1. 2. La continuité référentielle et la hiérarchie des expressions anaphoriques

La continuité référentielle peut être mesurée de plusieurs façons : la distance référentielle (i. e. le nombre de propositions entre deux mentions d’un référent), le changement de référent (si deux propositions successives ont ou non le même référent comme argument) et l’interférence potentielle (i. e. le nombre de référents sémantiquement compatibles dans les dernières propositions). La distance référentielle induit une hiérarchie des expressions anaphoriques (Givón, 1992). À l’extrémité la plus haute se trouvent les anaphores zéros, pour lesquelles la distance avec l’anaphore précédente est la plus faible, cf. (35). À l’autre extrémité se trouvent les groupes nominaux définis répétés, comme the man dans (34), qui sont utilisés quand la distance avec l’anaphore précédente est la plus importante. Entre ces deux extrêmes se situent les pronoms, accentués ou non, les noms définis ou ceux qui ont un modifieur. Cette hiérarchie ressemble beaucoup aux échelles proposées par Levinson (1987b) ou par les théories sur l’accessibilité (pour une représentation de ces hiérarchies, voir Chapitre 2, sections et , Ariel, 1990 ; Gundel et al., 1993).

La taille morphologique des expressions référentielles induit par ailleurs une hiérarchie (Givón, 1983) du caractère marqué de ces dernières (markedness). En effet, les expressions référentielles comme les groupes nominaux fournissent plus d’informations et sont plus marquées que des expressions référentielles courtes.

Il ressort de la hiérarchie proposée que la forme des expressions référentielles et surtout leur taille permet d’indiquer les niveaux d’accessibilité (Apothéloz, 1995 ; Givón, 1983, 1992). Plus l’anaphore est phonologiquement courte (anaphores zéros, pronoms non accentués), plus la distance avec la mention précédente du référent est courte, c’est-à-dire que ce référent est hautement accessible. L’inverse est par ailleurs vrai : un groupe nominal avec un article défini est phonologiquement plus long et est utilisé quand l’entité référée n’est plus accessible (34), par rapport à un pronom.