Interprétation des profils squelettiques

A la BAUME DES PEYRARDS, nous présentons dans un premier temps la répartition des segments anatomiques pour les trois espèces majoritaires : bouquetin, cerf et cheval (fig. 289 à 296). L’analyse a été fractionnée par grande séquence stratigraphique de façon à pouvoir discerner une évolution des pratiques humaines. L’ensemble supérieur indéterminé est à ce titre exclu de cette analyse et seules quelques observations ont été faites à propos du grand échantillon des non-localisés. J’ai choisi de débuter l’analyse par les couches les plus profondes. Les espèces secondaires ont quant à elle fait l’objet d’une analyse regroupée, suivant également l’ordre des grands ensembles stratigraphiques. Etant donné que l’ensemble inférieur est trop peu représentatif, il n’a fait, lui aussi, l’objet que de quelques remarques concernant les NRDt des ossements des bouquetins et des cerfs. Les restes de Carnivores sont présentés quant à eux dans une dernière partie.

En ce qui concerne tout d’abord l’espèce principale, le bouquetin, dans l’ensemble inférieur, mandibules et os longs inférieurs des membres sont les éléments les plus nombreux, devant fémurs, humérus, os courts, côtes, vertèbres et ceintures. Une extrémité proximale de métatarsien montre des traces d’ingestion par un Carnivore (tab. 184).

Dans l’ensemble supérieur a (tab. 180 et 181 ; fig. 226, 227 et 291) les proportions du MAU total placent les restes crâniens en première position. Ils sont suivis par les membres postérieurs, le squelette axial, les membres antérieurs et enfin par les extrémités des pattes. Seuls le crâne, qui aurait dû apparaître en avant-dernière position, ainsi que les membres postérieurs et le squelette axial, qui sont inversés, ne suivent pas l’ordre de l’intérêt nutritif de chaque partie (cf. supra). Ceci conforte les résultats de la courbe % MAU/indices d’utilité qui n’ont pas montré de corrélation positive significative entre ces deux valeurs (fig. 225). Etant donné que, comme le kangourou chez les Alyawara, la taille et le poids du bouquetin n’ont pas dû être les critères décisifs pour le transport des carcasses, la disparité dans la représentation de certaines parties pourraient s’expliquer par des traitements préliminaires occasionnels lors de consommation sur les aires d’abattage. La présence de tous les éléments anatomiques en proportions assez conséquentes témoigne néanmoins de l’introduction sur le site sinon des carcasses entières du moins de tous les morceaux. Certains biais peuvent aussi contribuer à accentuer les variations, notamment ceux inhérents aux pratiques de détermination ainsi qu’aux calculs du MAU (chp. 3.3.3.). Concernant les restes crâniens, nous avons vu que le nombre de fragments non identifiables de voûte crânienne divisé par un (crâne = un élément anatomique à part entière) surestime les proportions de crânes au sein des assemblages. Par ailleurs, la plus grande facilité de détermination du tibia par rapport aux fragments des autres os longs a sans aucun doute également participé à la surévaluation des membres postérieurs. Enfin, pour revenir sur le problème du calcul du MAU pour les diaphyses des métapodes, regardons de plus près le NRDt de ces dernières par rapport à celui des autres os longs. Dans cet ensemble, ce biais méthodologique ne fausse pas les données puisque le rang des métacarpiens et métatarsiens exprimés en NRDt suit celui donné par les % MAU, ce sera le cas également pour les deux autres ensembles supérieurs. Ces considérations étant faites, la tendance est tout de même à un apport majoritaire des parties charnues sur le site, mettant donc en évidence une prédation humaine primaire des bouquetins. Les extrémités des pattes, largement moins représentées, sont peut-être traitées sur les aires d’abattage ou bien fréquemment rejetées dans des aires de déchets situées à l’extérieur de l’aire fouillée.

Dans l’ensemble supérieur b (tab. 178 et 179 ; fig. 222, 223 et 290), bien que les NRDt des ossements de bouquetins soient très inférieurs à ceux des deux autres ensembles, ils autorisent malgré tout quelques remarques. Ce, d‘autant plus que nous avons vu que plusieurs éléments livraient un NMI équivalent. La distribution anatomique des morceaux de carcasses de bouquetin est différente. Le crâne arrive toujours en premier, mais il est suivi, dans l’ordre, par les membres postérieurs et antérieurs puis par les extrémités des pattes, qui viennent se placer devant le squelette axial. Concernant l’intérêt nutritif des parties, cet ordre est pratiquement inverse de celui donné plus haut. Après le crâne, les membres sont les parties qui dominent largement. Tandis que dans l’ensemble supérieur a les indices de saisonnalité placent majoritairement la capture des bouquetins à la fin de la belle saison et à l’automne alors que les bêtes ont constitué leurs réserves en graisse, dans l’ensemble supérieur b, les venues des hommes semblent plus marquées durant l’hiver. Un besoin supplémentaire en graisse a pu alors pousser les hommes à broyer la chaîne des vertèbres pour en extraire la graisse osseuse. A ce titre il est intéressant de regarder la part en MAU d’autres ressources similaires, comme les extrémités d’os longs, en comparant la représentation respective du MAU des épiphyses et diaphyses d’os longs dans les différents ensembles (fig. 219, 223 et 227). Les histogrammes montrent clairement que dans l’ensemble supérieur b les épiphyses sont largement sous-représentées par rapport aux portions diaphysaires (à l’exception des métapodes, exprimant ici nettement le biais qui leur est propre). Cette rareté pourrait également s’expliquer par le concassage intentionnel de ces parties spongieuses, d’autant plus qu’une telle distribution au sein des os longs ne se retrouve pas dans l’ensemble a sous-jacent.

Dans l’ensemble supérieur c-d (tab. 174 et 177 ; fig. 218, 219 et 289), la distribution anatomique est pratiquement similaire à celle observée en b. Les membres postérieurs succèdent au crâne de très près, suivis un peu plus loin par les membres antérieurs, le tronc et les extrémités des pattes, très peu représentées, seules ces deux quartiers sont inversés par rapport à ce que l’on observe en b. Dans les trois ensembles supérieurs, les membres postérieurs sont majoritaires par rapport aux antérieurs. Ne pouvant pas attribuer cet agencement au seul critère de la plus grande facilité de détermination des membres arrière, il est possible que les quartiers de l’arrière-train, plus riches, aient été plus fréquemment rapportés sur le lieu d’habitat (cf. le transport des carcasses d’Alcelaphinés chez les Hadza). Dans l’ensemble c-d, les passages des hommes ont été plus fréquents durant l’été et l’automne qu’en hiver. On observe néanmoins une moins bonne représentation du squelette axial et des épiphyses d’os longs qu’en a, ce qui indiquerait soit une destruction humaine de ces parties riches en graisse osseuse, soit, pour le tronc, un abandon sur les lieux de capture. En regard des proportions de ces parties spongieuses, l’ensemble des niveaux les plus superficiels se place entre les deux ensembles sous-jacents a et b. Déjà, dans l’analyse de la fragmentation (chp. 3.4.1.), l’ensemble supérieur a révélait les taux les plus importants de portions épiphysaires des trois ensembles supérieurs.

Enfin, tous niveaux confondus, l’ensemble des non-localisés (tab. 182 et 183 ; fig. 230 et 231) classe les membres postérieurs et antérieurs (notamment les tibias et les radio-ulnas) de bouquetin aux deux premières places, devant le crâne, le squelette axial et les extrémités. La place des fragments crâniens a peut-être ceci comme explication que lors des fouilles, les restes dentaires ont été quasiment systématiquement localisés par les fouilleurs, ce qui n’a en revanche pas du être le cas des fragments d’os longs moins aisément reconnaissables. Notons à ce propos que cet assemblage montre là aussi un déficit en épiphyses, de façon toutefois légèrement moins marquée que celui de l’ensemble supérieur c-d. Outre ce fait, le reste du squelette montre le même classement que celui des niveaux supérieurs c-d.

Pour ce qui est des parties squelettiques du cerf de l’ensemble inférieur, la dominance des NRDt des extrémités des membres (zeugopodes, métapodes et phalanges) sur les autres éléments osseux, déjà remarquée chez le bouquetin de ce niveau, l’est à nouveau chez cette espèce. Un fragment de métacarpien présente aussi des traces laissées par les Carnivores, il s’agit ici de marques de dents. Par contre, un segment de radius de cerf strié atteste de l’action humaine, ce qui n’était pas le cas pour les ossements de bouquetin de cet ensemble. Avec aussi peu d’éléments, il est toutefois difficile de tabler sur des stratégies évidentes. Notons seulement à ce propos que la présence majoritaire des éléments pauvres en viande va à l’encontre de tout ce qu’on peut observer pour les autres ensembles stratigraphiques et que le déficit des parties charnues pourrait signifier la récupération par les hommes ou par les Carnivores de morceaux de carcasses charognées.

Dans l’ensemble supérieur a (tab. 191 et 192 ; fig. 235 et 294), la seule différence notable par rapport à la distribution du bouquetin de l’ensemble c-d et des non-localisés est la position des extrémités qui viennent se placer juste devant le squelette axial. Très peu de vertèbres ont été attribuées à ce grand Cervidé. Il est donc ici possible d’émettre l’hypothèse de l’abandon du tronc lors d’un premier traitement sur le lieu d’abattage. Par contre, en ce qui concerne les extrémités des pattes, le calcul du MAU des métapodes a réellement sous-évalué ici leur abondance puisqu’on observe en effet des NRDt en métacarpiens et métatarsiens aussi importants, voire supérieurs à ceux des autres segments d’os longs. Le corps de cette espèce, plus massif et encombrant, a pu, dans le cas d’un nombre restreint de chasseurs et/ou de distances importantes, faire l’objet d’une découpe préliminaire sur le lieu d’abattage de l’animal, et donc, pour le transport à l’habitat, d’une sélection des parties les plus intéressantes d’un point de vue rentabilité nutritive/coût du traitement. Même si la présence de tous les morceaux indique sans doute que quelques carcasses entières ont été apportées, les pourcentages de survie sont encore plus faibles que ceux du bouquetin, avoisinant les 20 %, excepté pour les tibias et les hémi-mandibules, supérieurs à 50 %. Les crânes et les pattes arrière quasi-entières (et non pas seulement les cuisses), dépourvues de leurs phalanges (probablement restées prisonnières des peaux), semblent avoir été les parties de carcasses les plus privilégiées pour le transport.

