Stratigraphie et chronologie

Le substratum sera atteint à plus de treize mètres de profondeur sous la 29ème couche (Lumley, 1957a,b). H. de Lumley réalise deux coupes stratigraphiques détaillées dans la zone centrale. La première renferme les niveaux supérieurs nommés a à o, et la deuxième, plus complète, rassemble toutes les couches archéologiques numérotées de 1 à 29. Il établit en 1969 la correspondance entre ces deux coupes (fig. 8 et tab. 1).

Sur le plan du remplissage sédimentaire, le plateau des Claparèdes, situé au-dessus, ne laisse actuellement apparaître aucune roche étrangère à la molasse. Ce massif n’est percé d’aucune cavité karstique, ni de diaclase. Il faut donc rechercher l’origine du remplissage ailleurs que dans des sédiments du plateau provenant d’un éventuel réseau karstique. Les sédiments pourraient être issus de la désintégration de la paroi de l’abri et, dans une moindre mesure, des apports éoliens et anthropiques. Les modifications de sédiments seront donc principalement dues aux variations climatiques. Pour interpréter le remplissage de La Baume des Peyrards, H. de Lumley, inspiré par les travaux de E. Bonifay, est justement parti du postulat selon lequel : «les variations climatiques influent sur le remplissage des grottes». Il s’est pour cela aidé de deux facteurs principaux  dans la lecture des couches : la gélivation (plaquettes gélives de molasse) et l’altération (blocs et cailloutis corrodés). Ces considérations méthodologiques faites, H. de Lumley (1969) propose l’interprétation chronologique suivante (tab. 1), aujourd’hui encore utilisée en l’absence de datations absolues :

Cette séquence stratigraphique peut se résumer en trois grandes parties (tab. 1) :

  1. L’ensemble inférieur de l’avant-dernière période froide : sous un climat relativement rigoureux se dépose un épais cailloutis cryoclastique (couches 29 à 25), il contient des blocs non corrodés à angles vifs. A la fin de cette période (couche 24), au cours du réchauffement, les hommes abandonnent pour la première fois quelques vestiges osseux et artefacts lithiques.
  2. L’ensemble médian de la grande période tempérée : les couches 23 à 19 contemporaines de l’interglaciaire Riss-Würm et de l’extrême début du Würm contiennent des blocs corrodés et un remplissage riche en argile brun-rouge témoignant d’un climat chaud et humide. Les hommes ont quitté l’abri, seuls les phénomènes naturels sont observables dans le remplissage.
  3. L’ensemble supérieur de la dernière période froide. Des subdivisions au sein de cette longue période ont été distinguées :

Le Würm récent n’a laissé aucune trace dans le remplissage.