Exploitation humaine des proies marginales

Dans la grotte des Barasses à BALAZUC, les os de bouquetin, proie principale rapportée à la grotte, comptent seulement 2 % (17/843) de restes striés. En revanche, les os de cerf ont été exploités pour 32,4 % (11/34) d’entre eux, ceux de renne pour 15 % (3/20) et ceux de Bovinés pour 18,2 % (2/11). Les rares restes de cheval et de chevreuil en sont dépourvus. Pour le bouquetin nous dénombrons 12 os longs striés, principalement des canons, et cinq côtes. Le dépouillement et le décharnement de quelques rares animaux sont donc attestés. La répartition au sein du squelette de ces rares os incisés soutiendrait plus l’hypothèse de récupération de charognes que celle d’accès primaires à des proies abattues. Pour le cerf, on a pu observer le désossement d’épaules et de cuisses sur treize fragments d’os longs, ainsi que l’enlèvement des peaux sur quatres canons. Le renne présente également des traces de dépouillement sur deux métapodes et sur un talus. Enfin, les Bovinés ont fourni un tibia avec des marques de décarnisation et une hémi-mandibule avec des marques de découpe de la langue. Un calcanéum de jeune bouquetin issu des couches profondes 4-5-6 présente plus d’une vingtaine de courtes stries provenant d’opérations de récupération des tendons ou de désarticulation du tarse. A l’image de ce que nous avons pu obtenir en ce qui concerne les ossements striés, les proportions des os de cerf portant des fractures sur os frais associées à des points d’impact anthropique sont les plus importantes (57,1 %), devant celles des os de renne (37,5 %), des Bovinés (33,3 %), puis en dernière place des bouquetins (17,6 %). Les proies secondaires ont donc été plus affectées par l’action bouchère des Néanderthaliens que l’espèce dominante, ayant sans doute subi des accès privilégiés à leurs carcasses, ce qui n’a pas dû être le cas pour celles des bouquetins, dévorées en premier lieu par les loups. Aucun os ne présente de traces indéniables de passage au feu, et comme autre preuve de l’action humaine sur l’assemblage osseux, aux stries nous pouvons ajouter trois retouchoirs en os. Mais là encore, les os utilisés sont ceux d’un cerf et de deux grands herbivores, les os de bouquetins ayant été négligés.

A l’abri des PECHEURS, seuls 4 % (4/99) des restes déterminés de bouquetin ont permis d’observer des marques de boucherie. Il s’agit exclusivement de traces de décarnisation. Un olécrâne de cerf, sur les trois os déterminés appartenant à cette espèce, témoigne de la désarticulation du coude. Deux os seulement, un de bouquetin et un de renne, portent des marques de percussion. La présence d’au moins un foyer a été révélée à la fouille, mais aucun retouchoir n’a été recensé. Dans cet assemblage, les traces illustrant une action humaine sur les os de bouquetin sont extrêmement rares, rejoignant ce que nous avons pu observer à Balazuc.

A la grotte du FIGUIER , deux os striés de renne, ainsi qu’un de cerf et un de cheval, ont prouvé l’action bouchère des hommes sur l’assemblage osseux. La récupération de la moelle des os longs a été attestée au moins sur une extrémité distale de tibia de Cervidé indéterminé. Les hommes ont laissé derrière eux un fragment de tibia de renne portant deux plages de retouchoirs, mais aucun reste brûlé ne témoigne de la présence de foyers.