Dans l’ensemble supérieur b (tab. 189 et 190 ; fig. 234 et 293), la faiblesse de l’échantillon permet seulement de faire quelques observations. Par rapport au niveau sous-jacent, les crânes sont très peu représentés, de façon même inférieure aux extrémités des pattes (métapodes et phalanges seulement). En revanche, le squelette axial est beaucoup plus présent tout en arrivant toujours à la dernière place. Les membres postérieurs et antérieurs sont les deux parties les plus fréquentes. Dans cet ensemble, les hommes auraient donc abandonné sur le lieu de capture plus communément le crâne et le squelette axial, plutôt que les pattes entières.

Dans les couches superficielles c-d (tab. 185 et 186 ; fig. 232 et 292), le NRDt du cerf est à peu prés comparable à celui de l’ensemble a. La distribution y est par contre tout à fait opposée. Le crâne arrive seulement en troisième position, après les membres, dominés par ceux des quartiers avant, et suivis par le squelette axial et les extrémités, qui sont cette fois-ci en dernière position. Les métapodes ont été seulement sous-estimés en ce qui concerne les pattes arrière. Le NRDt des métatarsiens est en effet presque équivalant à ceux des tibias et fémurs, ce qui n’est pas le cas des métacarpiens, représentés par un seul reste.

Dans l’ensemble des non-localisés (tab. 197 et 198 ; fig. 238), membres avant et arrière, isolés de leurs extrémités, arrivent largement en tête de l’assemblage.

Si nous sommes bien en présence d’une distribution liée à un transport sélectif, les stratégies ont donc été différentes dans ces trois ensembles. Dans l’ensemble a, ce sont les crânes et les pattes arrière de cerf qui ont été apportés en priorité sous l’abri, dans l’ensemble b les pattes entières ont été préférées et dans l’ensemble c-d ce sont les membres avant (raquette seulement) et arrière, ainsi que les crânes.

Chez le cheval de l’ensemble supérieur a (tab. 193 et 194 ; fig. 236 et 296), la cuisse a été de loin la partie la plus favorisée par le transport. Les ossements les plus nombreux sont en effet les coxaux et les tibias. La détermination plus problématique des fémurs, surtout pour des espèces de grande taille, pourrait expliquer ici sa sous-représentation. Le sacrum, du fait de sa localisation, a sans doute été apporté avec les cuisses. Dans l’ensemble b, sans compter les dents isolées, seuls onze restes appartiennent au cheval. Il s’agit de fragments issus de trois hémi-mandibules et d’un maxillaire, de trois fragments diaphysaires de segments supérieurs d’os longs des membres postérieurs (1 fémur et 2 tibias), de deux fragments d’extrémités (phalange et métapode) et de deux restes du squelette axial (1 côte et 1 vertèbre cervicale). Ici, les membres antérieurs sont tout à fait absents. Au moins un crâne, une patte arrière et un tronçon de colonne vertébrale de cheval ont donc été rapportés au site. Enfin, dans l’ensemble c-d (tab. 187 et 188 ; fig. 233 et 295) où les Equidés prennent d’ailleurs plus d’importance au sein du spectre des herbivores, membres avant, arrière et crânes sont tous transportés à l’habitat par les chasseurs. Le tronc et les extrémités des pattes sont en revanche quasiment inexistants. On voit nettement que pour ces grosses carcasses, la sélection des morceaux a été encore plus sévère que pour celles du cerf. Pour ces deux types de grands et moyens herbivores, la distance à parcourir et le nombre de chasseurs sont décisifs sur le choix du transport. Ce qui n’a pas dû être souvent le cas pour le bouquetin, femelles et jeunes étant transportables sur les épaules d’un homme. Les ossements de chevaux issus des non-localisés (tab. 199 et 200 ; fig. 239) confortent la répartition observée dans l’ensemble supérieur c-d, à savoir une nette prédominance des ossements portant les parties musculaires riches de la cuisse et de la raquette (contenant l’épaule et le bras).

Pour les espèces secondaires, dans l’ensemble inférieur, sur les huit restes post-crâniens de chevreuil, cinq sont des métapodes, ce qui rejoint ce que nous avions pu observer pour le cerf et le bouquetin. Ils sont associés à un fémur, un tibia et une patella qui contribuent à former une patte arrière quasiment entière. Le seul reste de chamois est un fragment de diaphyse proximale de tibia gauche. Aucun reste crânien ne leur est attribué. En revanche, on trouve dans les restes dentaires un fragment de dent d’aurochs. Un seul fragment diaphysaire de métacarpien de chevreuil montre des stries de boucherie. Aucun des restes de ces herbivores n’a été consommé par les Carnivores.

Dans l’ensemble supérieur a, les ossements de chevreuil (tab. 195 et 196 ; fig. 237) montrent une meilleure répartition des différentes parties de la carcasse. Les cinq segments sont présents sous l’abri. Les membres sont les mieux représentés. De façon plus précise, ce sont les segments supérieurs des membres, autrement dit humérus et fémurs qui ont les MAU les plus importants. Les métapodes, phalanges et autres os courts sont, exprimés en NRDt comme en MAU, loin derrière ces parties charnues des pattes. Le squelette axial est présent et assez bien représenté, juste après le crâne. Ce dernier comprend deux fragments d’hémi-mandibules et trois dents isolées. Cette espèce montre un nombre considérable d’estimations identiques du NMI. Quatre éléments osseux livrent un NMI de deux individus, le NMI le plus fort donné par les restes dentaires étant de quatre. Sur ces quatres individus présents, au moins une carcasse a donc été apportée entière à l’habitat. Pour les autres, les parties les plus charnues des membres ont été privilégiées par le transport. Cinq os longs de chamois ont été recensés, ils regroupent quatre tibias et un radius. Les parties crâniennes sont mieux représentées avec deux fragments d’hémi-mandibules, un condyle occipital droit et quatre dents isolées. Outre deux restes dentaires, l’aurochs compte quatre fragments appartenant au squelette axial. Il s’agit de trois côtes et d’une vertèbre lombaire. La présence de sangliers et d’hydruntins est seulement attestée par des restes crâniens. Pour les seconds, cette distribution peut s’expliquer par le fait qu’il est impossible de distinguer les deux espèces d’Equidés à partir de fragments diaphysaires d’os longs, ils ont donc tous été attribués au cheval, largement majoritaire en ce qui concerne les restes dentaires. Cet ensemble a renferme également sept fragments de carapace de tortue.

Dans l’ensemble supérieur b, le chevreuil compte quatre restes dentaires et neuf fragments d’os longs dont trois appartenant aux membres antérieurs et six aux membres postérieurs. Le chamois quant à lui rassemble quatre dents isolées et un fragment d’hémi-mandibule, ainsi qu’un grand cunéiforme et deux fragments d’humérus et de tibia. L’aurochs est ici aussi représenté par des fragments du squelette axial : deux vertèbres cervicales, ainsi que par deux fragments d’hémi-mandibules et une troisième molaire inférieure. De même, sangliers et hydruntins sont présents seulement par quelques restes dentaires.

Le chevreuil de l’ensemble c-d comprend deux fragments de bois et d’hémi-mandibule ainsi que treize fragments d’os longs (7 humérus, 5 tibias et 1 seul fragment de fémur), deux fragments de scapula et quatre vertèbres (2 cervicales et 2 thoraciques). Les membres antérieurs (épaules) sont donc les plus représentés. Le chamois est présent par quatre dents isolées et par cinq fragments d’os longs appartenant tous aux pattes arrière. Il s’agit de trois fémurs, d’un tibia et d’un métatarsien. L’aurochs est représenté par un fragment d’axis associé à des portions de membres antérieurs (2 humérus et 1 radius) et à une troisième phalange. Les restes crâniens ne sont constitués que d’un fragment de processus coronoïde droit. Le sanglier n’est plus présent que par une branche montante d’hémi-mandibule, tandis que les hydruntins ont disparu.

Au sein de l’échantillon non-localisé, la proportion de chevreuil (tab. 201 et 202 ; fig. 240) est plus importante que celle des chevaux. Ce petit Cervidé est représenté par toutes les parties anatomiques avec une majorité de parties les plus charnues. Parmi elles, par ordre d’importance on trouve les membres antérieurs, les membres postérieurs et le squelette axial. Le crâne et les extrémités viennent ensuite. Cette représentation anatomique témoigne nettement d’un accès primaire des hommes aux carcasses. En ce qui concerne le chamois, l’absence du squelette axial est à relever malgré le fait que certaines attributions erronées de ces parties au chevreuil ait en partie pu contribuer à cette sous-représentation. La détermination ayant été faite grâce à des colonnes vertébrales d’animaux actuels, je pense toutefois avoir été aussi précise que possible. Chez ce petit herbivore, les membres postérieurs sont les parties les plus abondantes, suivis des restes crâniens puis des membres antérieurs et des extrémités des pattes. L’aurochs est représenté par six fragments d’hémi-mandibules ainsi que par sept os longs (1 humérus, 2 ulnas, 1 tibia et trois métapodes) et un fragment de côte. Trois restes dentaires ont été attribués à l’hydruntin, et un fragment d’hémi-mandibule gauche portant la troisième et la quatrième molaire de lait, ainsi qu’une deuxième molaire permanente supérieure, au sanglier.

