2. Le relativiseur

Un relativiseur est un marqueur anaphorique (Hemforth et al., 2000). Contrairement aux autres expressions référentielles comme un nom ou un pronom, un relativiseur fait nécessairement référence à une entité de la proposition précédente, la proposition principale.

Il est difficile d’appliquer directement les prédictions de la centering theory (Grosz et al., 1983, 1995) au traitement d’un relativiseur, car cette dernière s’attache tout particulièrement à expliquer les relations anaphoriques entre énoncés ou phrases, mais aussi parce qu’elle formule des règles sur la pronominalisation. Néanmoins, cette théorie est intéressante puisqu’elle explique les difficultés de traitement rencontrées si l’anaphore est plus informative, d’après la cohérence, ici la hiérarchie des Cf et le Cb ; c’est l’effet de repeated name penalty. Celui-ci est observé dans les expériences en compréhension (Gordon & Chan, 1995 ; Gordon et al., 1993) et résulte de la différence de difficultés entre le traitement d’une anaphore nominale et d’une anaphore pronominale, mais ne peut guère être utilisé dans le cas des propositions relatives.

Si l’on émet l’hypothèse qu’un relativiseur se comporte comme un pronom (Hemforth, Konieczny, & Scheepers, 1996, cité par Frazier & Clifton, 1997), il fait alors référence à l’entité la plus proéminente du discours. Cette hypothèse permettrait d’expliquer la préférence d’attachement pour N1 quand la proposition relative est précédée d’une structure « N1 de N2 » dans des langues comme le français.

Un autre facteur pourrait aussi influencer la préférence pour N1. En effet, le degré d’enchâssement plus important pour N2 rend ce dernier moins accessible (Cornish, 2000) et favorise un attachement vers N1, plus saillant. Une telle hypothèse s’oppose à la notion de modifiabilité proposée par Thornton et al. (1999), selon laquelle N1, modifié par N2, a moins de chance d’être à nouveau modifié, par la proposition relative cette fois.