7. Relation au lecteur

Ce n’est qu’au terme d’un détour que Ponge rejoindra, à cette époque, son lecteur. En effet, malgré la rencontre avec lui, établie oralement dans la « Tentative » et inscrite dans le texte avec La Seine et « Le Verre d’eau », on n’assiste pas, dans les années qui suivent, à l’épilogue pacifié d’une longue histoire avec le lecteur – de même que l’élaboration d’une parole-murmure n’établit pas une fois pour toutes la parole dans un exercice totalement serein et réconcilié. Certes, le mouvement des conférences est lancé, et Ponge ne cessera plus d’en donner737. Mais dans les textes, on assiste au contraire à une nouvelle éclipse temporaire du lecteur, dans le contexte du grand chantier du Malherbe, dont l’un des enjeux est la redéfinition de la position d’écrivain. La charnière ici encore est l’achèvement, en mai 1954, du « Soleil ». On distingue, avant cette date, une période de recherches et de difficultés. Puis « Le Soleil » vient proposer un dénouement, qui se traduit aussitôt par un retour en force du lecteur dans « Malherbe VI » (fin 1954-début 1955). Enfin, le mouvement s’amplifie dans « Malherbe VIII » (1957), qui rend au lecteur toute sa place, au point de sembler en faire in fine le sujet du livre.

Notes
737.

Citons par exemple les conférences qu’il donne à Florence, Rome et Venise en mai-juin 1950, puis à Bruxelles en décembre 1952. En 1955, conférence à Gand sur Malherbe. En juin 1956, conférence entièrement improvisée à Stuttgart, qui sera publiée sous le titre « La Pratique de la littérature » (M, I, 670).