Enfin, de façon générale les Carnivores sont mieux représentés par les restes crâniens, ce à l’exception des dhôles, présents dans les ensembles supérieurs a et c et dans l’échantillon des non-localisés, qui regroupent un seul reste dentaire (P/3 D), associé à trois fragments d’os longs des membres antérieurs (1 humérus et 2 ulnas), deux vertèbres cervicale et coccygienne et une patella. L’ours brun, présent dans les mêmes assemblages, rassemble quatre restes dentaires isolés et deux os courts (une patella et une première phalange). Le renard est attesté dans l’échantillon non localisé par deux fragments distaux d’humérus et par une hémi-mandibule gauche portant les deux premières molaires. L’ensemble supérieur a compte un processus condylaire d’hémi-mandibule droite et deux dents isolées (une incisive et une canine). Le lynx est largement présent dans l’ensemble supérieur a et attesté seulement par quelques restes dans les ensembles b, supérieur indéterminé et non-localisé. On dénombre une seule deuxième phalange pour le squelette post-crânien et huit restes pour le squelette crânien (4 canines, 1 P4/ D, 1 I/3 D, 2 hémi-mandibules D et G portant P/3 et P/4 ajouté à une M/1 pour la gauche). Une troisième incisive inférieure gauche de grand Félidé (Panthera (Leo) ?) a été mise au jour dans l’ensemble a. Cette attribution demande cependant à être confirmée.

A la grotte SAINT-MARCEL, nous présentons dans un premier temps les trois principales proies, à savoir cerfs, daims et chevreuils. Les quelques parties anatomiques appartenant aux herbivores secondaires, ainsi qu’aux ours et aux oiseaux, ont seulement fait l’objet d’une énumération descriptive.

Dans tous les échantillons, ensemble 7 mis à part, les parties squelettiques du cerf connaissent une même distribution, à savoir une nette prédominance des membres, et plus particulièrement des fragments diaphysaires, sur les squelettes axiaux et crâniens ainsi que sur les extrémités des pattes (tab. 203, 204, 207, 208, 211, 212 ; fig. 243, 244, 297, 251, 252, 299, 257 et 300). Outre l’ordre des membres qui place toujours en première position ceux de l’arrière-train, notons que le squelette axial du cerf de la couche u arrive en avant-dernier devant le crâne et que dans les deux autres ensembles, les extrémités des pattes et le crâne se disputent les troisième et quatrième places tandis que le squelette axial arrive en dernier. L’ensemble 7 est le seul à présenter une part dominante de restes crâniens, par ailleurs surreprésentés du fait de leur fragmentation (tab. 205 et 206 ; fig. 247, 248 et 298). Ici, crânes et membres postérieurs dominent l’assemblage, suivis des membres antérieurs puis, dans l’ordre, des extrémités des pattes et du squelette axial. Nous avons vu que la conservation différentielle n’est pas le facteur principal à l’origine de ces répartitions.

Exception faite de l’ensemble 7 (tab. 203, 204, 207, 208, 211, 212 ; fig. 243, 244, 297, 251, 252, 299, 257 et 300), une première étape de découpe sur le lieu d’abattage, suivie de l’abandon des troncs et des crânes pourrait expliquer pour ce gibier assez lourd, la récupération préférentielle des membres par les chasseurs. Une autre explication est aussi envisageable. L’extrême rareté des épiphyses des os longs fait en effet écho à la sous-représentation du squelette axial en terme de récupération de graisse osseuse. Les quelques indices de saisonnalité du cerf des couches inférieures et u indiquent des venues durant la saison froide. La pénurie en graisse subie par les herbivores en hiver a pu pousser les hommes à une exploitation intensive des carcasses et donc à une destruction des parties spongieuses du squelette. Les extrémités, métapodes, sésamoïdes et phalanges ainsi que les os courts des articulations, carpiens et tarsiens, très largement sous-représentés (tab.), ont aussi pu être laissés sur les lieux de capture.

Dans l’ensemble 7 (tab. 205 et 206 ; fig. 247, 248 et 298), nous observons pour les portions spongieuses (tronc et épiphyses) cette même sous-représentation, en revanche les extrémités des pattes et les crânes sont plus abondants, ce d’autant plus que nous avons vu que les % MAU des diaphyses de métapodes sont ici sous-évalués. La récupération des peaux ou des tendons pour leur traitement sur le lieu d’habitat a sans doute nécessité l’apport des crânes et des extrémités des pattes dans cet ensemble. En ce qui concerne le squelette axial, le tableau 205 indique la présence de nombreux fragments de vertèbres indéterminées, très fragmentées. Cet indice, associé à la présence des côtes va plutôt dans le sens d’une destruction volontaire de la chaîne vertébrale sous le porche, allant de pair avec celle des épiphyses d’os longs. La récupération des métapodes, outre leur apport dans le but d’un traitement des peaux sur le site, a également pu être motivé par leur intérêt nutritif. J. D. Speth (1987b) souligne que les dernières réserves en graisse des bêtes à la fin de l’hiver sont celles des os à moelle. Les métapodes, relativement riches en moelle, ont alors pu être apportés intentionnellement. Ils ont d’ailleurs été systématiquement fracturés (Daujeard, 2004). En période de pénurie en matière grasse (saison hivernale), cette ressource alimentaire ne doit donc pas être sous-estimée. Les indices de saisonnalité du cerf dans ce niveau indiquant plusieurs saisons de captures tout au long de l’année, avec toutefois des pics en été et en hiver, ne permettent pas de distinguer des particularités saisonnières dans les comportements. Nous pouvons tout au plus relever les différences concernant la représentation des extrémités des pattes et des crânes par rapport à celle des trois autres échantillons (ensemble supérieur, inférieur et couche u).

Dans toutes ces couches, la présence de tous les segments, même parfois en très faibles quantités, pourrait indiquer l’introduction de quelques carcasses complètes sous l’abri.

La distribution squelettique du daim de la couche u (tab. 209 et 210 ; fig. 255, 256 et 301) diffère nettement de celle du cerf des ensembles sus-jacents du fait de la présence plus marquée du squelette axial et des épiphyses d’os longs. Ces parties riches n’ont donc pas souffert du même traitement que celles du cerf des couches sus-jacentes, à savoir un abandon sur les lieux de capture ou une destruction de la matière osseuse dans un but nutritif. La répartition des cinq principaux segments est plus homogène et les membres postérieurs et antérieurs ont des MAU identiques. Ces deux points témoignent d’un apport plus fréquent des carcasses entières à la grotte, sans doute dû à la plus grande facilité de transport de ce Cervidé. Les couches g et h de l’ensemble 7 renferment cinq restes attribués au daim (2 tibias et 3 dents isolées). L’ensemble supérieur est dépourvu de ce Cervidé. Tandis que dans l’ensemble inférieur, le daim, à qui a été attribué une deuxième incisive inférieure droite, est représenté par dix-sept ossements post-crâniens. Seize sont des os longs appartenant aux trois segments des pattes. On trouve aussi un fragment de trochlée proximale de talus droit.

Pour le chevreuil de la couche u (tab. 213 et 214 ; fig. 258), on observe également une représentation équitable des cinq portions squelettiques. A l’exception des extrémités qui sont moins abondantes, elle est assez similaire à celle du daim de cette même couche. En revanche, si on regarde la répartition des segments anatomiques de ce petit Cervidé pour les couches sus-jacentes, et notamment pour l’ensemble 7 (tab. 215 et 216 ; fig. 259) où il est bien représenté, on observe la même déficience du squelette axial que chez le cerf. Ce gibier étant beaucoup plus aisé à transporter entier sur le lieu d’habitat, l’hypothèse d’une destruction intentionnelle de ces parties sous l’abri est ainsi renforcée pour ces niveaux. Trois indices de saisonnalité signalent pourtant des captures de chevreuils à l’automne, saison durant laquelle les animaux ont fait leur plein de réserves en graisse. La récupération de la graisse osseuse par les hommes dénote-t-elle alors également des pratiques nutritives d’anticipation en vue de la saison froide ? Les parties les plus nutritives du squelette, épaules et cuisses, étaient apportées préférentiellement, témoignant ainsi de pratiques de chasse plutôt que de charognages. Dans les niveaux supérieurs et inférieurs, on observe en revanche une majorité de segments inférieurs des membres (métapodes, tibias et radio-ulnas). Une seule épaule est présente dans l’ensemble inférieur avec deux fragments d’humérus et de scapula. Le tronc est représenté par quelques fragments de côtes et un sternum dans l’ensemble inférieur. Le crâne regroupe dans ces deux ensembles des fragments de mandibules et de maxillaires et un fragment d’andouiller (ensemble supérieur).

En ce qui concerne les autres herbivores, dans les couches supérieures, deux fragments d’humérus ainsi que deux dents isolées appartiennent au bouquetin. Trois fragments d’os longs (fémur, humérus et radius) ont été attribués au mégacéros et quatre (humérus, tibia, fémur et deuxième métatarsien) au cheval, associés à un reste d’os coxal.

Dans l’ensemble 7, seuls quelques restes appartiennent aux herbivores secondaires, mais ce sont une fois de plus les parties les plus riches en viande qui ont été choisis par les moustériens. Les grands herbivores sont très peu représentés. Si chevaux et Bovinés ont été chassés pendant la fréquentation de l’abri, les produits alimentaires ont été introduits après un premier traitement sur le lieu d’abattage. Des germes dentaires et des molaires de lait ainsi que des jugales très usées de chevaux et de grands Bovidés témoignent de la présence d’individus juvéniles et âgés. Chasses opportunistes ou charognages actifs, dans les deux cas les hommes ont du avoir un accès direct aux carcasses. Pour le bouquetin, qui rassemble douze restes dentaires, la pauvreté des restes postcrâniens associés rend hasardeuse l’analyse des stratégies d’exploitation des carcasses. Le daim, représenté seulement par cinq restes dans les couches g et h n’était pas le gibier de prédilection des néanderthaliens. Pour toutes ces espèces, toutes catégories d’âge mises à part, la proportion importante de pièces de choix (humérus, fémurs, tibias) au sein des quelques restes post-crâniens présents écarterait l’hypothèse d’un charognage exclusif en faveur de chasses opportunistes. L’origine du sanglier est sans doute naturelle. Cependant on peut imaginer un apport humain dans le but de récupérer la peau. En effet, seuls des restes crâniens et des phalanges lui ont été attribués.

L’ensemble inférieur est plus riche. Le cheval est attesté par dix restes dentaires dont une série de six incisives et par un seul fragment appartenant au squelette post-crânien (métapode). De la même façon le bouquetin est seulement présent par des restes crâniens (six dents isolées). Deux fragments de tibia et un de radius appartiennent à un très grand cerf, voire à un mégacéros.

