D. Faire entrer le lecteur dans son propre atelier 

De décembre 1947 aux premiers mois de 1948, Ponge, lors d’un séjour en Algérie, note ses impressions et réflexions, qui seront recueillies sous le titre de « My creative method » et « Pochades en prose ». Ces deux textes manifestent une démarche encore inédite de sa part : s’expliquer sur sa méthode de travail. Certes, ce n’est pas la première fois qu’il ouvre la porte de son atelier : il l’avait fait dès 1941 avec « Le Bois de pins » ; mais l’aperçu qu’il donnait alors de son travail ne concernait que le texte en train de s’écrire, dans une alternance entre rédaction et commentaires réflexifs. C’est la première fois qu’il entreprend de présenter dans son ensemble sa façon de travailler, dans une démarche ouvertement explicative et en somme pédagogique. Or il se trouve – et cela explique largement le fait – que ces explications constituent une réponse à une demande émanant de son propre lectorat.

Nouvel avatar (pleinement positif, cette fois) de sa rencontre avec le public, Ponge se trouve en effet sollicité, en 1947, par des lecteurs qui lui sont déjà acquis – en l’occurrence des lecteurs suisses, particulièrement informés. En octobre, Gerda Zeltner-Neukomm, exprime à Ponge, au nom de la revue Trivium 601, son désir de publier un article de lui, dans lequel il présenterait son projet poétique : 

‘vous nous êtes devenu cher, à moi et à mes amis (…) parce que vous nous apprenez à voir, vous nous appelez à voir et à ressentir dans les paroles une nouvelle substance palpable, merveilleusement matérielle. (…) Ce que nous aimerions donc que vous nous fassiez, c’est de parler de votre « poésie » (…) à un public qui ne vous connaît pas encore très bien et qui, souvent, a de la peine à trouver vos textes 602. ’

C’est bien comme une réponse à cette demande que Ponge présentera « My creative method » :

‘Je n’ai pas publié bien autre chose qu’un petit livre intitulé Le Parti pris des choses. Il y a cinq ou six ans de cela. Et voici que quelques personnes l’ayant lu, il s’en est trouvé un petit nombre pour me demander des explications à son sujet, souhaitant surtout que je dévoile un peu ma méthode créative, comme elles disent (M, I, 525)603. ’

Cependant, Ponge n’oublie pas qu’on lui demande de s’adresser à des destinataires censés encore mal connaître son œuvre. Ce fait s’accorde parfaitement avec son penchant profond pour les explications qui « reprennent tout du début », sans s’appuyer sur une base de présupposés considérés comme acquis. D’autre part, c’est pour lui une occasion précieuse, s’adressant à un public étranger sans doute moins influencé par les lectures critiques – en particulier celle de Sartre – de son œuvre que le public français, de prendre en charge lui-même la présentation de son travail. Avec « My creative method » il s’emploie à replacer clairement son œuvre dans son intention d’origine, à s’expliquer sur le projet qui la sous-tend.

Mais toute la question est précisément là, dans la fonction d’« explication » qu’est censé assumer ce texte. Le fait de « s’expliquer » est, en effet, loin d’aller de soi aux yeux de Ponge, qui, rappelons-le, écrivait en 1924, en tête de la première pièce de son premier recueil : « Je ne saurai jamais m’expliquer ». Faisant lui-même allusion à cette déclaration604, il s’interroge sur son revirement :

‘J’ai commencé (vraiment) par dire que je ne saurais jamais m’expliquer. Comment se fait-il que je ne m’y tienne plus (à cette position) ? 
Car non, vraiment, maintenant, je ne conçois nullement impossible, nullement déshonorant, niais, dupe ou grotesque (vaniteux) de tenter de m’expliquer.
Au contraire je trouve ça très gentil (qu’on me le demande ou propose) et je trouverais un peu ridicule maintenant de répondre par un fier refus de principe. C’est cela qui me paraîtrait niais, dupe et grotesque.
Qu’est-ce donc qui a changé ? (ibid., 519)’

