La Baume Flandin (Orgnac-l’Aven)

  • Situation géographique

La Baume Flandin, appelée également Orgnac II, est située à mi-pente du versant Est de la partie amont du thalweg sec de la Combe du Loup, à deux kilomètres cinq cents au Sud-Ouest du village d’Orgnac et à trois cents mètres au Nord-Ouest du hameau de Massargues (fig. 22). Cette grotte, orientée à l’Ouest, comprend deux salles, de vingt à vingt-cinq mètres carrés chacune, et l’entrée d’un réseau, s’ouvrant et se développant dans la formation calcaire de faciès urgonien attribuée au Bédoulien inférieur (Gagnière et al., 1958 ; fig. 23). Le porche d’entrée est en forme d’arc surbaissé de deux mètres de hauteur et sept mètres de largeur (photo 11).

  • Historique

La cavité a été anciennement aménagée en bergerie. Les niveaux archéologiques de la grotte sont reconnus dans les années cinquante par P. Huchard (Combier, 1967). Des investigations sont entreprises de 1954 à 1957 par L. Gauthier, C. Hugues, et S. Gagnière qui récoltèrent une industrie moustérienne en abondance et des fragments osseux de grands mammifères (Gagnière et al., 1958 ; Hugues & Gauthier, 1972 ; photo 12). Ces premières fouilles ne fournissent aucun relevé stratigraphique. En 1967, J. Combier effectue des carottages à la sonde qui permettent de préciser la stratigraphie. En 2005, une nouvelle campagne est lancée par une équipe dirigée par M.-H. Moncel sur la terrasse, dans le but de préciser la stratigraphie du gisement, de retrouver le niveau archéologique (couche 1 de J. Combier) en place et d’effectuer des prélèvements pour une étude pluridisciplinaire (Moncel et al., 2005a ; fig. 24).

  • Présentation du gisement

Les premières fouilles menées par S. Gagnière et ses deux coéquipiers sont localisées dans la grotte, principalement dans la première salle et un sondage pour vérification est effectué sur la terrasse. Celle-ci est artificielle et formée par des déblais tirés de la grotte lors de son aménagement en bergerie. La couche archéologique moustérienne est unique et s’étend à tout le gisement (Gagnière et al., 1958). En 1967, les carottages de J. Combier mettent en évidence trois couches distinctes (du sommet vers la base) :

  • La couche supérieure ou couche 1, constituée de cailloutis cryoclastiques, est rapportée à une occupation moustérienne datée de la première partie du Würm ancien.
  • La couche 2 correspond à une épaisse accumulation d’argile rouge colluviée.
  • La couche 3 est faite de colluvions à caillous friables. J. Combier établit une correspondance entre ces deux couches profondes et la couche c d’Orgnac III, déposée pendant l’interglaciaire Riss-Würm.

Les fouilles récentes, effectuées en 2005, sur deux mètres carrés à l’extérieur de la cavité ont permis d’établir la stratigraphie sur un mètre soixante-dix de profondeur. Quatre niveaux ont pu être distingués (du sommet vers la base ; Puaud, in Moncel et al., 2005a ; soumis 2007 ; fig. 24 et 25) :

  • Couche de déblais brunâtre issu de la vidange de la grotte lors de l’aménagement de la terrasse
  • Cailloutis à matrice noire remaniée
  • Cailloutis à matrice argileuse rouge (niveau archéologique «en place»)
  • Argiles rouges et brunes
  • Matériel faunique

La liste faunique, donnée par S. Gagnière (in Gagnière et al., 1958), fait état de la présence d’Ursus spelaeus, Canis lupus, « Canis vulpes », « Hyaena crocuta (race spelaea) », Lynx pardina, Sus scrofa, Equus caballus,  « Equus de petite taille », Cervus elaphus, « Cervus capreolus », Bos primigenius, Capra ibex, et Lepus timidus. Parmi les Carnivores, l’hyène est la plus abondante (plusieurs individus), suivie du loup et du renard (2 ou 3 individus), puis de l’ours et du lynx, représentés par un seul individu. Chez les herbivores, le cerf, le cheval et le chevreuil sont les espèces majoritaires. L’aurochs, le bouquetin, le sanglier et le lièvre ne sont qu’anecdotiques. S. Gagnière rapproche cette faune tempérée de celle des grottes gardoises de la Verrerie et de la Calmette, et la place également dans une phase avancée de l’interglaciaire Riss-Würm. P. Ayroles (in, Combier et Thévenot, 1976), quant à lui, associe cette faune tempérée plutôt forestière et dépourvue de renne à celle des gisements régionaux du Würm I à climat tempéré frais.

  • Matériel lithique

La matière première est essentiellement locale, provenant de bancs de silex en plaquettes présents en abondance aux alentours du site. L’étude la plus récente de l’industrie de la couche supérieure (« moustérienne ») de la Baume Flandin (Moncel, 2005) a permis de mettre en évidence l’association de deux modes de débitages, Levallois et « direct », produisant 14 % de supports laminaires. Des fouilles récentes (Moncel et al., 2005a, soumis 2007) ont mis au jour un niveau archéologique profond, renfermant une industrie très distincte de celle de la couche 1, découverte lors des anciennes fouilles. Les indices d’un débitage laminaire sont absents de l’assemblage. Une vision tronquée due à la faible étendue de la fouille (sondage de 2 m²) pourrait être à l’origine de cette distinction. Ce niveau correspondrait donc soit au niveau archéologique découvert lors des anciennes fouilles, soit à une occupation antérieure, peut-être en lien avec les couches argileuses stériles décrites plus haut (couches 2 et 3 de J. Combier).