Pour ce qui est des restes crâniens des espèces secondaires de la couche u, on compte trois fragments d’émail de Rhinocérotidé, six restes dentaires de bouquetin, dont une hémi-mandibule gauche portant les trois prémolaires, une série dentaire de prémolaires et molaires supérieures de tahr et deux jugales inférieures isolées de cheval et d’hydruntin. Le squelette post-crânien permet d’ajouter à cette liste d’herbivores un grand Bovidé, représenté par un fragment d’épiphyse distale de radius droit, et le mégacéros, présent par deux fragments de grande taille de fémur et d’humérus. Trois restes de fémur, humérus et radius appartiennent au bouquetin. Tahrs, Equidés et Rhinocérotidés ne comptent pas de restes post-crâniens.

L’aigle est présent dans l’ensemble inférieur par une troisième phalange associée à un os court indéterminé d’oiseau et l’ours par six dents isolées et deux troisièmes phalanges dans la couche u.

Au sein de l’ensemble F de PAYRE, nous présentons les profils squelettiques de chacun des principaux herbivores pour les trois grands niveaux archéologiques Fa, Fb et Fc-d, en commençant par ceux du cerf.

Au sein du niveau Fa, la répartition des cinq principaux segments anatomiques de cerf se distingue nettement de celle des deux gisements précédents par son taux très important en extrémités des pattes (tab. 217 et 218 ; fig. 262, 263 et 302). Dans l’ordre, métapodes, phalanges et sésamoïdes se placent en première position, suivis de près par les membres postérieurs et les membres antérieurs puis, de façon plus espacée, par le crâne et le squelette axial. Nous avions vu dans le chapitre 3.3.3. que la conservation différentielle n’avait pas eu d’impact majeur sur cette distribution anatomique. Le rapport entre les % MAU et les indices d’utilité n’avait révélé aucune stratégie d’intérêt nutritif dans le transport des morceaux (fig. 261). Ce que l’on peut observer en revanche à partir de la représentation des cinq portions du squelette (fig. 262), c’est tout d’abord un apport de quelques carcasses entières de cerf au site (toutes les parties présentes). Ensuite, le déficit des crânes et du tronc peut indiquer leur abandon, après traitement, sur les lieux d’abattage. Tous les ossements des pattes, des plus charnus aux plus maigres, sont en revanche très bien représentés, témoignant d’un apport habituel des membres de cerf à la grotte. Les métapodes et les coxaux sont parmi les ossements qui donnent les valeurs de survie les plus importantes. La meilleure représentation des épiphyses d’os longs (fig. 263) distingue également cet assemblage de ceux de Saint-Marcel et des Peyrards. Seuls les MAU des diaphyses des tibias et des fémurs sont légèrement supérieurs à ceux des épiphyses. Pour les autres os longs, les extrémités sont parfois largement mieux représentées que les portions diaphysaires. Pour les métapodes cette discrimination est toutefois exacerbée par la latéralisation difficile des diaphyses. La présence conséquente de leurs épiphyses a permis d’évaluer les MAU des canons à leur juste valeur. A priori, aucun traitement différentiel de ces parties spongieuses aussi destructeur qu’à Saint-Marcel ne peut être mis ici en évidence. La sous-représentation du squelette axial indiquerait alors, plutôt qu’un broyage intentionnel par les hommes, une réelle sélection lors du transport ou une destruction par les Carnivores. En Fa, les indices de saisonnalité donnent des occupations humaines à la fin de l’été et à l’automne. Les chasseurs de cerf de Payre se seraient donc contentés des réserves naturelles de graisse sous-cutanée accumulées par les animaux à cette période, sans chercher à récupérer systématiquement celle retenue dans les parties spongieuses du squelette.

En Fb, la distribution anatomique du cerf est différente (tab. 219 et 220 ; fig. 266, 267 et 303). Le squelette axial arrive toujours en dernière position mais les extrémités sont renvoyées à l’avant-dernière place, tandis que les crânes prennent la première (représentés notamment par les mandibules). La faiblesse des épiphyses de métapodes a sans doute contribué à sous-évaluer les extrémités. En regard des NRDt, les métapodes sont en effet plus nombreux que les autres segments des membres. Les épiphyses des os longs sont très bien représentées, certains os longs montrent même une absence complète de portions diaphysaires (fig. 267). L’échantillon, beaucoup plus faible, ne permet pas de tabler sur des pratiques humaines effectives comme en Fa mais tout au plus d’observer une fois de plus l’apport de quelques carcasses entières à l’habitat, ainsi que celui plus habituel des membres et des crânes, conjugué à l’abandon fréquent des troncs sur les lieux de capture. Les indices de saisonnalité pour ce niveau donnent des occupations légèrement décalées par rapport à celles de l’ensemble Fa, à savoir des venues à l’automne et en hiver.

En Fc-d, la répartition anatomique du cerf varie encore (tab. 221 et 222 ; fig. 270, 271 et 304). Exception faite des crânes qui sont les ossements les mieux illustrés, notamment par les mandibules comme en Fb, les autres segments mettent en évidence une meilleure unité dans leurs proportions. On observe la même homogénéité pour les trois portions d’os longs : extrémités proximales, diaphyses et extrémités distales. Bien que les épiphyses soient bien représentées (fig. 271) et que la présence d’éléments fragiles témoigne du bon état général de conservation dans ces niveaux profonds, rappelons que les valeurs des pourcentages MAU confrontées à celles des indices de densité (chp. 3.3.3. ; fig. 268) avaient révélé de façon significative une moins bonne préservation des éléments osseux les plus fragiles, peut-être ici en partie responsable de la rareté du squelette axial. Les valeurs de survie des éléments post-crâniens sont sensiblement similaires et ces derniers livrent des NMI très semblables, équivalant à deux ou trois individus. Outre un apport majoritaire des crânes dans la grotte, tous les morceaux des carcasses ont donc été, plus systématiquement que dans les niveaux sus-jacents, apportés à l’habitat. Il faut cependant souligner la supériorité numérique des segments inférieurs des pattes (zeugopodes et métapodes) sur les humérus et fémurs. La catégorie des extrémités a d’ailleurs été sous-estimée par le calcul des MAU des métapodes. Des occupations étalées sur toute l’année ont été mises en évidence.

En ce qui concerne l’impact des Carnivores sur ces distributions anatomiques du cerf, des points comme la présence plus importante des mandibules au sein des restes crâniens, l’abondance des métapodes et la sous-représentation des vertèbres et des côtes, pourraient être en faveur d’une influence de ces prédateurs sur le stock osseux. Celle-ci est néanmoins considérablement tempérée par la présence conséquente des épiphyses d’os longs et par la supériorité générale des fémurs sur les humérus. La mise en évidence d’un accès premier des Carnivores aux carcasses ne tient pas seulement dans l’analyse de la représentation des parties anatomiques mais aussi dans la prise en compte du pourcentage et de la répartition des marques de dents et des stries comme nous l’avons vu dans le chapitre 4.2.1. (Binford, 1981 ; Lupo, 1994 et Lupo & Connell, 2002). Comparées aux taux importants de restes striés de cerfs dans l’ensemble F (tab. 123 : 16,7 % en Fa, 19,3 % en Fb et 22,5% en Fc-d), les faibles proportions de marques de Carnivores sur cette même famille d’herbivores (tab. 120 : 1,6 % en Fa, 2,9 % en Fb et 3,7 % en Fc-d) permettent de tabler sur une accumulation majoritairement humaine des carcasses de cerf.

Pour les autres espèces, dansle niveau Fa le cheval (tab. 223 et 224 ; fig. 272 et 308) indique un apport habituel des membres, postérieurs comme antérieurs, et de leurs extrémités, d’au moins un crâne et de quelques tronçons de colonne vertébrale, dont des thoraciques avec des côtes. Pour cette espèce, l’abandon fréquent du tronc et des crânes sur les lieux d’abattage ou de charognage peut donc être évoqué. D’autant plus que nous avons vu que l’aire fouillée pour le niveau Fa comprend plus des deux-tiers de la surface habitable.

Les grands Bovidés de l’ensemble Fa (tab. 225 et 226 ; fig. 273 et 305) montrent une répartition plus homogène des morceaux de carcasse, indiquant un apport plus fréquent de toutes les parties des animaux rapportés à l’habitat que pour les chevaux. Malgré tout, les membres, et plus particulièrement leurs parties supérieures (ceintures, stylopodes, zeugopodes et basipodes), dominent toujours l’assemblage.

Dans cet ensemble, rappelons que les ossements de chevaux ont été les plus marqués par les Carnivores. Toutefois, les proportions de traces de dents restent encore assez faibles, elles représentent 5,7 % des restes pour ce taxon et la représentation anatomique ne met pas en évidence de particularités spécifiques à une accumulation par l’hyène des cavernes (par exemple une surabondance des métapodes et des humérus). Pour les grands Bovidés, elles sont encore inférieures avec 3,4 % (tab. 120). Les taux de stries de boucherie livrés par ces deux familles de grands herbivores vont dans le même sens, à savoir un impact légèrement moindre des opérations humaines sur les chevaux, respectivement 24,6 et 17,2 % (tab. 123). Il est donc possible d’envisager un apport et un traitement exclusif de quelques parties de chevaux par des grands prédateurs tels que l’hyène et le loup, les plus abondants. Pour les Grands Bovidés, le charognage in situ de carcasses rapportées par les hommes est plus plausible compte tenu des taux très importants des traces de boucherie.

Les Rhinocérotidés de l’ensemble Fa (tab. 231 et 232 ; fig. 276 et 310), forts de 32 restes osseux post-crâniens et de 76 restes crâniens dont 73 sont des dents isolées, indiquent un transport préférentiel des crânes et des membres dépourvus la plupart du temps de leurs extrémités. L’abandon des troncs sur les lieux de mort, ainsi que d’autres parties, nombreuses vu les très faibles proportions des valeurs de survie pour tous les segments du squelette, pourrait s’être opéré sur des carcasses de bêtes tout juste achevées ou sur des charognes récupérées par les hommes ou les Carnivores (cf. chp. 4.5.3.). Les rhinocéros montrent aussi des taux plus importants de stries que de marques de Carnivores, 15,2 % pour les premières et seulement 3,7 % pour les secondes (tab. 120 et 123).

