Récupération de la moelle

Etude de la fracturation anthropique

Riche en protéines et en acides gras insaturés, la moelle jaune contenue dans les diaphyses d’os longs des herbivores a été régulièrement consommée par les hommes du Paléolithique. L’analyse de la fracturation a été conduite à la lumière de l’étude expérimentale sur des os longs de bœuf effectuée par J.-Ph. Brugal & A. Defleur (1989a), de l’étude sur la fracturation des os de bisons à Mauran (Haute-Garonne) faite par C. Farizy & F. David (Farizy et al., 1994), de celle de F. Delpech & P. Villa (1993) sur les bouquetins des Eglises, de celle de P. Anconetani & J. Rosell Ardevol (1998) sur les herbivores de l’Abric Romani (Capellades, Barcelone, Espagne) et de mes propres expérimentations. La fréquence et la localisation des fractures et des encoches de percussion (ou points d’impact) ont été notées pour chaque segment anatomique. Etudier la fracturation sur os frais pour chaque type d’os permet de voir si certaines parties ont été plus exploitées que d’autres pour leur moelle. Nous n’avons pas calculé les taux de fracturation par portions d’os longs, comme nous l’avons fait pour les marques de boucherie, mais pour l’os entier. L’analyse du degré de fracturation et de la localisation des points d’impact est effectuée seulement pour les os long, les mandibules, et les os courts des articulations, et ce de façon séparée pour chaque herbivore et chaque ensemble stratigraphique. Ces parties sont celles qui renferment la moelle jaune, graisseuse, située pour les os longs exclusivement dans les parties diaphysaires. La moelle rouge est quant à elle localisée au niveau des épiphyses et des os plats et spongieux. Malheureusement, sur les os du crâne, du squelette axial et des ceintures, il est trop difficile de décompter précisément les cassures naturelles de celles engendrées par les hommes. Seul l’emplacement des traces de percussion indéniables est décrit et discuté.

Les traces répertoriées comme impacts d’outils lithiques dans notre analyse sont parmi les plus nombreuses inventoriées dans les études précédemment citées :

  • Des encoches avec bulbe négatif
  • Des cupules d’écrasement avec détachements du cortex cortical ou médullaire des diaphyses
  • Des traces profondes à section en V

Dans les sites à accumulations et à modifications principalement humaines des Peyrards, de Saint-Marcel et du Maras, toutes les cassures sur os frais, et pas seulement celles associées à un ou plusieurs points d’impact, ont été attribuées à l’action des Néanderthaliens. Pour l’ensemble F de Payre et les petits sites de Balazuc, de Flandin, des Pêcheurs et du Figuier, j’ai suivi la démarche entreprise dans le chapitre 4.2.2., qui prenait en compte comme éléments fracturés par l’homme seulement les os dénués de toute trace de morsure et comportant une ou plusieurs encoches de percussion.