DES CONTEXTES FAVORABLES A L’INSTALLATION HUMAINE

Deux types géomorphologiques de sites ont été étudiés. Il s’agit pour la grande majorité de porches d’entrée de grottes (Balazuc, Saint-Marcel, le Ranc-Pointu, Payre, le Figuier, Oullens et les Pêcheurs) et pour deux habitats, d’abris-sous-roche (les Peyrards et le Maras). Tous ont un accès direct à un cours d’eau. A l’époque des occupations du Paléolithique moyen, les sites moustériens des grottes du Figuier, de Saint-Marcel et du Ranc Pointu n° 2 étaient à proximité quasi-immédiate de la rivière (Debard, 1988). Dans la moyenne vallée de l’Ardèche, le site de la grotte des Barasses à Balazuc appartiendrait à ce même ensemble d’habitats moustériens situés le long des terrasses rissiennes, entre 40 et 55 mètres au-dessus du niveau actuel. Les rivières du Chassezac (Pêcheurs), de la Payre (Payre) et de l’Aiguebrun (Peyrards) ont dû être soumises aux mêmes processus de creusement des vallées, permettant aux Néanderthaliens des accès aux rivières plus rapides et plus faciles que les accès actuels.

E. Debard (1998) remarquait à juste titre que la concentration des habitats préhistoriques aux deux extrémités des gorges de l’Ardèche s’expliquait sans doute par les conditions d’accessibilité des grottes à partir des zones de circulation constituées par la vallée du Rhône et les dépressions sous-cévénoles. En ce qui concerne les sites du Paléolithique moyen des alentours des gorges, tous, à l’exception de la Baume d’Oullens, se situent dans la zone avale, à proximité de la vallée du Rhône. Les sites des Pêcheurs et de Balazuc sont proches de ces dépressions sous-cévénoles, exprimées par le large couloir de la moyenne vallée de l’Ardèche au sud d’Aubenas. La grotte de Payre s’ouvre directement sur la vallée du Rhône. En revanche, la Baume des Peyrards est beaucoup plus isolée et éloignée des larges voies de circulations, à l’image des autres sites moustériens du Vaucluse comme La Combette (Texier et al., 1998) ou encore le Bau de l’Aubesier (Fernandez et al., 1998).

L’exposition des sites étudiés dans ce travail a dû influencer la fréquentation des habitats. Seuls la Baume d’Oullens et le Ranc Pointu n° 2 sont exposés au Nord (Nord/Est pour le premier, Nord/Ouest pour le second). Tous les autres sont orientés à l’Est, à l’Ouest ou au Sud, ce qui favorise une longue exposition quotidienne au soleil. Parmi eux, trois le sont au Sud-Est, ce sont les sites de Payre, des Pêcheurs et du Maras, trois plein Sud, Saint-Marcel, les Barasses à Balazuc et le Figuier, et à l’Ouest et au Sud-Ouest respectivement la Baume Flandin et les Peyrards.

Bien que la géomorphologie des sites ait évolué depuis le Paléolithique jusqu’à aujourd’hui, la plus grande partie des sites actuellement en situation de promontoire devait déjà permettre aux chasseurs d’accéder à un vaste champ de vision des vallées et plateaux environnants. Les sites de Payre et de Balazuc en sont de parfaits exemples. Le premier offre un point de vue sensationnel sur la vallée du Rhône et la vallée de la Payre. D’autres plus encaissés, comme le site des Peyrards, n’offraient pas ce type d’atout, mais en revanche un accès plus aisé à l’habitat.

Tous offrent une large gamme de ressources locales, aussi bien lithiques que fauniques. La plupart livrent des gîtes de silex et autres matières minérales dans un rayon de moins de dix kilomètres. Le silex majoritaire utilisé dans les sites des gorges se présente sous la forme de plaquettes présentes sur la rive droite de l’Ardèche. Quartz, quartzite et basaltes sont quant à eux récoltés dans les lits des rivières de l’Ardèche, mais également de celles du Chassezac et de la Payre. Aux Peyrards, l’approvisionnement en silex est presque exclusivement local. A Balazuc, les hommes récupéraient des galets de basalte dans la rivière et du silex d’assez mauvaise qualité aux abords du site.

Situés au centre de biotopes souvent variés, rassemblant fonds de vallées, gorges, plateaux et parois escarpées, les hommes avaient le choix entre plusieurs groupes d’espèces animales vivant aux alentours (cf. chp. 4.1.2.1.).