7. A la rencontre des lecteurs effectifs

Entre 1940 et 1945 la relation de Ponge à son lectorat, de même que sa façon d’envisager la publication de son œuvre, connaissent des évolutions essentielles. En cette période où c’est pourtant sous le patronage de Paulhan qu’aura lieu la publication, si longtemps différée, du Parti pris des choses, l’on constate paradoxalement une perte de suprématie du lecteur Paulhan, et une multiplication simultanée des destinataires : Ponge se donne de nouveaux lecteurs, en faisant entrer ses textes dans des circuits de lecture officieux, et en sollicitant des avis. Son engagement communiste et résistant lui fournit du reste à cet égard de nouveaux réseaux, ainsi qu’une légitimité accrue (il est sollicité par des revues résistantes). Avec la parution du Parti pris des choses, en mai 1942, il acquiert enfin un véritable statut d’auteur. Mais parallèlement à cette parution, qui s’est effectuée sous l’égide de Paulhan, on le voit s’engager lui-même activement dans des démarches de publication de ses textes : à la rage d’expression succède une rage de publication.