Ce n’est pourtant pas, il faut le rappeler, la première fois qu’il s’explique. Maintes fois il a, par exemple, expliqué et tenté de justifier son parti pris en faveur des choses. Mais c’est la première fois qu’il le fait en réponse à une sollicitation. Jusque-là il s’expliquait sur un mode toujours plus ou moins défensif, ce qui pouvait entraîner un ton parfois glacial ou solennel, voire franchement agressif. « C’est aussi pour vous mettre le nez dans votre caca, que je décris un million d’autres choses possibles et imaginables » écrivait-il ainsi en 1943 dans « Pages bis X » (PR, I, 221). A présent l’explication demandée se situe dans un contexte apaisé et bienveillant. Elle n’en suscite pas moins un certain nombre de problèmes, et elle fournit l’occasion d’importantes mises au point.

A la question « qu’est-ce qui a changé ? » Ponge donne la réponse suivante : « ce qui a changé, c’est mon existence par rapport aux autres, c’est qu’une œuvre existe, et qu’on en a parlé » (M, I, 519). Il est remarquable que sa réponse concerne non un changement personnel mais un changement dans la relation avec les « autres ». C’est la relation désormais établie avec les lecteurs qui modifie en retour sa propre relation à son œuvre, et qui l’autorise à traiter celle-ci en objet (ce terme étant, on le sait, honorifique et non dépréciatif, dans la bouche de Ponge), avec les droits que ce statut d’objet comporte :

‘Ainsi ces choses : mon œuvre, ma personnalité, je puis les considérer maintenant comme toute autre chose, et écouter (répondre à) l’appel a minima qu’elles objectent aux explications qui en ont été données. Il faut que je corrige leurs fausses interprétations (ou définitions)605 (ibid., 519). ’

Par cette déclaration Ponge confère à ses œuvres le statut d’objets du monde, dont il peut et doit, au même titre que les autres objets, rendre compte, – aux « autres ». Il y a là une redéfinition des positions, sous la forme d’une triade auteur-œuvre-public, qui signale que désormais la relation aux hommes est devenue au moins aussi importante que la relation aux objets.

Si le fait de s’expliquer fait l’objet d’un accord de principe, des mises au point s’avèrent nécessaires sur la nature de ces explications. En effet, la demande du public risque de reconduire Ponge à une conception de la parole et de l’œuvre qu’il abhorre par-dessus tout : il ne peut être question pour lui de parler à ses lecteurs dans le but de lui transmettre des « idées » qui serviraient à traduire son œuvre en d’autres termes que ceux dans lesquels elle a été écrite. L’enjeu est pour lui d’éviter un nouvel écueil dans sa relation avec ses lecteurs, écueil rendu possible par sa nouvelle notoriété et la position d’autorité qu’elle lui confère.

Aussi, comme dans la « Tentative », dissipe-t-il d’emblée le malentendu qui consisterait à attendre de lui des « idées ». « Sans doute ne suis-je pas très intelligent : en tout cas les idées ne sont pas mon fort » (ibid., 515), déclare-t-il en préalable, parodiant Valéry606. Le postulat qu’il tente d’établir clairement dans « My creative method » est que, si explications il y a, elles ne pourront en aucun cas concerner son œuvre elle-même, sous forme d’explications de textes, mais seulement sa méthode. Aussi rappelle-t-il que ce qu’on lui a demandé, c’est du reste essentiellement cela : qu’il « dévoile un peu [s]a méthode créative ». Le choix du terme dévoiler est significatif : il participe de ce projet de transparence qui anime Ponge, à l’instar des artistes se laissant observer dans leur atelier. Fort de la conception de l’artiste en artisan qu’il a élaborée dans ses écrits sur l’art, il va lui aussi laisser entrer dans son atelier le lecteur, qui pourra ainsi le « prendre sur le fait, en flagrant délit de création » (ibid., 525), et il va également lui confier certaines des « constatations » auxquelles ce travail donne lieu (constatations qualifiées par lui d’« expérimentales » et soigneusement distinguées des « idées ») (ibid., 516).

