Historique

La Baume des Peyrards est connue depuis longtemps par les habitants de la région pour sa richesse en «pierres à briquet». E. Arnaud (1869) nous apprend que ce serait le naturaliste avignonnais E. Requien qui, le premier, aux environs de 1808, aurait reconnu l’intérêt paléontologique du site. Toutefois ce visiteur n’écrivit aucun article. Une soixantaine d’années plus tard, en 1865, J. de Terris qui visitait la région, recueillit dans l’abri des éclats de silex qu’il reconnaît taillés par l’homme, ainsi que quelques restes osseux de bouquetin. Cet homme communiqua ses découvertes à E. Arnaud qui, convaincu désormais de l’intérêt du site, entreprit les premières fouilles importantes en 1866 et 1867. Ancien bibliothécaire à la ville d’Apt et ancien juge de paix, E. Arnaud fut le premier auteur qui écrivit sur ce gisement (Arnaud, 1869). Il reconnut à juste titre son ancienneté en faisant remonter les silex taillés «jusqu’à l’époque du Renne». Une vingtaine d’années plus tard, en 1883, le site est connu de G. et A. de Mortillet qui attribuèrent l’industrie de La Baume des Peyrards au Moustérien. L’année suivante, L. Jullian, qui s’intéresse aux stations préhistoriques de la région de Bonnieux et de Buoux, effectue un petit sondage sur la terrasse. Un bref compte-rendu de ces recherches sera donné par H. Nicolas en 1885, qui rapporte également l’industrie à l’époque moustérienne. En août 1889, les membres du Congrès International d’Anthropologie et d’Archéologie Préhistorique, réunis à Paris, peuvent admirer dans une vitrine du Musée de Saint-Germain-en-Laye «des objets en silex de la Baoumo dei Peyrards» (Reinach, 1889, p. 212). En 1900, F. Moulin entreprend une petite fouille dont il fera deux brefs comptes-rendus en 1902. Dans ces derniers, il se montre très hésitant quant à l’âge du gisement et il s’attache, suivant en cela l’idée déjà émise par M. Deydier & F. Lazard, à contredire l’hypothèse d’un approvisionnement lointain en silex soutenue par E. Arnaud. C’est en 1901 et 1902 que remontent les fouilles méthodiques étendues de M. Deydier & F. Lazard. Ils publièrent de façon détaillée leur étude en 1910. S’ils classent la plus grande partie de l’industrie lithique dans « les pièces moustériennes », ils observent néanmoins « une évolution morphologique embarrassante » pour certaines, qu’ils rapportent au début de l’Aurignacien et même au Solutréen inférieur. En 1955, H. de Lumley débute une nouvelle campagne de fouilles à la demande de S. Gagnière, Directeur de la circonscription des Antiquités Préhistoriques. Celle-ci s’achèvera en 1969 et donnera lieu à plusieurs comptes-rendus et travaux publiés (Lumley, 1956, 1957a,b, 1959), dont le plus important représente la remarquable synthèse faite dans son doctorat (Lumley, 1969).