Dénombrement et répartition stratigraphique des stocks osseux

Dans cette partie, précisons que nous entendrons par nombre de restes déterminés (NRD) la somme des NRDt et NRDa.

La Baume des Peyrards

J’ai étudié 6971 restes osseux. Parmi eux, 6289 sont déterminables, dont 4718 restes post-crâniens et 1571 crâniens. Les 682 fragments restant sont des esquilles supérieures ou égales à cinq centimètres, stratigraphiquement localisables ou déterminées en tant que retouchoir. Par ailleurs, j’ai pu décompter 12577 fragments strictement inférieurs à cinq centimètres situés au sein de la séquence. Ces fragments seront pris en compte seulement dans les analyses de la fragmentation et de la carbonisation. Le NRT s’élève donc à 19548. Rappelons ici que des milliers d’esquilles dépourvues de marquage ont dû être exclues de ces décomptes. De façon à homogénéiser la répartition stratigraphique des restes osseux issus des différentes fouilles, je les ai rassemblés selon les trois grands ensembles chronologiques (inférieur, médian et supérieur) définis par H. de Lumley (1957b, 1969 ; tab.1). Chacun de ces ensembles sera analysé isolément. La faune de l’ensemble inférieur est très pauvre, tandis que celle de l’ensemble médian est quasiment inexistante. L’ensemble supérieur, subdivisé en trois phases a, b, et c-d, est de loin le plus riche des trois. Une quatrième entité rassemble la grande proportion des restes déterminables non localisés lors des dernières campagnes de fouilles conduites par H. de Lumley (1955-1969). En ce qui concerne les restes non stratifiés issus des fouilles antérieures de M. Deydier & F. Lazard, celles-ci n’ayant pas atteint les couches des deux ensembles médian et inférieur, ils ont pu être attribués d’office à l’ensemble supérieur.

  • L’ensemble inférieur

Cet ensemble renferme 69 restes déterminables (61 post-crâniens et 8 crâniens), 52 esquilles supérieures ou égales à cinq centimètres et 409 fragments osseux strictement inférieurs à cinq centimètres. Dans ce niveau une association a été effectuée sur deux fragments d’une deuxième phalange postérieure de cerf (tab. 4).

  • L’ensemble médian

Seuls 6 ossements post-crâniens déterminables et 12 fragments strictement inférieurs à cinq centimètres appartiennent à cette phase de remplissage du Dernier Interglaciaire, pratiquement vierge de toute occupation humaine. Bien que je ferai apparaître cet ensemble dans les tableaux, il n’en sera pratiquement pas question dans l’analyse des données correspondante. Aucun des restes n’a pu être associé.

  • L’ensemble supérieur

Cet ensemble compte d’une façon globale 2294 restes déterminables (1616 post-crâniens et 678 crâniens), 599 esquilles supérieures ou égales à cinq centimètres et 12156 fragments osseux strictement inférieurs à cinq centimètres. Gardons à l’esprit que ces 2294 ossements ne sont qu’une partie des milliers non localisés appartenant vraisemblablement à cet ensemble, le plus riche des trois. Compte tenu de la faiblesse de l’échantillon de l‘ensemble supérieur d, nous avons regroupé les ensembles c et d dans l’analyse.

  • Ensemble supérieur a : 697 restes déterminables (542 post-crâniens et 155 crâniens), 157 esquilles ≥ 5 cm et 3128 fragments < 5 cm. Cet ensemble est celui qui renferme le plus grand nombre de remontages, à la fois des associations anatomiques (3), dont un atlas et un axis d’un vieux bouquetin mâle, et des associations issues de cassures anciennes sur os sec (4) ou sur os frais (7 ; tab. 4 et photo 21). Parmi ces quatorze remontages, sept proviennent de la couche m fouillée dans la zone 3 et mise au jour par H. de Lumley. Tous contribuent à valider la représentativité de cet ensemble stratigraphique.
  • Ensemble supérieur b : 253 restes déterminables (184 post-crâniens et 69 crâniens), 74 esquilles ≥ 5 cm et 2573 fragments < 5 cm. Un remontage sur cassure sur os frais a été relevé sur un tibia gauche de cerf dans la couche k de la zone 3, appartenant à cet ensemble (tab. 4).
  • Ensemble supérieur c : 1039 restes déterminables (806 post-crâniens et 233 crâniens), 363 esquilles ≥ 5 cm et 6358 fragments < 5 cm. Cet ensemble compte douze associations, huit anatomiques, une sur des fractures post-dépositionnelles et quatre sur des fractures contemporaines des dépôts (tab. 4, photo 20). La plupart (7) remontent sur des ossements de la zone 3 (couches a, d et e) et six ont pu être faites à partir des restes mis au jour par M. Deydier & F. Lazard.
  • Ensemble supérieur d : 6 restes déterminables (5 post-crâniens et 1 crânien) et 58 fragments < 5 cm.
  • Ensemble supérieur indéterminé : 299 restes déterminables (79 post-crâniens et 220 crâniens), 5 esquilles ≥ 5 cm et 39 fragments < 5 cm. De ces restes issus des fouilles du début du 20ème siècle, deux associations anatomiques, l’une entre 1 scaphoïde et 1 capitato-trapézoïde gauche et l’autre entre 1 extrémité distale de tibia, 1 talus et 1 calcanéum droit de bouquetin, ont pu être mises en évidence (tab. 4).

La pauvreté des restes dans les deux ensembles caractérisés par une période de réchauffement climatique, les ensembles médian et supérieur d, pourrait être expliquée soit par un abandon de la région par les hommes au cours des phases climatiques les plus clémentes, soit par une mauvaise conservation des assemblages dans ces couches plus argileuses. Les trois ensembles les plus riches sont les ensembles inférieur, supérieur a et supérieur c, tous marqués par un climat rigoureux.

  • Les restes déterminables non localisés

3951 restes osseux et dentaires sans attribution stratigraphique ont été étudiés. Parmi eux, 3920 sont des restes déterminables (3035 ossements post-crâniens et 885 ossements crâniens) et 31 sont des esquilles ayant servi de retouchoir. Parmi ce grand échantillon osseux un remontage de deux fragments de fémur de cerf a été fait sur la base de fractures anciennes (tab. 4).

Notons qu’aucun remontage n’a pu être observé dans ce gisement entre des ensembles stratigraphiques distincts, ce qui implique que les déplacements gravitationnels au sein du remplissage ont été limités. Ce fait permet entre autre d’entériner mon choix d’une analyse distincte de chacun des niveaux inclus dans cette répartition stratigraphique.