Il s’y emploie avec un véritable souci de clarté pédagogique. Ce qu’il livre au lecteur, ce sont vraiment des explications sur son projet, et non de simples memorandums comme ceux qu’il s’adresse parfois à lui-même en marge de son travail d’écriture. Il tente de présenter son travail dans son ensemble, depuis l’origine, et d’en éclairer les prémisses607. L’intention pédagogique se manifeste aussi par des références constantes au lecteur, souvent sous forme d’adresse directe (« Je suis paresseux, et voyez, ce texte même, je suis persuadé que je n’ai pas tellement à le nourrir d’idées originales ») (ibid., 520) ou même dans un mime de dialogue : « Et pourquoi, m’objectera-t-on, recommencer ce qui a été fait à plusieurs reprises (…) ? – Mais, répondrai-je, (…) » (ibid., 516).

Et pourtant, l’on perçoit en même temps dans le texte un refus d’adhérer totalement à la position pédagogique, ou même seulement explicative. Ne serait-ce que dans une désinvolture qui, de loin en loin, manifeste un désir de se dérober à ce rôle, dans une forme d’auto-dérision. Ainsi dans ce passage :

‘Et faut-il pour cela – on pourrait le croire – qu’ils [ les objets littéraires ] soient plus abstraits que concrets ? Voilà la question. …(Complètement abruti par la visite du préfet, je n’ai pu pousser plus loin…) (ibid., 520). ’

Ou encore dans des notations telles que «Traiter ici à fond la question vocabulaire » (ibid., 521), qui restent non suivies d’effet, comme si l’explication avait eu un moment l’intention de se construire en discours organisé, et y avait finalement renoncé. Cette distance par rapport à la posture pédagogique peut surprendre, dans la mesure où Ponge a manifesté à plusieurs reprises son goût pour la pédagogie, et que « My creative method » lui offre précisément une voie toute tracée pour l’exercer608. Cela est en fait révélateur d’un fait essentiel : la relation pédagogique n’intéresse Ponge que comme jeu, comme stratégie (affichée) en direction du lecteur. Il aime surtout la pratiquer de sa propre initiative, comme élément d’un dispositif du texte. Lorsqu’on la lui demande, il tient à montrer qu’il n’en est pas dupe, et qu’il a de fortes réticences à l’égard de tout projet d’explication exhaustive. La posture explicative, si l’on y adhère totalement, menace en effet d’aliénation la parole ; quelques années plus tard, Ponge écrira, dans « A propos de l’art dit explicatif » :

‘Je crois qu’on peut être explicatif, à condition que ce ne soit que m’explicatif ou s’explicatif, ou plutôt selfsplicatif, enfin qu’il ne s’agisse que de s’expliquer authentiquement les choses à soi-même. (…)
Il ne s’agit que de selfspliquer les choses (…) dans leur complétude énigmatique (PE, II, 1018).’

Ce souci d’authenticité, envers soi-même d’abord, hors capture par le désir d’être accepté par autrui, explique ce fait un peu surprenant que, en réponse à la demande de la revue Trivium, Ponge ait proposé un texte qui est en réalité un journal tenu par lui pendant son séjour algérien609. Nulle mise en forme théorique pour ce premier écrit destiné à « s’expliquer », mais des notations éclatées au fil des jours. Conformes, en somme, au projet de laisser voir, comme il vient, le travail qui s’opère au sein de l’atelier. Du reste la référence à l’activité picturale est manifeste dans le texte, ne serait-ce que par l’importance thématique des couleurs (c’est l’exemple célèbre du « rose sacripant »610). Elle est encore plus évidente dans « Pochades en prose » (dont le titre lui-même est une référence picturale) qui donne une place considérable aux recherches en vue d’une définition précise des couleurs611.

