A. Le fragmentaire et l’informe : Anthracite et Boue

Pendant les années de guerre, la pratique de textes ouverts, tels que ceux de La Rage et plus tard du Savon, n’exclut pas pour Ponge celle de textes beaucoup plus courts et plus « clos », notamment ceux qui seront rassemblés ultérieurement dans Pièces (« Le Platane », « La Pomme de terre », « La Gare »…)340.Et pourtant au sein de certains de ces textes se poursuit également la réhabilitation de l’inachèvement et de l’imparfait. C’est le cas notamment de « L’Anthracite » et de « La Boue ».

Notes
340.

A cette époque, Ponge a aussi le projet de réunir en recueil ces textes qu’il appelle « sapates » et qu’il présente, dans une lettre de 1943 à Gabriel Audisio comme des « textes phénoménologiques, genre Parti Pris » (lettre à Gabriel Audisio du 14 août 1943. Correspondance inédite). (Un mince recueil intitulé Cinq Sapates paraîtra en 1950. Les textes qui le composent seront ensuite reversés dans Pièces.) Coexistent ainsi chez Ponge deux types contrastés d’écriture, qu’il tient à maintenir tous deux en exercice, et qui, jusqu’à la fin de son œuvre, figureront comme un double horizon à son travail.