Le chevreuil de cet ensemble (tab. 227 et 228 ; fig. 274) présente quant à lui une très bonne représentation des crânes et des membres postérieurs, associée à la pauvreté du squelette axial et dans une moindre mesure à celle des membres antérieurs et des extrémités des pattes. Chez ce petit Cervidé, il est plus envisageable de penser à une destruction du tronc au sein du site (due aux humains ou aux Carnivores) qu’à un abandon de cette partie lors des captures.

Outre les proportions très faibles de restes osseux appartenant au crâne, le tahr observe la même distribution anatomique que le chevreuil (tab. 229 et 230 ; fig. 275). Son très grand nombre de dents isolées témoigne cependant en faveur d’une présence tout aussi imposante, si ce n’est plus, de cette partie que chez le petit Cervidé. Le tahr compte 35 restes crâniens tandis que le chevreuil en compte seulement 27 (dents comprises). La sous-représentation des segments osseux du crâne pour le petit Bovidé peut s’expliquer par des erreurs de détermination.

Enfin, à propos des espèces représentées seulement par une dizaine de restes, les daims comptent une majorité d’os courts (plus aisément déterminables que des fragments de diaphyses d’os longs), neuf exactement, cinq fragments d’os longs (deux extrémités distales de métatarsiens et trois extrémités proximales de fémurs droits) et quatre dents isolées. Le sanglier rassemble une deuxième et une troisième phalanges rudimentaires ainsi qu’un cinquième métatarsien gauche et cinq dents isolées. Le chamois compte trois os courts et deux dents isolées, le mégacéros un os malléolaire gauche, une extrémité proximale de métatarsien gauche et une première phalange, et les Proboscidiens deux cunéiformes.

Les marques laissées par les Carnivores et par les hommes sur les tahrs et les chevreuils sont plus faibles, représentant respectivement 2,8 % et 2,4 % pour les premières et 8,1 % et 7 % pour les secondes. Pour les espèces plus rares, seul le chamois atteste dans ce niveau d’une action des grands Carnivores (tab. 120 et 123). Quant à l’action humaine, elle est seulement documentée sur les daims et les mégacéros.

Nous avons vu que l’hypothèse d’une moindre action de ces prédateurs sur ces taxons doit être pondérée par la plus faible superficie de surface osseuse offerte et par leur probable destruction. Toujours est-il que l’action majoritaire des hommes sur ces gibiers secondaires nous autorise à attribuer la plus grande partie de leur transport aux chasseurs néanderthaliens.

En ce qui concerne toujours les espèces secondaires, dans l’ensemble Fb seuls les grands Bovidés comptent suffisamment de restes pour un calcul du MAU (NRDt postcr = 30 ; tab. 233 et 234 ; fig. 277 et 306)). Leur distribution anatomique apparaît différente de celle observée en Fa concernant le crâne et le squelette axial. En Fa, les mandibules sont très bien représentées au sein de l’assemblage, tandis qu’en Fb, outre cinq restes dentaires isolés, seul un condyle occipital gauche illustre le crâne. Par contre, sur les 30 restes osseux post-crâniens quasiment la moitié (13) proviennent du tronc des animaux. Sans être négligeable, cette partie du squelette occupe une place moins importante en Fa. Pour ce qui est des pattes, les membres antérieurs sont partout plus abondants que les postérieurs. Quant à leurs extrémités, elles ont été plus fréquemment apportées par les hommes en Fa qu’en Fb. Dans ce dernier, la présence des morceaux de choix (épaules, cuisses et tronc) est plus nette que dans l’ensemble sus-jacent.

Le cheval compte sept dents isolées, un fragment d’hémi-mandibule ainsi que quatre fragments d’os longs (humérus, tibia et métapodes), deux d’os court (deuxième phalange et naviculaire), un reste d’ilium et deux extrémités proximales de côte.

Le chevreuil rassemble une seule dent et quatre restes post-crâniens dont deux os appartenant à la cuisse (fémur et coxal) et deux aux extrémités des pattes (troisième phalange et lunatum).

Nous avons vu dans le chapitre 4.2.1. que le nombre de restes marqués par les Carnivores appartenant à ces trois types d’animaux indiquait qu’en Fb, une part plus importante de leurs morceaux était apportée par ces prédateurs. Les quelques ossements de chevaux et de chevreuils ne suffisent pas à les opposer à une distribution anatomique engendrée par des hyènes. En revanche celle des grands Bovidés montre un taux trop important de squelette axial et trop faible de métapodes pour exprimer une accumulation exclusive d’ossements par ces prédateurs.

Deux dents accompagnées de trois fragments d’os longs (fémur, tibia et métacarpien) et d’une septième vertèbre cervicale appartiennent au tahr. Une extrémité proximale de métacarpien droit a été attribuée au mégacéros ainsi que deux os longs (humérus et fémur) et deux phalanges à des Rhinocérotidés. Cette famille compte également 18 dents isolées. Enfin deux restes crâniens (maxillaire gauche portant de la P3/ à la M2/ et fragment dentaire) indiquent la présence des sangliers. Les seules indices de prédateurs sur les surfaces de ces ossements sont des stries de boucherie sur deux restes osseux de tahrs et de rhinocéros (tab. 120 et 123).

Pour les espèces secondaires des niveaux profonds Fc-d, Equidés, Grands Bovidés et Rhinocérotidés ont bénéficié des calculs du MAU des cinq portions squelettiques.

La répartition de ces segments chez les chevaux (tab. 237 et 238 ; fig. 279 et 309) est quasiment identique à celle de l’ensemble Fa, à savoir une majorité de pattes avec leurs extrémités, associée à la présence d’au moins un crâne et de quelques portions cervicales et thoraciques du tronc. Tous les segments des membres sont représentés en proportions à peu près équivalentes, dénotant un apport souvent complet de ces parties à l’habitat. Ce niveau renferme les plus faibles proportions en restes de chevaux portant des traces de dent mais également en marques de boucherie, respectivement 3,1% et 14,8 %, un écart qui témoigne une fois de plus d’une accumulation humaine prépondérante (tab. 120 et 123).

Comme en Fb, les fragments osseux des crânes de grands Bovidés (tab. 235 et 236 ; fig. 278 et 307) sont très peu représentés (1 seule hémi-mandibule) par rapport au nombre de dents isolées qui leur sont attribuées (17). Le squelette axial est aussi très présent, notamment le tronçon postérieur contenant les lombaires et le sacrum. En ce qui concerne les lombaires, cette extrémité de chaîne vertébrale a pu être rapportée préférentiellement pour la récupération des filets lors d’opérations de découpes consécutives au levage des quartiers arrière contenant coxaux, fémurs, tibias et tarsiens. Pour les sacrums, leur récupération est plus en faveur du transport des cuisses que du squelette axial. Côtes et vertèbres thoraciques sont également bien attestées. Les extrémités des pattes, reléguées à l’avant-dernière place, ne sont pas systématiquement rapportées avec les membres. Les carpiens sont totalement absents de l’échantillon. La grande différence de cette distribution avec celle de Fb mais également avec celle de Fa consiste en la supériorité des membres postérieurs sur les antérieurs (ce qui ne vaut pas pour les segments supérieurs pris isolément, les humérus et les radio-ulnas étant légèrement plus abondants que les fémurs et les tibias). Dans ce niveau, tout en restant toujours assez faibles, ce sont les grands Bovidés qui ont le taux le plus élevé en restes marqués par les Carnivores. Ce dernier est de 5,6 %, un pourcentage qui s’oppose, comme pour les chevaux, à celui bien supérieur des marques d’outils, qui atteint 19,1 % des restes (tab. 120 et 123).

Mis à part les restes crâniens (osseux et dentaires) mieux représentés en Fa que dans ces couches profondes, les profils squelettiques post-crâniens des Rhinocérotidés de ces deux ensembles sont très similaires (tab. 239 et 240 ; fig. 280 et 311). Les membres sont largement majoritaires, avec une supériorité des antérieurs sur les postérieurs, et les MAU des extrémités des pattes et du squelette axial, beaucoup plus faibles, attestent d’un abandon plus fréquent qu’en Fa de ces parties sur les lieux de récupération des carcasses. Au vu des traces laissées par les différents prédateurs dans ce niveau, les Carnivores pourraient avoir eu une responsabilité plus importante dans l’accumulation des restes. Par rapport à Fa, la proportion en ossements striés est moindre et celle des traces de dent légèrement supérieure (tab. 120 et 123). Du point de vue de la représentation anatomique, la part réduite des restes crâniens va aussi dans ce sens.

Pour les autres espèces, le tahr, outre un maxillaire et une hémi-mandibule gauches, regroupe 11 dents isolées et 21 restes osseux post-crâniens. Parmi eux on trouve cinq os longs (1 humérus, deux radius, 1 tibia et 1 métatarsien), quatre coxaux et quatre scapulas attestant de la présence des morceaux de choix (épaules et cuisses), de même pour les sept fragments de vertèbres représentant les trois tronçons du tronc, et un talus droit.

Le chevreuil compte deux dents isolées et cinq fragments osseux du crâne (deux condyles occipitales gauches et trois fragments d’hémi-mandibules). Un fragment de coxal gauche, une patella, une vertèbre lombaire, une première phalange et une extrémité proximale droite de métacarpien lui sont également attribués. Aucune trace d’outil ni de dent n’a donné d’indice sur le type d’introduction de ces deux petits ongulés dans ce niveau. La distribution anatomique plaide plutôt en faveur d’un apport et d’un traitement humain des carcasses.

C’est ici que les Proboscidiens sont les plus nombreux (10 restes). Tous les quartiers sont présents, d’un fragment de défense à des restes de scapula et de coxal, en passant par un reste de vertèbre, des phalanges et un sésamoïde ainsi qu’à des fragments d’ulna et d’humérus. Deux ossements présentant des stries indiqueraient une récupération d’au moins quelques-unes de ces parties par l’homme.

Enfin, daims, chamois et sangliers sont attestés chacun par deux restes, une première molaire inférieure droite et un fragment proximal de scapula droite pour les premiers, une deuxième prémolaire supérieure droite et une extrémité distale de radius gauche pour les seconds et un morceau de canine inférieure gauche et une troisième phalange pour les derniers.

