Contexte chronologique

Le contexte chronologique de cette étude est le Paléolithique moyen, lié, dans le Sud-Est, aux premières grandes vagues de peuplements humains. En France, cette période s’étend de l’avant-dernier inter-glaciaire, il y a environ 250 000 ans, à l’arrivée des premières cultures des hommes modernes, il y a environ 30 000 ans. Elle correspond à l’épanouissement d’une culture attribuée à l’homme de Néanderthal, le Moustérien. La limite la plus effective pour établir une distinction entre les cultures du Paléolithique inférieur et celles du Paléolithique moyen, autrement dit entre Acheuléen et Moustérien, est celle de l’apparition du débitage Levallois (Jaubert, 1999). Dans le site le plus ancien d’Ardèche, à Orgnac 3, les niveaux inférieurs datés de 350-300 000 ans, dont l’industrie fait penser à l’Acheuléen, ont permis de mettre en évidence ce type de débitage et ainsi de les associer plutôt à des comportements de type Paléolithique moyen (Moncel, 2003). En l’état actuel des connaissances, aucun site de la région concernée (rive droite comme rive gauche) n’a fourni de niveau Acheuléen en place. Des ramassages de bifaces ou de galets aménagés en surface témoignent tout au plus de l’éventualité d’occupations plus anciennes. Le peuplement qui nous intéresse est donc celui de l’homme de Néanderthal, qui semble avoir occupé la région jusqu’à la veille de l’arrivée des premiers hommes modernes (Chauvet, intervalle de 32 000-30 000 BP pour les plus anciennes, Valladas et al., 2001, fig. 4 et 5). Parmi les dates les plus récentes recueillies dans des niveaux moustériens de sites ardéchois, nous pouvons retenir 43 000 +/- 1 100 par C14 à la Baume Néron (Defleur et al., 1994a), 41 300 par C14 au Ranc de l’Arc (Defleur et al., 1990), 33 200 +/- 1 500 par C14 à l’abri Moula (Evin et al., 1985), 31 750 +/- 583 par le calcul du taux de racémisation des acides aminés à la Baume d’Oullen (Lafont et al., 1984), 31 000 par C14 et 39 000 par U-Th à l’abri des Pêcheurs (Evin et al., 1985 ; Masaoudi et al., 1994) et 29 330 +/- 650 par C14 à la grotte Saint-Marcel (Evin et al., 1985). Ces dates, pour la plupart à la limite de la méthode du C14, devront cependant être confirmées par d’autres méthodes plus appropriées avant de pouvoir être prises en considération.