Si Ponge ouvre son atelier au lecteur, il se refuse en revanche, on l’a vu, à lui expliquer ses œuvres, et il commente ce refus. Un auteur est, dit-il, « le seul à ne pouvoir expliquer » son texte, « parce qu’il ne peut le dire autrement qu’il ne l’a dit (sinon sans doute l’aurait-il dit d’une autre façon) » (ibid., 529). Cependant, au-delà de cette réponse, qui pourrait au fond être celle de tout poète, le refus d’explication correspond à une conception esthétique proprement pongienne. La suite de l’argumentation est en effet celle-ci :

‘Mais peut-être le fait qu’un poème ne puisse être expliqué par son auteur n’est-il pas à la honte du poème et de son auteur, mais au contraire à sa gloire (…), enfin, peut-être pourrait-on dire qu’un poème qui ne peut aucunement être expliqué est par définition un poème parfait ? ( ..) [Socrate] n’aurait pas eu du tout l’idée de demander qu’on lui explique un poème qui eût porté son évidence avec lui… (ibid., 529-530). ’

Ponge revendique pour ses textes la qualité d’être inexplicables, et ceci à cause de leur évidence (l’un des principaux caractères qu’il souhaite, depuis toujours, leur conférer) :

‘Et peut-être puis-je penser qu’on admet ainsi dès l’abord qu’ils soient assez clairs (…) pour qu’on les reconnaisse inexplicables et qu’on se borne alors à me prier de dire comment j’ai pu parvenir à produire des textes si inexplicables, si évidemment clairs, si évidents (ibid., 535). ’

L’éventualité de voir « expliquer » ses textes heurte violemment son désir qu’ils soient des objets de jouissance immédiate, dans lesquels « on circule aisément, comme dans une révélation »612. D’où ce récapitulatif sur le statut de ses textes :

‘Poèmes, non à expliquer :
1° Poèmes-poèmes : parce que non logiques. Objets.
2° Poèmes-formules : plus clairs, frappants, décisifs que toute explication (ibid., 534)’

Les « Pochades en prose » sont un corollaire précieux à « My creative method » en ce qu’elles éclairent rétrospectivement la notion d’explication en la faisant glisser vers celle (conforme à l’étymologie) de déploiement :

‘Je n’ai pas grand-chose à dire. Rien à prouver. Je ne voudrais rien non plus expliquer. Mais décrire plutôt. Ramener au plus simple. Etaler. Simplifier. (…)
C’est de plain-pied que je voudrais qu’on entre dans ce que j’écris. Qu’on s’y trouve à l’aise. Qu’on y trouve tout simple. Qu’on y circule aisément, comme dans une révélation, soit, mais aussi simple que l’habitude. Qu’on y bénéficie du climat de l’évidence : de sa lumière, température, de son harmonie (ibid., 550-551, je souligne).’

Dans ce passage de « expliquer » à « étaler » se dit une composante essentielle de la relation de Ponge à son lecteur : l’ambition de lui offrir un espace de circulation heureuse, un espace qu’il puisse d’emblée s’approprier. C’est encore un nouvel avatar de la proposition qui lui était initialement faite d’une « Promenade dans nos serres ».

