L’action des sédiments

Déplacements et compaction

Le déplacement et le poids des sédiments sur les ossements peuvent entraîner leur abrasion, leur fissuration ou fragmentation et/ou leur déformation (Auguste, 1994a). Ce type de fragmentation sera développé plus loin dans le chapitre 3.4.2.2. De la même façon que d’autres phénomènes abrasifs comme l’usure éolienne, le transport par l’eau et le piétinement (ci-après), ou que des phénomènes corrosifs comme la dissolution, la solifluxion peut aussi être à l’origine de surfaces desquamées et d’arêtes émoussées. Les remaniements et les déplacements de sédiments post-dépositionnels peuvent également laisser sur le cortex de fines stries aléatoires ou parallèles dues à l’impact des particules sédimentaires abrasives. Excepté peut-être aux Peyrards, où l’action du vent sur des assemblages lentement recouverts a pu avoir un impact abrasif non négligeable, nous avons vu dans les autres gisements que la plus grande partie des ossements émoussés et/ou desquamés trouvait son explication dans la dissolution par l’eau avant ou après leur enfouissement. Toutefois, dans certains sites le croisement des données permet d’attribuer également une part de ces altérations à la solifluxion. C’est notamment le cas de la couche 3 de la Baume Flandin fouillée en 2005. En plus d‘altérations comme l’émoussé des arêtes et la desquamation, qui affectent respectivement 11,3 % et 41,2 % de l’assemblage, 21, 6 % des ossements présentent de fines stries aléatoires sur leur surface (fig. 51, tab. 16, fig. 52 et tab. 17). L’hypothèse du glissement du remplissage en direction du vallon, évoquée dans l’analyse sédimentologique (Puaud, in Moncel et al., 2005a, soumis 2007), pourrait également être une explication pour l’origine de ces différents types d’altérations de surface. Rappelons à ce propos que la terrasse est artificielle, elle a été formée par les déblais des anciennes fouilles. Le fémur droit d’Ours des cavernes, retrouvé en position verticale et présentant de longues stries longitudinales parallèles, pourrait également témoigner de ces remaniements post-dépositionnels.

Emoussé, desquamation et rayures à Saint-Marcel pourraient, pour une faible partie, avoir trouvé leur origine dans un léger glissement de terrain ayant affecté plus sérieusement les couches supérieures. Toutefois, sans comparaison avec ce qui s’observe à la Baume Flandin, cette réptation se serait faite de façon très lente et peu perturbante pour l’assemblage puisque nous n’observons aucun os long en position verticale et que de nombreux remontages ont pu être fait à de très faibles intervalles de distance.