Exploitation humaine des proies principales

Dans l’ensemble F de PAYRE, les ossements striés sont moins abondants que dans les deux assemblages précédents. Bien que toutes les espèces rapportées dans la grotte, à l’exception des sangliers et des chamois, témoignent de leur exploitation par les Néanderthaliens, les proportions d’os marqués varient selon les animaux. Les petits herbivores tels que les chevreuils et les tahrs comptent seulement 6,8 % et 6 % de leurs ossements qui sont incisés, tandis que les chamois et les sangliers sont totalement dépourvus de stries de boucherie. Les restes de chamois ont par contre permis de mettre en évidence l’action des Carnivores. Les ossements de cerf, de Bovinés et d’Equidés en livrent quant à eux entre 15 % et 20 %, tandis que pour ceux des espèces plus rares, comme les Rhinocérotidés, les daims, les mégacéros et les Proboscidiens, les proportions oscillent autour de 13% pour les deux premiers et entre 18 % et 25 % pour les derniers. Partout la décarnisation des meilleurs morceaux prouve l’accès privilégié que les hommes ont eu aux carcasses de ces herbivores. Cette étape est celle qui a laissé le plus de témoins sur les surfaces osseuses. Le désossement concerne non seulement les parties très charnues, mais également des zones moins fournies telles que le crâne ou les zeugopodes. D’autres opérations comme l’écorchement ou la mise en pièces, quoique celle-ci soit assez mal représentée par rapport au nombre d’épiphyses présentes, ont été également évoquées par les marques d’outils laissées sur les os.

Dans cet assemblage où les Carnivores ont eu leur part du repas, seuls les fragments à fractures sur os frais possédant un ou plusieurs points d’impact et dépourvus de traces de morsures ont pu être associés à une fracturation humaine. Chez tous les herbivores précédemment cités, à l’exception des chamois et des sangliers, plusieurs de ces fragments se sont révélés présents, attestant incontestablement d’opérations de récupération de la moelle et de mises en pièces. La présence conséquente des épiphyses et des morceaux du tronc contraste franchement avec ce que nous observons à Saint-Marcel et aux Peyrards. Dans cet assemblage la récupération de la graisse osseuse ne semble donc pas avoir été pratiquée par les Néanderthaliens.

Face à la proportion importante de petits fragments diaphysaires (< 2 cm) témoignant d’une chauffe, à savoir 21,8 %, tout le reste de l’assemblage apparaît très pauvre en os brûlés, partout moins de 7 % pour les autres catégories de refus de tamis et 0,3 % seulement pour les os déterminés et les esquilles ≥ 5 cm (11 restes). L’utilisation des os comme combustible ou l’abandon des déchets de boucherie dans les foyers ont donc été des pratiques peu courantes.

La série des retouchoirs de l’ensemble F de Payre est très réduite, forte seulement de 15 artefacts pour un peu plus de 4000 restes. Leurs plages sont parmi les plus étendues et les plus intensément entaillées de toutes les séries. La plupart des artefacts ont été obtenus à partir d’os longs de grands, voire de très grands herbivores. Equidés, Bovinés, Rhinocérotidés et Proboscidiens rassemblent la plupart des fragments déterminables. Seuls 3 sur 15 ont pu être attribués à des moyens herbivores.

A la BAUME FLANDIN, les témoins du passage des hommes sont fréquemment observés sur les carcasses de cerf, qui en comptent 33,3 % sur la terrasse et 46,9 % dans la salle. Des marques laissées suite à des opérations de décharnement, de mise en pièces et d’écorchement ont toutes été observées. Pour les autres espèces, le cheval et le chevreuil ont chacun un seul reste strié dans la couche 3 de la terrasse, le premier un troisième métatarsien témoignant du dépouillement, et le second un fémur avec plusieurs longues stries provenant de la découpe de la viande en filets. Les restes de Bovinés n’ont révélé que des traces de morsures de Carnivores.

Pour ce qui est des restes qui ont des fractures sur os frais, sur les trente attribués au cerf, huit comportent des points d’impact prouvant l’action des Néanderthaliens. Il s’agit principalement d’os longs fracturés pour leur moelle jaune. Seul un calcanéum brisé au niveau de son processus coracoïde révèle une autre opération, sans doute la désarticulation du tarse par percussion. Une diaphyse humérale de chevreuil présente également une encoche d’origine anthropique.

Les rares os brûlés provenant des niveaux de la terrasse et de la salle (deux os déterminés de cerf et de cheval et quatre petits os carbonisés) permettent seulement de témoigner de la présence de foyers, preuve parmi d’autres du passage des hommes dans cette Baume.

Cinq fragments de diaphyse médiale de cerf présentent des plages de retouchoirs.