5. « Le Soleil placé en abîme » : une nouvelle cosmogonie, libératrice de la parole

C’est dans « Le Soleil » que se formule la notion d’objeu. Mais ce texte est surtout une charnière décisive dans le processus de libération de la parole. Il clôt en effet un très long cycle, inauguré par des textes antérieurs au Parti pris des choses, dans lequel la parole a été imaginairement aux prises avec une figure de l’autorité tyrannique incarnée par le soleil. L’achèvement en 1954 du « Soleil », aboutissement d’un dossier ouvert de longue date, intègre de nombreux passages écrits très antérieurement, tous relatifs à ce « mythe solaire »694 prégnant chez Ponge. Mais ce sont les avancées survenues récemment – méditation dans le sillage de « Joca Seria », réflexion sur l’œuvre de Malherbe, élaboration de la notion d’objeu – qui fournissent l’énergie nécessaire à cet achèvement.

Notes
694.

Michel Collot donne ce titre au développement qu’il consacre à l’imaginaire du soleil chez Ponge. Il signale aussi l’existence d’une note manuscrite inédite, du début des années vingt, recensant un certain nombre de textes relatifs à ce thème, et que Ponge a intitulée « Mythe du jour et de la nuit » (Michel Collot, op. cit. p. 207-208).