A. « Le Mimosa » (premiers mois de l’année 1941)

Par rapport au « Bois de pins » auquel il fait suite, ce texte infléchit le thème du « gain personnel » en jeu dans l’écriture vers la représentation de ce qu’il y a à « gagner » comme étant quelque chose qui est surtout à retrouver en soi, qui est déjà là, même si l’on ne peut pas encore en disposer. La rage d’expression met en jeu le retour à des couches profondes de l’être, que le contact de l’objet réactualise. Son but est de parvenir à faire remonter et à ex-primer une idée « au fond de [s]oi » : « Tout d’abord, il faut noter que le mimosa ne m’inspire pas du tout. Seulement, j’ai une idée de lui au fond de moi qu’il faut que j’en sorte parce que je veux en tirer profit » (ibid., 366, je souligne).

L’idée « au fond » a partie liée avec un substrat très primitif, celui des émotions enfantines :

‘il [le mimosa] a été l’une de mes adorations, de mes prédilections enfantines. Beaucoup plus que n’importe quelle autre fleur, il me donnait de l’émotion. Seul de toutes il me passionnait. Je doute si ce ne serait pas par le mimosa qu’a été éveillée ma sensualité 335 (ibid., 366-367). ’

La rédaction du « Mimosa » ne se prolongera guère dès lors que « l’idée au fond » en aura été appréhendée, et confirmée par les recherches dans le Littré : « Ainsi, après avoir beaucoup tourné autour de cet arbuste (...) en reviens-je (me trompé-je encore ?) à considérer la qualité caractéristique du mimosa comme celle-ci : "glorioleux, vite découragé "» (ibid., 374-375). La recherche peut donc s’arrêter là. Le caractère léger, éphémère de la fleur, autorise une pirouette finale : « ce violent parfum, presque animal, par quoi il semble que la fleur s’extravase... Et donc, puisqu’elle s’extravase, jusqu’au prochain printemps disons-lui au revoir ! » (ibid., 375). La désinvolture est pleinement assumée. Du reste le caractère arbitraire de la clausule est souligné par le fait que cet « au revoir » est encore suivi de quatre tentatives de poèmes…

Notes
335.

Ce retour de l’enfance se manifestera aussi, encore amplifié, dans « La Mounine ».