A. Jusqu’au « Soleil » : nouvelle éclipse du lecteur

Dans les premiers chapitres du Malherbe, le lecteur est quasiment absent. L’auteur ne s’adresse pas à lui, ne le prend pas à partie. Il semble que pendant la période que j’ai appelée « d’enfoncement », le retrait s’accompagne d’une mise en veilleuse de la relation au lecteur738. Les conditions du travail sur Malherbe y contribuent par plusieurs aspects.

Notes
738.

A l’appui de cette hypothèse, cette note de novembre 1951 : « Bien entendu je pourrais encore écrire un poème saisissant, abrupt,jaillissant. (…) Mais je n’ai plus la naïveté de m’y tenir (…). Je n’ai plus à me proposer de saisir le lecteur (…). Je puis donc emmener par tous mes chemins, commencer faiblement (ne pas accrocher), être ennuyeux, fastidieux » (PAT 282). Comme on le verra, le renoncement, tout transitoire, à « saisir le lecteur » sera démenti de façon spectaculaire à la fin du Malherbe.