Pour ce qui est des Carnivores, l’ours des cavernes est représenté par la quasi-totalité des éléments squelettiques, mais le taux de conservation de chaque partie anatomique, très variable, indique une grande perte de restes osseux mais aussi dentaires. Les restes des autres Carnivores sont généralement des dents ou des os de l’autopode. Des os du squelette axial ont été déterminés pour un grand félin (lion ou panthère), le dhôle, l’hyène des carvernes et le loup. Quant aux os de la partie supérieure des membres, ils ont été identifiés pour le lion (une ulna), le chat sauvage (un tibia), le renard (un tibia), l’hyène des cavernes (un tibia juvénile) et le loup (une ulna et un fémur). Seuls le loup et l’hyène ont livré au moins un élément appartenant à chacune des grandes unités squelettiques (Auguste et al., in Moncel et al., soumis 2006).

Dans le niveau 1 de la grotte des Barasses à BALAZUC , les treize restes de bouquetins sont deux dents isolées, huit os courts, deux fragments diaphysaires de fémur et de tibia et un morceau de côte. Sur ces treize restes, rappelons que cinq ont des traces de morsures par des grands Carnivores. Cerf, renne et sanglier comprennent chacun un seul reste, une extrémité proximale de radius strié pour le premier, un fragment diaphysaire de métatarsien pour le second et une première phalange de juvénile pour le dernier.

Dans le niveau 2-3, nous avons vu dans le chapitre 3.3.3. que la conservation différentielle n’avait pas eu d’impact significatif sur cet assemblage. La répartition anatomique observée pour le bouquetin (tab. 241 et 242 ; fig. 283, 284 et 312) met en avant le biais inhérent au calcul du MAU des restes de voûte crânienne non latéralisables. Bien que globalement très bien représenté, le crâne est toutefois surreprésenté du fait du nombre important de ces fragments. Ceci étant dit, la distribution témoigne d’apports habituels de carcasses entières dans la grotte. Toutes les parties, à l’exception peut-être des extrémités des pattes, sont bien représentées. Les pourcentages de survie plus faibles des métapodes et des phalanges (réellement soutenus pour les premiers par des nombres de restes inférieurs aux autres os longs) peuvent trouver leur origine dans la trop faible superficie des aires fouillées (chp. 3.2.2.). La présence de carcasses entières, conjuguée à un nombre important d’os longs entiers, de restes de juvéniles, de traces de dents, ainsi qu’à la rareté des témoins d’outils humains sur les ossements (chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125), tout ceci plaiderait en faveur d’une accumulation mixte, faite à la fois de morts naturelles de bouquetins venus se réfugier dans la grotte et d’introductions de carcasses par le prédateur le plus abondant, le loup.

Le cerf du niveau 2-3 (tab. 243 et 244 ; fig. 285) a une répartition assez typique de celle des proies retrouvées dans des repaires de carnivores, à savoir une déficience (ici une absence totale) du squelette axial, associé à une abondance de métapodes. Les segments supérieurs des membres antérieurs et postérieurs (stylopodes et zeugopodes) présentent un nombre de restes équivalent (5) et le crâne est représenté par deux seuls fragments osseux de maxillaire et par treize dents isolées. Au vu des nombres de restes marqués par les hommes ou par les Carnivores (11 pour les premiers et 8 pour les seconds ; chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125), la présence des ossements de cerf pourrait être liée à l’action mixte des deux prédateurs, hommes et loups.

Toujours dans ce même niveau 2-3, le renne, outre trois restes dentaires, rassemble 20 ossements post-crâniens. Il s’agit pour la grande majorité d’extrémités de pattes, ce qui va ici aussi dans le sens d’ossements rapportés par des Carnivores, les hyènes comme les loups (cf. supra). L’autopode compte en effet 16 ossements, dont un talus droit, trois phalanges et douze fragments de métapodes. Les autres segments des membres sont représentés par quatre appartenant au zeugopode, trois fragments de radius (dont deux épiphyses) et un de tibia et aucun au stylopode. Sept de ces restes portent des traces de dents et trois des stries d’outils humains (tab. 125 et 125).

Les Bovinés ont une distribution différente faite d’un nombre plus conséquent de segments proximaux et de restes crâniens. Ces derniers comprennent deux hémi-mandibules droite et gauche ainsi que dix dents isolées. Le squelette post-crânien comporte quant à lui des fragments diaphysaires d’un humérus, de deux fémurs et de deux tibias, une poulie de métapode, un sacrum, un scaphoïde gauche et un grand sésamoïde. Comme les cerfs, la quantité de restes marqués par les deux types de prédateurs est assez équivalente, deux sont striés et trois ont des traces de dents (tab. 124 et 125). Une action combinée des hommes et des loups est donc là aussi observée.

Le cheval est presque exclusivement représenté par des dents isolées, on en compte sept pour un seul ossement post-crânien, une première phalange. Le chamois a une troisième molaire inférieure, un calcanéum droit et six fragments d’os longs des deux segments supérieurs des membres antérieurs et postérieurs (1 humérus mâchonné, 2 radio-ulnas, 2 fémurs et 1 tibia). Les quatre restes de rhinocéros laineux sont des extrémités de pattes, à savoir un cinquième et un troisième métacarpiens, un quatrième métatarsien et une première phalange. Une hémi-mandibule gauche de chevreuil avec ses deuxième et troisième prémolaires et une troisième phalange appartiennent au chevreuil et enfin un maxillaire droit comprenant une rangée dentaire très usée, allant de la deuxième prémolaire à la deuxième molaire, au mégacéros. Pour ces derniers herbivores, seul un fragment diaphysaire cylindrique d’humérus droit de chamois a livré des marques de dents et de rognage. Aucun ne présente de stries de boucherie (tab. 124 et 125). Rappelons que leurs catégories d’âge rassemblaient majoritairement des individus âgés ou très vieux, ce qui témoignerait d’une prédation par les Carnivores ou d’un charognage. En cas d’abattage, il est probable que le bouquetin, habitant local des falaises environnantes n’ait pas nécessité de transport de sa carcasse par morceaux, comme cela a dû être le cas pour les autres herbivores, probablement abattus ou morts naturellement à des distances plus éloignées de la grotte.

Dans le niveau 2-3, un fragment de métapode et une incisive inférieure appartiennent à la marmotte et une jugale inférieure, une scapula, une vertèbre thoracique et un coxal au castor. Rappelons que la scapula de castor présente des traces de morsures.

Les niveaux 4-5-6 comptent seulement un calcanéum de bouquetin immature strié et un fragment de molaire supérieure et un grand cunéiforme de cheval.

Pour ce qui est maintenant de la répartition anatomique des Carnivores dans ces deux échantillons, dans le niveau 1 nous trouvons pour les Ursidés un morceau de calotte crânienne et douze dents isolées, dont cinq lactéales, associés à six ossements post-crâniens comprenant trois fibulas et deux premières phalanges d’ourson et un fragment distal de radius droit. Ces restes sont à associer à un morceau de canine et à un cinquième métacarpien de loup ainsi qu’à un radius gauche entier de panthère.

Le niveau 2-3 est plus fourni et les renards et les ours y sont prédominants. Les premiers regroupent le plus grand nombre de restes (tab. 245 et 246 ; fig. 286) : 55 en tout dont 12 crâniens et 43 post-crâniens. Le crâne réunit 10 dents isolées et deux fragments de maxillaires et le post-crânien une majorité de pattes antérieures et postérieures, pour une grande partie dépourvues de leurs extrémités. Le squelette axial est peu représenté. Pour les ours, ce sont leurs restes dentaires qui sont les plus nombreux. Nous en comptons 29 pour seulement 16 post-crâniens. Ces 29 comprennent un fragment de calotte crânienne, deux morceaux de maxillaires gauche et droit, deux d’hémi-mandibules droites et 24 dents isolées dont neuf lactéales. Quant aux 16 post-crâniens, ils réunissent quatre humérus de fœtus, quatre radio-ulnas, une fibula et une troisième phalange d’ourson et un naviculaire, une fibula, un métapode, un sésamoïde, une côte et un atlas de matures. Les loups rassemblent deux canines et un fragment d’hémi-mandibule droite et, mis à part trois fragments de fibula, de radius et de vertèbre cervicale, douze ossements des extrémités de pattes comprenant un calcanéum et un pisiforme, sept phalanges et trois métapodes. Quatre ossements, dont trois métapodes et une fibula ont été rapportés au chat sauvage, une hémi-mandibule droite, avec la troisième prémolaire et la première molaire droite, un coxal et un tibia gauches à l’hermine, un troisième métacarpien à la martre et enfin une troisième phalange à la panthère.

A la BAUME FLANDIN, rappelons que les taux de restes dentaires par rapport aux ossements dans les échantillons provenant des premières fouilles de la salle étaient parmi les plus importants des assemblages étudiés. L’hypothèse d’une sélection des pièces les plus aisément déterminables avait alors été émise (chp. 3.5.1.). Nous garderons donc ce biais à l’esprit lors de nos interprétations des représentations anatomiques.

Dans la couche 3, le cerf est représenté par quatre dents isolées et 25 restes post-crâniens. Ces derniers rassemblent 19 fragments d’os longs des pattes antérieures (5 humérus et 5 métacarpiens) et postérieures (2 fémurs, 2 tibias, 3 métatarsiens et 2 métapodes), un coxal droit, qui atteste, associé à ces membres postérieurs, de la récupération de la cuisse, trois premières phalanges, une deuxième et un calcanéum qui indiquent la présence des extrémités de pattes. Le squelette axial est absent. Cet inventaire ne concerne que deux mètres carrés de la terrasse, il n’est donc pas représentatif d’un ensemble osseux cohérent. Ici, seule une diaphyse de métatarsien témoigne d’une action des Carnivores (traces de dents). A l’intérieur de la grotte, les restes crâniens de cerf sont beaucoup plus abondants que sur la terrasse. Sur les 49 restes attribués au cerf, 26 proviennent du crâne. Ce sont majoritairement des dents isolées (17), associées à cinq fragments d’andouillers, dont trois ont subi l’action de grands Carnivores (ingestion ou traces de dents), à un reste de maxillaire et à trois d’hémi-mandibules. Les 23 ossements post-crâniens sont pour la plupart des os longs des membres postérieurs, et notamment des segments inférieurs (1 fragment de fémur, 8 de tibias et 4 de métatarsiens). Deux fragments diaphysaires de métatarsien et de tibia présentent des stigmates de morsures. Pour le membre antérieur, ce sont aussi les métapodes qui dominent. Nous comptons un fragment d’humérus et quatre de métacarpiens, dont l’un montre son extrémité proximale rognée. Un fragment de métacarpien rudimentaire est à associer à cette partie. Enfin, quatre talus viennent achever cette liste, dont un qui a été entièrement mâchonné.

