5. Un nouveau modèle dynamique pour la parole : Le Savon

Le Savon constitue une étape déterminante dans l’évolution de la poétique pongienne de la parole. Le thème de ce texte est en effet essentiellement l’acte de parole : l’usage du savon – avec la mousse qui en résulte – est assimilé d’emblée à l’exercice d’une parole très volubile, par le biais de tout un réseau métaphorique : « bave », « rage volumineuse et nacrée » (S, II, 362), « ambages », « emphase », « volubilité » (ibid., 364), « facilité d’élocution » (ibid., 365). Mais l’étonnant est que cette expérience de volubilité, ce flot de paroles naguère honni conduit ici non à l’enlisement mais à une purification : il y a là « une effervescence, une ébullescence à froid, dont nous sortons d’ailleurs, et voilà la grande leçon – les mains plus pures qu’avant le commencement de cet exercice » (ibid., 365). Voici que le thème de la parole sale s’inverse dynamiquement en celui de parole purifiante. Il me faut m’arrêter sur cette transformation, ses modalités, ses enjeux.