Matériel lithique

En 1976, R. Gilles attribuait l’industrie à un Moustérien typique avec un fort pourcentage de débitage Levallois et un indice Charentien très faible (in Combier & Thévenot, 1976). En 1986, il souligne la présence prépondérante de racloirs dans l’outillage, ainsi qu’une retouche Quina. Il note dans les niveaux supérieurs F et E, un débitage plus laminaire avec une progression des pièces de type Paléolithique supérieur : grattoirs ou lames tronquées. Les matières premières utilisées sont le silex, la chaille, le quartz et le basalte (Gilles, 1986). Par la suite, les travaux de M.-H. Moncel (1998) révisèrent le mode de débitage utilisé, en mettant en évidence une utilisation récurrente et quasi-exclusive du débitage discoïde, laissant seulement une place réduite au débitage Levallois. L’évolution vers une production plus laminaire dans les niveaux supérieurs n’est plus mise en évidence. Tout le débitage est orienté de manière à produire des éclats épais, à talon large et épais, parfois débordant. La rareté des outils est soulignée, les racloirs étant toujours majoritaires. L’exploitation de la matière première est essentiellement locale, axée sur la collecte de silex et de chailles très diversifiés dans un périmètre de trois-quatre kilomètres au maximum. Les quartz, calcaires et basaltes sont également présents à seulement quelques kilomètres du site. La zone la plus éloignée de récupération de silex semble être la zone de Rochemaure, située dans la vallée du Rhône à une trentaine de kilomètres au Nord, riche en rognons de silex marron chocolat de très bonne qualité (Moncel, 1998).

L’existence individualisée du débitage discoïde fait de Saint-Marcel un site moustérien assez original dans le Sud-Est. En effet, dans la plupart des sites du Paléolithique moyen d’Ardèche (Maras, Figuier, Oullens, Ranc Pointu n° 2, Néron, Moula, Flandin) et du Vaucluse (site de plein-air de Bérigoule, la Combette, les Peyrards, le Bau de l’Aubesier, la Masque, les Sablons, Bas-Guillote), le débitage Levallois est prépondérant. L’Abri des Pêcheurs serait le seul site ardéchois à se rapprocher de Saint-Marcel par son mode de débitage discoïde et son faible taux d’outillage. Le débitage discoïde est également largement représenté dans des sites moustériens du Gard (Ioton, Brugas) et de la Drôme (Mandrin), les rapprochant de la grotte Saint-Marcel (Moncel, 1998 ; Moncel et al., 2004 ; Giraud et al., 1998). Selon M.-H. Moncel (1998), la similitude des produits issus des deux modes de débitage, Levallois et discoïde, témoignerait plus de traditions techniques liées à des groupes culturels différents plutôt qu’à un choix lié à des activités spécialisées.