-delà de vingt ans de magistrature municipale. L’année 1975 est donc également marquée par une élection municipale partielle.