Fracturation et fragmentation

En ce qui concerne l’étude morphologique des fractures, j’ai observé, pour les éléments osseux déterminables qui permettent aisément de distinguer les fractures sur os frais des fractures sur os sec (mandibules, os longs et os courts, sauf sésamoïdes) et les fragments diaphysaires indéterminables supérieurs ou égaux à cinq centimètres, l’angle, le profil et le bord (Johnson, 1985 ; Villa & Mahieu, 1991). L’usage des proportions de chaque catégorie de formes de fracture à des fins de reconnaissance de l’agent responsable ne peut être qu’un complément à l’analyse des autres processus d’altérations géologiques ou anthropiques. Pour les fragments inférieurs à cinq centimètres, la reconnaissance cassure sur os frais/cassure sur os sec a été faite directement à l’analyse. A l’exemple du travail effectué par A. Bridault (1994) sur des séries mésolithiques, nous considérons les fragments indéterminés comme partie intégrante du même ensemble de faune que les restes déterminés. Leur analyse peut donc apporter des informations sur la fragmentation d’un assemblage au même titre que l’échantillon des déterminés. La morphologie des cassures tient plus à l’état et aux propriétés intrinsèques des os (frais ou sec ; spongieux ou diaphysaire) qu’à l’agent responsable de la fracturation. Ainsi, une fracture oblique et lisse peut être due à la percussion comme à la morsure d’un Carnivore. Les marques annexes (stries, mâchonnements, os ingérés, points d’impact), ainsi que le contexte général du site, sont alors indispensables au discernement (Bridault, 1994). Rappelons qu’il ne s’agit ici que d’un état des données sur les conditions de conservation des échantillons osseux dans leur totalité, la fracturation sur os frais étant abordée plus profondément dans le chapitre sur la différenciation hommes/Carnivores (chp. 4.2.2.) et sur ceux traitant de la récupération de la moelle et de la graisse osseuse par l’homme (chp. 5.1.2. et 5.1.3.). Les trois critères morphologiques utilisés peuvent être décrits ainsi :

• Angle de fracture : il s’agit de l’angle que fait la surface de la fracture avec celle de l’os. Il dépend des conditions physiques de l’os. Ainsi, une fracturation faite sur os frais produira généralement un angle oblique par rapport à la surface de l’os (photos 33, 34 et 35), tandis qu’une fracturation sur os sec ou fossilisé entraînera un angle droit. Nous avons donc dissocié les angles obliques des angles droits.
• Profil de fracture : c’est le contour dessiné par la fracture en regard du grand axe de l’os. Ce critère dépend également des conditions physiques de l’os. Une cassure sur os frais produira généralement une fracture courbe ou en biseau (oblique, photos 33, 34 et 35) et rarement une fracture perpendiculaire à l’axe de la diaphyse (transversale) plutôt caractéristique d’une cassure sur os sec. Les fractures obliques sont les plus fréquentes dans les sites anthropiques (Villa & Mahieu, 1991). Nous avons utilisé trois catégories de profil (Brain, 1981 ; Pickering et al., 2005) : Longitudinale, Transversale et Oblique, cette dernière rassemblant les fractures droites (pointe) ou hélicoïdales (spirale). En 1991, P. Villa & E. Mahieu recensaient à Fontbrégoua la classe « Intermediate », remplacée ici par « Longitudinale ». Pour les auteurs, il s’agissait d’y inclure toutes les fractures « hors catégorie ». C’est à l’analyse qu’il m’a paru nécessaire de créer un nouveau groupe consacré aux fractures longitudinales, très nombreuses dans nos gisements.
• Bord de fracture : c’est l’aspect de la surface de fracture, ce dernier critère est également fonction de l’état de l’os. P. Villa & E. Mahieu distinguent deux classes : les bords lisses et les bords dentelés. Les premiers sont provoqués par une force dynamique sur os frais (photos 33, 34 et 35), et les seconds caractérisent plutôt des os brisés par une force statique sur os sec comme le poids des sédiments ou encore la gélifraction.