Stratigraphie

L’étude de la séquence stratigraphique du gisement et de son remplissage permet de comprendre l’évolution morphologique du site. Les derniers travaux de M.-H. Moncel (Moncel et al., 2002) établissent, à partir de l’analyse stratigraphique, des études sédimentologiques (Debard, in Moncel et al., 2002) et de celles des micromammifères (El Hazzazi, 1998 ; Desclaux, in Moncel et al., 2002), trois grandes phases différentes de dépôt des sédiments. La première, dans l’ordre chronologique, correspondrait à un remplissage karstique en grotte, la deuxième à en remplissage sous abri et enfin la dernière à un remplissage à l’air libre. Chacune de ces phases contient plusieurs unités archéologiques et géologiques. La séquence se compose de dix ensembles (de A à I), dont quatre au moins montrent la présence d’occupations humaines. Ce sont les ensembles D, E, F et G. Ces niveaux d’occupation sont plus ou moins bien individualisés. Les sédiments reposent sur un plancher stalagmitique, H, bien mis en évidence dans la partie Est du gisement (Payre II), représentant le premier sol en grotte foulé par les Néanderthaliens. Ce plancher s’est mis en place lors d’une période tempérée du stade isotopique 7. Chacun des ensembles de A à I a une particularité géologique qui le distingue, la couleur et la nature de sa matrice ou le nombre et la taille des cailloutis. La description sédimento-morphologique et archéologique de chaque couche, ici détaillée, permet de reconstituer au fur et à mesure la morphologie du site (tab. 2 et fig. 19) :

Ces trois ensembles supérieurs du remplissage, dégagés dans la tranchée prolongeant le boyau, sont marqués par une bioturbation importante.

Aux vues des données sédimentologiques, les sédiments renfermant les dépôts archéologiques montrent une alternance de phases détritiques (recul de la cavité, démantèlement du plancher stalagmitique), entrecoupées de phases humides responsables de l’érosion et de l’induration des sédiments. Les premiers dépôts (unités H et G) se sont mis en place dans une cavité encore fermée comme le montrent la présence de planchers stalagmitiques et l’importance des précipitations au sein des sédiments. Les niveaux de brèches traduisent des circulations d’eau carbonatées lors d’épisodes humides pas forcément associées à des phases d’amélioration climatique (Debard, 1988). La présence de blocs de parois et de fragments de spéléothèmes remaniés révèle les premières phases d’effondrement de l’ancienne cavité. Le recul des parois et du plafond se poursuit avec le dépôt des couches suivantes (F et E). Le passage d’une grotte à un abri, avec un surplomb sans doute peu marqué, entraîne l’érosion accélérée de la partie antérieure du remplissage par appel au vide en relation avec le recul du versant et le ravinement de la partie amont dans les secteurs non protégés. A la suite de cet effondrement, les hommes sont revenus à Payre dans un contexte d’abri sous–roche puis de site de plein air. Les derniers dépôts (D, B et A) montrent d’importantes traces de remaniement liées à la disparition complète des surplombs (Dubois & Debard, in Moncel et al., soumis 2006).