Du reste, la tentative explicative de « My creative method » ne se conçoit pas sans l’appoint essentiel fourni par les « Pochades en prose », écrites simultanément et avec lesquelles elle constitue un dispositif à l’intention du lecteur. Les « Pochades » sont en effet comme un commentaire en acte des principes décrits dans « My creative method ». Ouvrant grand la porte de l’atelier du poète, elles illustrent la mise en œuvre de ces principes dans la quotidienneté du travail. L’un des manuscrits de « My creative method » porte du reste, en page de titre, « MY CREATIVE METHOD, illustrée de pochades en prose écrites en Algérie dans le même temps par l’auteur »613. Ces pochades, encore plus éloignées de toute théorisation que « My creative method » rendent compte d’un travail quotidien « tous azimuts » (aussi bien sur « le faux marbre » de la salle de bains (ibid., 539), que sur les femmes voilées, les jardins et les terrasses), inextricablement mêlé aux faits et gestes quotidiens, plus que jamais ancré dans les circonstances. Ce journal témoigne des sollicitations innombrables auxquelles l’écrivain est confronté, et de ses allées et venues incessantes d’un objet à l’autre, à l’instar du « mécanicien » Braque distribuant ses interventions aux divers objets présents dans son atelier. L’auteur circule dans son atelier comme il souhaite que le lecteur circule dans son œuvre.

Notes
601.

Sous-titrée « Revue suisse trimestrielle pour la science de la littérature et la stylistique ».

602.

Lettre reproduite dans OC I p. 823

603.

Du reste, le titre même que Ponge choisit manifeste une adhésion (nouvelle) aux lectures critiques qui peuvent être faites de son œuvre, puisque « My creative method » est d’abord le titre d’un article de Betty Miller(paru dans Horizon à Londres en septembre 1947) que Ponge désigne comme « l’un de ses critiques les plus bienveillants » (M, I, 527).

604.

Noter que Ponge fait lui même un renvoi, en bas de page, à la « Première ligne du premier texte de ma première plaquette (Douze petits écrits, NRF, 1926) ».

605.

On reconnaît, dans ce désir de rectification, l’un des motifs de la « Tentative orale ». Ponge dira plus loin, pourtant, que l’auteur d’un poème est « le seul à ne pouvoir l’expliquer » (ibid., 528). Sans doute faut-il faire un distinguo entre l’explication d’un texte et la simple rectification d’erreurs d’interprétation.

606.

Lequel écrivait dans La Soirée avec monsieur Teste « La bêtise n’est pas mon fort. »

607.

D’abord le plaisir ressenti devant l’évidence concrète des objets du monde extérieur, qui est, dit Ponge « sa seule raison d’être, à proprement parler son prétexte ». Puis la nécessité d’affirmer son existence en face de chacun de ces objets, ce qui ne pourra se faire « que par une certaine création de sa part à son propos. Quelle création ? Le texte » (ibid. p. 517).

608.

B. Gorillot souligne dans « My creative method » le désir chez Ponge de cultiver une contre-image d’amateur, en avouant volontiers ses négligences ou les impasses de son savoir. Son éloge nouveau de l’amateurisme lui servirait entre autres à contrecarrer « l’excès d’autorité que risquerait de produire l’image du "poète plus que philosophe"» (Le discours rhétorique de Francis Ponge, op. cit. p. 237).

609.

Bernard Beugnot rappelle, dans sa notice, les circonstances de ce choix, à la fin de l’année 1948 : pressé par Fritz Meyer qui lui réclame le texte promis, « Ponge propose, pour ne pas faire attendre la rédaction, de réunir des notes de son journal d’Algérie » (OC I, 1089).

610.

C’est dans le contexte de la recherche d’un qualificatif pour le rose du Sahel que Ponge choisit de se dévoiler « en flagrant délit de création » (M, I, 525).

611.

« Le ciel est une grosse perle de nacre, (…) du bleu au gris-foncé bleu, du beige clair au bleu-gris foncé. (…) Il y a là de l’orangé, et du vert d’algue neuve. Les plages, d’un gris un peu d’asphalte. Entre l’or très pâle, le mordoré, le mastic, le blanc de céruse… » (M, I, 544-545).

612.

C’est ce qu’il écrit, à la même époque, dans « Pochades en prose » ( M, I, 551).

613.

Voir la notice de Bernard Beugnot sur les « Textes d’Algérie », OC I p. 1088-1089.