Témoignages matériels

La présence de pièces digérées (dents et restes osseux), le plus souvent des os courts, est un élément fréquent dans les repaires d’hyènes. De nombreux coprolithes ainsi que la présence importante de juvéniles sont également des facteurs déterminants, non seulement dans la caractérisation d’un repaire d’hyène (Sutcliffe, 1970 ; Guadelli, 1989 ; Fosse, 1996), mais également de celui d’autres prédateurs comme les loups.

Aux PEYRARDS, vingt-et-un restes osseux présentent des traces d’attaque par les sucs gastriques de Carnivores (tab. 37, figure 72, photo 28), dont neuf dans l’ensemble supérieur et dix dans des niveaux non localisés. Ils représentent un peu plus de la moitié du nombre total de restes marqués par les Carnivores. Pour la plupart ce sont des os courts des membres (NR=14). Les Carnivores susceptibles d’être les auteurs de ces digestions sont le dhôle ou encore l’hyène, déterminée seulement par une canine inférieure gauche non localisée (Rambert, 2000). Deux fragments d’os longs de l’ensemble supérieur de SAINT-MARCEL présentent des traces de digestion par un grand Carnivore (tab. 38, figure 73). Dans cet ensemble, neuf restes montrent des marques de Carnivore sur leur surface. Ces fragments ingérés sont la preuve du passage d’un grand Carnivore sous le porche. Dans l’ensemble F de PAYRE, seuls cinq restes, sur les cents présentant des traces de Carnivores, ont été digérés (tab. 39,118 et fig. 74). Il s’agit d’une dent et de quatre os courts des membres. L’hyène et le loup, présents en nombre égal d’individus (NMI respectifs de 3), peuvent avoir ingéré ces restes. Dans les petits sites ardéchois (tab. 40 et fig. 75), seuls les niveaux 1 et 2-3 de Balazuc et le niveau moustérien fouillé à l’intérieur de la Baume Flandin ont livré des restes ingérés. Dans le niveau 1 de BALAZUC, c’est un cubo-naviculaire de bouquetin qui a subi des attaques de suc gastriques et dans le niveau 2-3 ce sont une première incisive inférieure et un talus de bouquetin. A FLANDIN, la grande majorité des restes ingérés sont des dents de grands herbivores, Equidés ou Bovinés ; notons cependant la présence de trois fragments d’andouillers de cerfs et d’une troisième incisive supérieure d’hyène digérés. A Balazuc, le seul prédateur ayant pu être l’auteur de ces déjections est le loup, tandis qu’à Flandin, la supériorité de l’hyène dans le nombre des grands Carnivores en fait la principale responsable.

En ce qui concerne les coprolithes, aucun site n’en a livré. Cette absence n’est cependant pas significative pour certains d’entre eux où ils n’ont peut-être pas été collectés. C’est sûrement le cas pour le site des Peyrards, où je n’ai pu observer que des fragments osseux dans les refus de tamis et pour toutes les anciennes fouilles des petits sites ardéchois. Ajoutons que lors des investigations récentes effectuées au Maras, aux Pêcheurs et à la Baume Flandin, aucun coprolithe n’a été répertorié. Ceci étant, la faiblesse des surfaces fouillées à ces dernières occasions peut aussi être l’une des explications possibles de ce déficit. A SAINT-MARCEL, l’absence de coprolithes souligne seulement celle des Carnivores et leur faible impact sur l’assemblage. Dans l’ensemble F de la grotte de Payre, le principal Carnivore est l’ours des cavernes. Seule la présence de quelques individus met en évidence le passage de prédateurs tels que les hyènes ou les loups. Toutefois ici non plus aucun coprolithe n’a été répertorié à la fouille.