L’absence du squelette axial dans ces deux échantillons, conjuguée à la nette prédominance des métapodes au sein des os longs et, dans une moindre mesure (biais probablement lié à l’échantillon), à la forte présence des dents isolées va dans le sens d’une accumulation par les hyènes. Cependant une introduction des ossements dans ce gisement par ce seul prédateur est exclue du fait de la présence d’un nombre global (deux échantillons confondus) de restes striés par les hommes (23) supérieur à celui des restes mâchonnés par les Carnivores (8 ; chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125). L’action humaine n’ayant pas dû se limiter au charognage des déchets de Carnivores, certains de ces morceaux ont certainement été apportés par les Néanderthaliens.

Dans l’échantillon de la grotte, les chevaux caballins, comme les hydruntins, affichent une écrasante supériorité des restes dentaires sur les ossements. Sur les 40 restes de chevaux, 35 sont des dents isolées. Elles sont associées à un fragment d’hémi-mandibule, à deux extrémités proximales de fémurs droits, à une première phalange et à un fragment distal de troisième métatarsien droit. De même, les dix restes d’hydruntin comptent neuf dents et un troisième métacarpien droit d’un jeune individu. Dans la couche 3 de la terrasse, les Equidés comptent un nombre équivalent de restes dentaires et osseux. Cinq dents ont été attribuées à cette famille, un métacarpien gauche à un hydruntin, et un métatarsien droit et trois os courts (1 calcanéum et 1 petit et 1 grand cunéiforme) à des chevaux. Globalement, ce sont donc essentiellement des crânes qui ont été rapportés sur le site. Pour ce qui est des témoins de l’action des deux types de prédateurs, hyènes et hommes, sur la présence des quelques ossements, un tuber calcanei de cheval dans la couche 3 a été rogné et dans les niveaux de la salle, l’extrémité proximale du troisième métacarpien d’hydruntin montre des impacts de canines et cinq de ses neuf dents ont été ingérées. Un seul reste, le troisième métatarsien de cheval provenant de la couche 3, présente des stries humaines (chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125).

Dans la couche 3 de la terrasse, le chevreuil comprend sept os fragments d’os longs, la plupart appartenant aux pattes arrière (2 humérus, 2 fémurs, 1 tibia et 2 métatarsiens), 1 coxal, 1 cubo-naviculaire et 1 patella, qui viennent s’ajouter au quartier arrière prépondérant, et une deuxième phalange. Dans la salle, un talus gauche est rapporté à ce petit Cervidé ainsi que quatre restes crâniens (2 hémi-mandibules gauches et 2 dents isolées). Le traitement de cet animal par les hommes et par les Carnivores a seulement été attesté sur les restes de la couche 3, l’un des deux fémurs présente des stries et un métatarsien a été mâchonné par un Carnivore (chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125). Ces données permettent de penser que le transport d’au moins une cuisse, comprenant les pièces de choix (fémur et coxal) a été opéré par les hommes. L’action du Carnivore sur les extrémités de pattes indiquerait plutôt un accès secondaire à cette partie.

Un fragment de molaire supérieure et une troisième jugale lactéale droite appartiennent au bison dans la couche 3. Cette espèce, plus abondante dans les niveaux de la salle, est alors représentée par sept dents, dont cinq lactéales, et par cinq restes osseux. Ces derniers comprennent une extrémité distale d’humérus droit, deux talus droit et gauche et deux métacarpiens, dont un fragment distal de juvénile et un entier. Ce Boviné est seulement marqué par l’action des Carnivores. L’épiphyse distale de l’humérus ainsi que le talus droit et le métapode entier sont recouverts de traces de mâchonnages et de griffades, probablement a attribuer à l’action des hyènes. Un fragment de molaire supérieure définitive a été ingérée par l’hyène (chp. 4.2.1. ; tab. 124 et 125). La représentation anatomique des Bovinés doit être ici assignée à la responsabilité de ces charognards. La rareté des restes post-crâniens des bisons juvéniles pourrait alors s’expliquer par leur broyage par les hyènes.

Le daim a été reconnu sur une extrémité distale de fémur non épiphysée et par un lunatum droit issus de la couche 3 et par trois dents dans les niveaux de la salle (2 incisives et 1 canine inférieures). Ces restes sont dépourvus de traces. Le renne est présent dans la couche 3 par une première phalange entière perforée par une canine et par un fragment de massacre droit de daguet présentant des impacts et des traces de dents. Les petits Bovidés rassemblent quatre dents de chamois et deux de bouquetins, appartenant au moins chacun à un adulte mature. Le sanglier, reconnu exclusivement dans les collections des anciennes fouilles, regroupe deux défenses et une incisive inférieures.

Les petits animaux comprennent une majorité de Léporidés, respectivement six et sept restes de lapins et de lièvres dans la couche 3 et six et neuf dans la salle. En tout, il s’agit d’une majorité d’os longs des membres, entiers ou avec une extrémité (3 humérus, 2 radius, 3 ulnas, 1 fémurs, 4 métapodes), de quatre os courts (2 phalanges et 2 calcanéums), de cinq coxaux et d’un sacrum. Les cinq hémi-mandibules appartiennent toutes aux lapins. Une troisième phalange de castor et une ulna de grand coq de bruyère complètent cette liste.

Nous avons vu que les Carnivores sont très présents dans ce gisement (chp. 4.1.2.1.). L’hyène est présente dans la couche 3 par une troisième prémolaire inférieure droite peu usée et dans le niveau de la salle par deux quatrièmes prémolaires, l’une très usée et l‘autre quasiment vierge, deux troisièmes incisives supérieures très usées, deux canines, inférieure et supérieure, présentant le même degré d’usure, et par une vertèbre thoracique de juvénile. L’une des incisives a été ingérée. La couche 3 compte un cunéiforme latéral gauche, une troisième prémolaire inférieure et un fragment de canine supérieure de loup et les niveaux de la salle seulement un axis et une deuxième incisive supérieure gauche. Dans la couche 3, les Ursidés comprennent un talus gauche, deux fragments d’os longs (1 fémur quasi-entier et 1 extrémité proximale de radius), une patella gauche entière et une extrémité proximale de fibula gauche. Deux canines d’Ursidés, dont une lactéale et une permanente très usée, sont issues du niveau de l’intérieur de la salle. Pour les grands Carnivores, nous comptons également dans la couche 3 et la salle, respectivement un grand sésamoïde interne et un lobe distal de première molaire inférieure droite de panthère. Les renards, les plus abondants de cet ordre, rassemblent 6 et 7 restes dans chacun des deux échantillons. Il s’agit sur la terrasse (couche 3) d’une canine inférieure, d’une hémi-mandibule et de quatre os longs (1 humérus, 1 radius et 2 métapodes) et dans la salle de six restes crâniens et d’une première phalange. Le lynx est seulement présent dans le niveau de la terrasse avec une canine supérieure et trois vertèbres. Enfin les Mustélidés sont illustrés par une extrémité proximale de fibula droite de loutre et par un quatrième métatarsien droit de blaireau.

A l’abri du MARAS, le renne est dominant dans le niveau 1 et dans l’ensemble supérieur.

Dans le niveau 1, qui fut fouillé dans sa totalité sur une grande partie de la terrasse actuelle (vingtaine de m²), cet herbivore rassemble quatre dents, deux fragments d’hémi-mandibule et d’andouiller ainsi que 17 os longs. La majorité sont des segments des membres antérieurs (2 humérus, 4 radius et 4 métacarpiens). Le membre postérieur regroupe quant à lui trois fragments de tibias et trois de métatarsiens. A ceci il faut ajouter une poulie de métapode indéterminé. L’ensemble est assez pauvre mais il faut cependant noter l’absence du squelette axial et des ceintures.

Les couches sous-jacentes appartenant à l’ensemble supérieur ont été atteintes sur une dizaine de mètres carrés. Cet assemblage est pourtant beaucoup plus riche. Le renne compte 88 restes osseux crâniens et post-crâniens et 16 dents isolées. Ces nombres ont autorisé les calculs des MAU des cinq principales portions du squelette (tab. 247 et 248 ; fig. 287 et 313). Leurs proportions respectives permettent de mettre en évidence l’absence quasiment totale du tronc (un seul morceau de côte) et des phalanges. En revanche, os courts et métatarsiens des pattes arrière sont largement prépondérants. Les segments supérieurs arrière sont également plus nombreux que ceux des quartiers avant. De même, un fragment de ceinture pelvienne est recensé alors que la scapulaire n’en compte aucun. Le crâne est assez bien représenté avec une grande quantité d’hémi-mandibules, mais aucun fragment de bois n’atteste de leur apport sous l’abri. Dans ces deux couches supérieures (niveau 1 compris), l’analyse de la conservation des états de surface avait suggéré l’impact de la conservation différentielle sur les ossements. Les assemblages initiaux ont été certainement biaisés par une mauvaise préservation (chp. 3.5.1.). Au vu de ces données il est donc seulement possible d’émettre l’hypothèse d’un apport préférentiel des quartiers arrière, les plus riches, à l’abri. Le déficit des phalanges par rapport à la richesse des métapodes peut peut-être s’expliquer par un traitement différentiel de ces petits ossements lors du dépouillement des bêtes.

Dans l’ensemble inférieur, fouillé sur seulement quatre mètres carrés, la conservation s’est révélée meilleure. Le renne devient l’animal secondaire derrière le cerf. Il comporte deux fragments de fémurs et quatre de métacarpiens.

