VALEUR DES ECHANTILLONS

Les méthodes de fouilles

Excepté le site de Payre, tous les autres sites, fouillés pour la plupart au début de la seconde moitié du 20ème siècle, présentent certaines lacunes en ce qui concerne les relevés de fouille, lacunes qui ont quelquefois entravé notre analyse. Ces problèmes méthodologiques concernent principalement l’analyse spatiale. L’absence de coordonnées des pièces dans ces sites n’a en effet pas permis l’étude minutieuse de leur répartition au sol. Seules les archives des sites de Balazuc et de Saint-Marcel ont fourni des dessins et une localisation par mètre carré qui peuvent servir à mettre en évidence d’éventuelles aires d’activité.

Les sites de Payre, de Saint-Marcel, du Maras, de Balazuc, de Flandin (couche 3 seulement), du Ranc-Pointu, et des Pêcheurs (campagne 2005) ont fait l’objet d’un ramassage exhaustif et d’un tamisage systématique 5 . Grâce à ces procédés, j’ai pu effectuer l’analyse des proportions des parties squelettiques, totalement tributaire d’une bonne représentativité de l’échantillon, ainsi que l’analyse des processus de fragmentation et de fracturation.

Comme il était assez habituel de le faire dans les années cinquante/soixante, dans le site de la Baume des Peyrards, la campagne de fouilles menée par H. de Lumley (1955-1969) a mis au jour une quantité considérable de pièces indéterminables (ou esquilles) non localisées au sein des diverses entités stratigraphiques. Leur étude est donc apparue vaine, ce qui a nui sérieusement à l’examen des stratégies de traitement des carcasses. En revanche, compte tenu de leur potentiel non négligeable en informations paléoenvironnementales, j’ai pris le parti de ne pas exclure de mon étude les restes déterminables ayant le même statut. Cette détermination fut un travail laborieux mais indispensable à une meilleure connaissance générale du site. Les couches fouillées par M. Deydier & F. Lazard n’ont quant à elles pas bénéficié d’une récupération exhaustive du matériel osseux, sous-estimant le taux de restes indéterminés.

En ce qui concerne les sites du Figuier, de la Baume d’Oullens et de Flandin (niveau fouillé à l’intérieur de la grotte), ils ont tous pâti de méthodes de fouille privilégiant pour la faune les restes aisément déterminables (dents, os longs avec épiphyses…). De plus, les restes issus du tamisage sont absents de nos échantillons (pas de tamisage ou éparpillement des collections). Ces carrences en esquilles (pour certaines déterminables) devront être prises en compte dans les interprétations concernant les analyses de la fragmentation et de la représentation anatomique.

A. Leroi-Gourhan écrivait en 1983 :

‘« La paléontologie statistique et l’étude ethnologique des fragments osseux sont de plus en plus pratiquées, apportant de très utiles enseignements ; l’intérêt grandissant pour ces champs de recherches pose le problème de la valeur réelle du témoin ostéologique et entraîne la nécessité d’une critique des documents, comparable à la critique des textes, sans laquelle l’historien ne peut établir de travail valable. »’

Cet auteur notait également à juste titre que le fouilleur avait malheureusement un rôle non négligeable dans la conservation sélective des vestiges, ceci au même titre que la conservation différentielle, l’homme préhistorique et les animaux.

Notes
5.

Cependant, en ce qui concerne les deux derniers, l’objectif des investigations ayant nécessité seulement quelques sondages, les refus de tamis n’ont pas fait l’objet d’une analyse.