Dans ces niveaux profonds, le cerf est donc un peu plus abondant. Deux hémi-mandibules, une troisième molaire inférieure gauche et une crache droite représentent le squelette crânien. Le post-crânien consiste en neuf fragments d’os longs antérieurs (1 humérus, 1 radius et 3 métacarpiens) et postérieurs (2 fémurs et 2 métatarsiens), une première phalange et un morceau de côte. Dans le niveau 1, cette espèce était déjà remarquée par un crache gauche et quatre restes d’os long (2 tibias, 1 humérus et 1 métacarpien) et dans l’ensemble supérieur par sept os longs, essentiellement des métapodes (2 métacarpiens, 1 tibia et 4 métatarsiens).

Après ces deux Cervidés, les Equidés prennent la troisième place au sein des cortèges fauniques de ce gisement. Le niveau 1 renferme trois fragments diaphysaires provenant de deux fémurs et d’un radius, cinq dents isolées et un morceau de branche horizontale d’hémi-mandibule. Une première molaire inférieure droite appartiendrait à un hydruntin. Ce dernier est aussi présent dans l’ensemble supérieur avec deux hémi-mandibules droites et deux jugales. Dans cet assemblage, les chevaux comptent 20 restes crâniens, dont un os hyoïde et deux fragments d’hémi-mandibules, les 17 autres étant des dents isolées. A cette liste il faut ajouter 12 morceaux d’os long (1 humérus, 5 radio-ulnas, 3 fémurs et 3 tibias), un petit sésamoïde et un fragment de processus articulaire crânial de vertèbre cervicale. Ici, les membres, ainsi que des crânes et une partie du cou des chevaux ont été rapportés sous l’abri par les hommes. Enfin, dans l’ensemble inférieur, ces grands herbivores sont représentés par deux jugales, une partie de scapula, deux de radio-ulnas, une de troisième métacarpien, une de fémur et quatre de tibias.

Les grands Bovidés du niveau 1 sont riches de six dents, d’un fragment d’hémi-mandibule de deux fragments diaphysaires d’humérus et de tibia. Ceux de l’ensemble supérieur, d’un fragment d’hémi-mandibule droite portant la troisième molaire et de six restes de segments supérieurs des membres (stylopodes et zeugopodes) comprenant un d’humérus, un de radio-ulna, deux de fémurs et deux de tibias. Ces ossements correspondent à des morceaux de carcasse parmi les plus riches du squelette.

Le bouquetin, présent dans l’ensemble supérieur, est surtout représenté par des restes dentaires, sept sur neuf au total. Les deux autres sont un morceau de cheville osseuse et un segment distal de première phalange. Chacun des trois échantillons de ce gisement compte un reste crânien de chevreuil. Enfin, le sanglier a été reconnu dans l’ensemble inférieur par la partie distale d’un cinquième métatarsien gauche.

Les ensembles du niveau 1 (mauvaise préservation) et des couches inférieures (surface de fouilles trop réduite) ne sont pas assez représentatifs pour permettre une interprétation des données. L’importance des marques de boucherie par rapport à celle des Carnivores, presque inexistantes (tab. 124 et 125), conjuguée à l’absence de ces derniers dans la liste faunique, nous autorise cependant à attribuer ces distributions squelettiques à l’action humaine.

A l’abri des PECHEURS , le bouquetin regroupe 102 restes post-crâniens contre seulement six dents isolées (tab. 249 et 250 ; fig. 288 et 314). Exception faite de l’absence des restes osseux crâniens, certainement due à la faiblesse de l’échantillon ou au broyage de ces parties par les loups lors de la récupération de la cervelle, on observe à peu près le même ordre d’importance de chacune des quatre autres portions squelettiques que pour le bouquetin de Balazuc. Les membres postérieurs sont les plus abondants, suivis par le squelette axial (cette dernière partie est en proportion similaire à Balazuc) puis par les membres antérieurs et enfin par les extrémités des pattes. Cette distribution permet ici aussi de reconnaître l’apport de carcasses entières dans la grotte. Nous avons vu dans le chapitre 4.5.3. que le tiers de ces ossements appartenait à des juvéniles et dans le chapitre 4.2.1. que les marques de dents étaient plus fréquentes que celles des outils. Certains apports pourraient correspondre à la deuxième séquence de consommation des proies par les loups, poussés à mettre leurs dépouilles à l’abri des autres prédateurs ou à l’apport à la tanière de nourriture pour les jeunes loups (Hénault & Jolicoeur, 2003). Rappelons également l’hypothèse émise par A. Prucca (2001) qui émettait la possibilité que la cavité ait servi de piège naturel pour les jeunes bouquetins venus y chercher refuge lors d’intempéries. L’acquisition des morceaux de carcasse par les loups serait alors de type opportuniste.

En ce qui concerne les autres herbivores, le cerf compte un grand sésamoïde et un cubo-naviculaire droit entiers et un olécrâne droit strié. Trois restes dentaires y sont associés. Quant au chevreuil il rassemble seulement deux prémolaires inférieures gauches. Le renne en revanche est représenté exclusivement par des ossements réunissant un fragment de gouttière dorsale de métatarsien, deux premières phalanges et un cubo-naviculaire gauche. Deux os courts illustrent la présence d’oiseaux dans la cavité et une jugale supérieure celle du castor.

Les Carnivores sont nombreux et notamment les loups et les ours des cavernes. Les premiers sont riches de quatre incisives, trois carnassières inférieures et un fragment de processus palatin du maxillaire pour les restes crâniens. Et pour ceux du post-crânien, nous dénombrons quatre segments d’os long du membre antérieur (1 humérus, 1 radius juvénile, 2 ulnas), trois du membre postérieur (1 fibula, 2 métatarsiens entiers), deux vertèbres coccygienne (juvénile) et sacrée, une vertèbre lombaire, une patella et une troisième phalange. Sont attribués aux ours des cavernes un morceau d’hémi-mandibule et trois jugales isolées, trois os longs entiers (1 ulna et 2 métapodes), trois fragments proximaux de côtes et dix os courts (un cuboïde, un cunéiforme, un naviculaire, deux grands sésamoïdes, trois premières phalanges, dont une de fœtus, et deux troisièmes). Les renards comptent deux hémi-mandibules gauches et une incisive isolée, cinq os longs (3 segments proximaux d’1 humérus et de 2 ulnas et 2 métapodes), un atlas, deux vertèbres lombaires et une deuxième phalange.

A la grotte du FIGUIER , la représentation anatomique met en évidence pour toutes les espèces une prépondérance des éléments dentaires sur les ossements post-crâniens. De la même façon que pour l’assemblage osseux de la salle à la Baume Flandin, cette surreprésentation pourrait avoir comme origine une sélection des vestiges à la fouille.

Ce sont les rennes qui sont les animaux les plus communs. Nous comptabilisons pour le crâne cinq hémi-mandibules droites dont une présentant des stries, six gauches, un maxillaire droit et deux gauches, et treize dents isolées. Le reste du squelette rassemble onze fragments d’os longs dont huit appartiennent au membre antérieur (2 humérus, 4 radius, 1 olécrâne rogné et 1 métacarpien) et trois à des métatarsiens, l’un présentant des marques de boucherie, sept os courts (1 cubo-naviculaire gauche, 1 grand cunéiforme droit, 1 grand sésamoïde et 2 premières, 1 deuxième et 1 troisième phalanges) et une vertèbre lombaire.

Viennent ensuite les chevaux avec 18 dents isolées appartenant à au moins quatre individus adultes (jeune, mature, âgé et sénile), une extrémité distale de tibia gauche et deux fragments diaphysaires de tibia et d’humérus, ce dernier étant strié, puis les bouquetins avec 15 dents (1 juvénile, 1 jeune adulte et 2 matures), une deuxième phalange et un fragment proximal de scapula avec un impact de canine. Nous recensons sept restes crâniens pour le cerf, comprenant trois fragments de branche horizontale d’hémi-mandibule, trois dents isolées et une extrémité d’andouiller (1 juvénile, 1 jeune adulte et 2 matures) et deux restes post-crâniens, une première et une deuxième phalange. Deux débris dentaires, un maxillaire gauche d’adulte mature et deux hémi-mandibules droites d’individus âgé et sénile, ainsi qu’une première phalange juvénile appartiennent aux Bovinés (probablement au bison, cf. Combier, 1967). Enfin, une extrémité distale de métatarsien et un fragment d’hémi-mandibule portant deux jugales de lait sont rapportés au chamois (1 subadulte) et un maxillaire droit portant dents lactéales et permanentes et un fragment de défense à au moins deux sangliers, un juvénile et un vieux.

Les Carnivores sont dominés par les ours des cavernes auxquels sont attribués 27 restes sur les 30 de cet ordre. Il s’agit de 21 dents isolées appartenant à 5 individus (1 juvénile, 1 jeune adulte, 2 matures et 1 vieux), de trois phalanges, d’un sacrum et d’une vertèbre indéterminée non soudée et d’une diaphyse entière de radius non épiphysée. La présence du loup, du renard et l’hyène est indiquée par trois restes dentaires, deux deuxièmes molaires inférieures droites pour les premiers et une troisième prémolaire inférieure droite pour la dernière.

Le site du RANC POINTU n° 2 a fourni un nombre d’ossements déterminables très faible composé de 24 restes de cerf, six de chevreuil, deux de bouquetin :m ;lmgbvvvvn, et un de renard. Pour les premiers nous dénombrons deux bois de massacre issus de la même bête et sept restes dentaires, 15 os longs, dont 13 proviennent de métapodes et deux d’un tibia et d’un radio-ulna et un fragment de coxal gauche. Quatre segments d’os long (2 proximaux de radio-ulnas et 2 de gouttière dorsale de métatarsien), un talus droit et une première phalange sont attribués au chevreuil, deux molaires au bouquetin et un olécrâne droit au renard.

L’échantillon étudié de LA BAUME D’OULLENS est encore plus pauvre, comportant des restes très gélifractés où seuls un grand sésamoïde de petit herbivore ainsi que trois fragments de jugale de Cervidé et d’Equidé ont pu être reconnus.